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L'agro-écologie sur les bancs de l'école

A l'occasion de la rentrée scolaire, le ministre de l'Agriculture est venu présenter ses priorités pour l'enseignement agricole au lycée d'Amiens le Paraclet.

Stéphane Le Foll, en compagnie de Godfrey Browne, directeur du Paraclet, et entouré des élus, écoute les explications de Michel Bellanger, directeur de l'exploitation du lycée, sur les démarches "agro-écologiques" qui ont été engagées au Paraclet.
Stéphane Le Foll, en compagnie de Godfrey Browne, directeur du Paraclet, et entouré des élus, écoute les explications de Michel Bellanger, directeur de l'exploitation du lycée, sur les démarches "agro-écologiques" qui ont été engagées au Paraclet.
© AAP

Plus de trente après y avoir été étudiant en BTS Tradicopa (transformation, distribution et commercialisation des produits agricoles, Stéphane Le Foll est revenu au lycée agricole du Paraclet, près d'Amiens, cette fois en tant que ministre de l'Agriculture. Le 4 septembre dernier, il est allé à la rencontre des élèves et enseignants de l'établissement. Une visite, en cette période de rentrée scolaire, motivée surtout par le fait que l'établissement s'est engagé dans une démarche qui s'inscrit bien dans le projet d'agro-écologie que le ministre ne cesse de prôner depuis son arrivée rue de Grenelle. Un projet inscrit dans sa loi d'avenir de l'agriculture et qui, l'a-t-il répété, entend "associer la performance économique et la performance écologique avec ses conséquences sociales".

Créer une dynamique au lieu de règlementer
La conviction de Stéphane Le Foll est que mettre des normes et des règlements pour intégrer la dimension environnementale dans l'agriculture n'est pas la bonne solution. "On est sur ne pas atteindre l'objectif du Grenelle de réduire de 50% l'utilisation des produits phytos d'ici 2018, car on reste sur les mêmes modèles de production. Ce qu'il faut, c'est créer une dynamique qui amène les agriculteurs à changer d'eux-mêmes progressivement leurs pratiques car ils y trouveront leur intérêt", a-t-il affirmé devant les élèves du lycée. Dans la pratique, ce changement consiste à s'appuyer davantage sur des mécanismes naturels pour moins traiter, moins travailler le sol... Avec à la clé des économies de coûts de production. "3 tonnes de vers sur un hectare remuent 270 tonnes de terre jusqu'à un mètre de profondeur, c'est mieux qu'un labour", a illustré le ministre.

Enseignement expérimental
"Pour nous, l'agro-écologie c'est un moyen de faire réfléchir les élèves, d'expérimenter et d'innover", a indiqué Michel Bellanger, le directeur de la ferme du lycée, en présentant les démarches et pratiques qui y sont développées. Des propos appuyés par le ministre, soulignant "le caractère expérimental" de l'enseignement agricole et "le rôle essentiel des exploitations des lycées agricoles pour l'accompagnement de la transition agro-écologique", l'un des principaux enjeux de cette rentrée dans l'enseignement agricole.
"On doit faire évoluer la pédagogie : enseigner autrement, chercher autrement, produire autrement et surtout développer autrement. Le savoir et la technique ne valent que si on a la capacité de les diffuser à l'ensemble des agriculteurs", a insisté Stéphane Le Foll.

Deux BTS agricoles rénovés
La mise en œuvre du plan «Enseigner à produire autrement» préparé au printemps 2014 est l'une des priorités du ministère pour cette rentrée. Il doit permettre de porter l’agro-écologie dans les lycées. Ainsi deux BTS ont été modifiés : il s’agit du Btsa Acse (analyse, conduite et stratégie des entreprises agricoles) et du Btsa Darc (développement de l’agriculture des régions chaudes) qui seront donc délivrés dès 2016 aux étudiants de ces filières. «Les “nouveaux référentiels” permettent davantage de souplesse et d'initiatives aux enseignants pour adapter les référentiels nationaux aux contextes locaux», commente Christophe Dempierre, chargé de mission animation développement des territoires à la Draaf de Picardie.
Autre mesure concrète de ce plan, le déploiement des programmes de formation des personnels des établissements (enseignants, responsables d’exploitation….).

Appui régional
Stéphane Le Foll a aussi insisté sur la nécessité d’un appui régional à la hauteur : «Les initiatives de tous les établissements doivent être animées et coordonnées, dans le cadre d’un programme régional qui est en cours d’élaboration dans chaque région, sous la responsabilité de la Draaf». À ce propos, Christophe Dempierre, indique que «la région Picardie s’est lancé en janvier 2013 sur le sujet avec l’Inra, Agrotransfert Ressources et Territoires, le conseil régional de Picardie, la chambre régionale d’agriculture….». Le message du ministre sur la mission des lycées agricoles et des Draaf pour la transition agro-écologique a bien été entendu.



5 000 élèves en Picardie

L'enseignement agricole rassemble au total quelque 171 300 élèves dans l'enseignement technique, 16 500 étudiants, 37 700 apprentis et 245 000 stagiaires.Pour la Picardie, les premières estimations des effectifs pour la rentrée 2014, donnent 5 000 élèves dont 528 étudiants. On constate une baisse globale de 3% de ces effectifs, baisse qui est le fait des établissements des différentes familles du privé, alors que le public enregistre une hausse de 3%. Quant aux apprentis, l'an dernier, leur nombre s'élevait à 1 500. L'enseignement agricole se distingue par un fort taux de réussite aux examens, plus de 84%, mais aussi un fort taux d'insertion professionnelle pour ses diplômés, plus de 85% trouvent un emploi à sa sortie. "C'est un enseignement d'excellence", a souligné Stéphane Le Foll lors de sa visite au Paraclet. "Et il débouche sur des métiers passionnants en rapport avec le vivant et la nature", a-t-il ajouté.


Zoom

La Frsea Picardie sera reçue au ministère de l’Agriculture

Quand le ministre de tutelle des agriculteurs se déplace dans une région, il est de coutume pour les syndicats agricoles de solliciter une rencontre.
Aussi, Michel Lapointe, président de la Frsea Picardie et Laurent Degenne, président de la Fdsea de la Somme, ont logiquement demandé à rencontrer Stéphane Le Foll à l'occasion de sa visite au Paraclet. Le rendez-vous leur a été refusé pour raison d’emploi du temps surchargé du ministre. Par contre, une rencontre avec Annick Baille, conseillère du ministre sur l’enseignement agricole, était possible, mais uniquement pour échanger sur les sujets liés à la formation des élèves car c’était le but du déplacement ministériel. Michel Lapointe a fait part de son mécontentement à travers une lettre ouverte au ministre (voir notre édition du 5 septembre dernier). Les représentants du ministre se sont néanmoins engagés à caler une rencontre entre Philippe Mauguin, directeur de cabinet de Stéphane Le Foll, et la Frsea Picardie à Paris.
Pour préparer cette rencontre, Annick Baille, a reçu une délégation de la Frsea au Paraclet.
Les sujets évoqués étaient principalement d’ordre économique (conjoncture, réforme de la PAC qui impacte très fortement la Picardie, programme de développement rural).
Laurent Degenne a mis en avant l’importance d’un accompagnement financier des exploitations pour investir et moderniser. «Le plan de compétitivité et le programme de développement rural doivent être impérativement mobilisés pour cofinancer des investissements, sur le même modèle que le plan sucre il y a quelques années», a-t-il expliqué. «On l’a vu lors du plan sucre : en injectant 1 euro dans la modernisation, ce sont 7 euros qui sont drainés dans l’économie locale pour rendre les filières performantes et plus compétitives».
Concernant la directive nitrates, Laurent Degenne a rappelé l’opposition de la Fdsea à un nouveau zonage dans le département de la Somme. Sur l’application du cinquième programme dans les zones vulnérables, les représentants de la Frsea ont demandé une simplification, un retour au bon sens, particulièrement sur les calendriers d’épandage des effluents d’élevage.
Et sur la formation, puisque c’était le thème de la journée, Marc Hossart, représentant des Jeunes Agriculteurs de la Somme, a pointé l’incohérence entre la volonté politique de promouvoir l’apprentissage et la nouvelle réglementation sur les travaux dangereux qui touche particulièrement les apprentis mineurs. Annick Baille a souligné que le ministre est bien conscient du problème. «Une grande réunion doit avoir lieu sur le sujet au ministère le 16 septembre», a-t-elle précisé.
La conseillère du ministre a bien pris note des questions de la Frsea. Les réponses sont attendues lors de la rencontre avec le directeur de cabinet du ministre… A suivre.
Stéphanie Doligez

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