Commerce international
L'Algérie boude l'origine France
L’Algérie s’est détournée, ces derniers temps, de la France pour ses achats de produits agricoles. Quand l’histoire et la Covid notamment, impacte les relations commerciales entre les deux pays.
L’Algérie s’est détournée, ces derniers temps, de la France pour ses achats de produits agricoles. Quand l’histoire et la Covid notamment, impacte les relations commerciales entre les deux pays.
Les tensions diplomatiques avec la France ont-elles des effets sur les achats de céréales et de denrées alimentaires par l’Algérie en France ? C’est probable, même si d’autres causes, comme les prix et la qualité jouent aussi un rôle considérable. Les présidents algérien Abdelmadjid Tebboune et français Emmanuel Macron ont des relations tendues. Le premier exige des excuses officielles de la France concernant la guerre d’Algérie, le second a multiplié les bonnes intentions, via un rapport mémoriel ou l’accès aux archives judiciaires sur la guerre d’Algérie avec quinze ans d’avance (sans aucune réciprocité), mais en même temps, il a dénoncé une forme de “rente mémorielle” que jouerait le pouvoir algérien, propos qui ont offusqué le président Tebboune.
Pour arrondir les angles, le ministre des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, s’est rendu à Alger, il y a quelques jours, avec l’espoir de rétablir des relations bilatérales normalisées, auxquelles le président Tebboune se dit ouvert. Mais pour l’anecdote, lorsqu’il a été frappé par la Covid qui a nécessité son hospitalisation en Europe, le président algérien a choisi l’Allemagne alors que, d’ordinaire, ce sont les hôpitaux français qui accueillent les hauts dignitaires du pays.
Le blé : une arme diplomatique
Ces tensions ont-elles eu une influence sur les échanges commerciaux avec l’Algérie ? Il semblerait, selon les chiffres des exportations de France vers l’Algérie qui, d’après l’Agence France Trésor, ont chuté de 24 % en 2020 à 6,9 milliards d’euros (Md€), y compris sur les céréales, en repli de 8 % à 810 millions d’euros (M€). La chute s’est encore amplifiée sur les neuf premiers mois de 2021, à 400 M€ alors que les exportations françaises de céréales battent leur plein ailleurs.
Ainsi, selon France AgriMer, la France a expédié 1,1 million de tonnes (Mt) de blé depuis le début de la campagne mais le dernier appel d’offre de 800 000 tonnes de l’Algérie en novembre 2021 l’a été au bénéfice de l’Allemagne, de la Pologne, de l’Argentine et surtout de la Russie, pays avec lequel l’Algérie entretient historiquement des relations privilégiées et qui se sert de son énorme production de blé comme arme diplomatique. L’Algérie a même dégradé ses exigences de qualité, notamment en matière de dégâts d’insectes, pour obtenir 250 000 tonnes de blé russe à meilleur prix.
Certes, les cours très élevés des céréales ne sont sans doute pas étrangers à l’origine des achats, mais les tensions diplomatiques entre la France et l’Algérie ont peut-être joué un rôle. La France reste toutefois le deuxième partenaire commercial de l’Algérie et les deux pays ont des intérêts communs, à la fois stratégiques pour la stabilité de la zone, et commerciaux.