Lait : des résultats économiques stables dans la région
«À de rares exceptions, les résultats techniques et économiques observés évoluent peu d’une campagne sur l’autre. Le prix du lait se maintient, la productivité laitière progresse en zone herbagère et le coût du carburant se renchérit», constate Inosys réseaux d’élevage.
Inosys réseaux d’élevage est un observatoire de quarante exploitations laitières réparties dans la région Hauts-de-France. Ce dispositif se doit d’être représentatif de la diversité des modes de productions et des conditions pédoclimatiques. Par conséquent, il regroupe des éleveurs laitiers, spécialisés ou disposant de plusieurs ateliers, éventuellement engagés dans un cahier des charges (AOP, BIO) ou encore équipés de robot de traite. Les producteurs collaborent pour une durée minimum de trois ans. Dans une majorité de cas, cette période d’analyse se prolonge, ce qui permet de suivre les trajectoires des exploitations. Les chambres d’agriculture réalisent le suivi auprès des exploitants et l’Institut de l’élevage assure l’animation du dispositif.
Groupe robot : attention au coût alimentaire
Les résultats techniques et économiques se maintiennent à un niveau proche de la campagne précédente malgré des conditions météorologiques plus ou moins propices aux productions fourragères. La productivité moyenne des vaches laitières (lait/VL rééquilibré à 7 %) s’échelonne de 4 500 l en système bio à plus de 8 800 l pour les conduites les plus intensives.
En système AOP, la recherche de la productivité animale est moindre. Sur cette campagne, elle dépasse néanmoins les 8 000 l/VL, grâce à une excellente qualité des fourrages. La quantité moyenne de concentrés distribués diffère également selon les orientations recherchées. Elle oscille de 400 kg/VL dans les élevages bios à près de 2 300 kg/VL pour les exploitations équipées de robot de traite.
Le coût alimentaire des systèmes conventionnels est corrélé aux quantités de concentrés distribuées. Il se situe entre 90 et 105 €/1 000 l pour les sous-groupes utilisant moins de 1 800 kg de concentré par an et par vache. Le groupe lait + cultures présentent un surcoût de l’ordre de 10 €/1 000 l. Comme l’an passé, les éleveurs équipés d’un robot de traite se distinguent par un coût alimentaire nettement supérieur, soit 122 €/1 000 l. Ces moyennes masquent des différences de performances importantes au sein de chaque sous-groupe. Au niveau des frais d’élevage, nous observons une certaine homogénéité pour les postes frais vétérinaires (12 à 15 €/1 000 l).
Les exploitations biologiques de par un recours plus systématiques aux médecines alternatives et une moindre productivité réduisent ce poste de dépense de moitié. Le coût du contrôle s’élève en moyenne à 40 €/VL.
Les exploitations avec robot de traite, de par leurs équipements, limitent le coût de ce service technique à 18 €/VL.
L’insémination artificielle est pratiquée de façon systématique en zone de polyculture (75 €/VL). En revanche, en zone élevage et dans les élevages en agriculture biologique, la monte naturelle se maintient, ce qui explique un moindre coût des frais de reproduction (50 €/VL).
Enfin, en zone élevage, les achats de paille représentent, selon le mode de logement et le choix d’approvisionnent, une charge de 30 à 45 €/VL.
Mécanisation : 600 à 750 €/ha
Les charges de mécanisation poursuivent leur progression, sous l’impulsion d’un contexte pétrolier favorable. Le coût moyen des carburants et lubrifiants s’élève à 55 €/ha en bio et atteint 100 à 130 €/ha dans les autres systèmes. Les amortissements représentent près de 40 % des charges de mécanisation. Ils impulsent depuis plusieurs années le renchérissement du poste de mécanisation. Ce phénomène s’explique avant tout par les hausses de tarif subies lors des opérations de renouvellement. Le coût global de la mécanisation se situe entre 600 et 750 €/ha pour les systèmes conventionnels. Les exploitations bios affichent un coût légèrement inférieur à 450 €/ha. Cette particularité est due à une part de pâturage plus importante et à une alimentation hivernale principalement à base de fourrages secs.
Au niveau des produits, le prix du lait payé demeure stable à 340 €/1 000 l. Les éleveurs engagés en AOP approchent les 365 €/1 000 l. Ce niveau de valorisation s’explique pour ce sous-groupe par la prime AOP et par une richesse du lait plus importante, notamment en TP. Quant aux producteurs bios, ils profitent toujours d’une offre insuffisante. Sur l’exercice analysé, le prix payé approche 475 €/1 000 l. Le poids des aides est logiquement inversement proportionnel au niveau d’intensification du système. Les exploitations équipées de robot ou avec une part importante de cultures de ventes cumulent en moyenne 28 €/1 000 l, alors que chez les éleveurs avec bœufs ou en AOP, celles-ci représentent 35 à 40 €/1 000 l.
L’efficacité économique des exploitations, quel que soit le système, évolue peu d’une année sur l’autre. Les systèmes spécialisés, AOP et lait + bœufs, dégagent un EBE hors main-d’œuvre/PB proche de 38 %. Les exploitations avec une part significative de grandes cultures se maintiennent proches de la moyenne quinquennale, soit 35 %. La majorité des exploitations suivies sont parvenues à dégager un revenu disponible par UMO supérieur à 25 000 €. Il convient toutefois de nuancer ce résultat encourageant, car plusieurs bonnes années seront parfois nécessaires pour assainir la trésorerie.