Assurance
L’assurance récolte se développe dans les grandes exploitations
Le constat dressé par Stéphane Gin, directeur assurances agricoles chez Groupama.
«De 2005 à 2011 on observe une progression moyenne de 5% par an des surfaces assurées “multirisque climatique” en grandes cultures et viticultures », assure Stéphane Gin, directeur assurances agricoles et professionnelles chez Groupama. Mais cette progression est fortement conditionnée par le niveau de subvention publique qui lui est dédié. Le cofinancement européen de la subvention de la prime d’assurance à hauteur de 65% à partir de 2010 a ainsi fait repartir à la hausse les surfaces assurées.
«Le contrat subventionné est une assurance “coup dur” qui intervient pour des événements très significatifs. Si chez de nombreux assureurs elle intervient à partir de 30% de perte et couvre la moyenne des rendements des cinq dernières années, chez Groupama ce seuil est ramené à 25% et il est possible d’acheter des garanties complémentaires non subventionnées», explique Stéphane Gin. Mais le taux de pénétration du marché reste marginal. Grandes cultures et viticulture confondues, Groupama assure en multirisque climatique environ 30% des surfaces en grandes cultures et 15% en viticulture. « Nous pensons qu’un changement de discours de la part des agriculteurs réfractaires à l’assurance récolte devrait apparaître après une année 2012 où Groupama a indemnisé près de 200 000 ha pour les ressemis de printemps dans un grand croissant est de la France suite au gel hivernal», souligne cependant l’assureur.
L’assurance pèse peu sur les coûts de production
Stéphane Gin s’est livré au calcul suivant : « si l’on ramène la prime d’assurance multirisque climatique au coût à l’hectare, celle-ci revient en moyenne à 21 €/ha en blé avant subvention, et tombe à 14 €/ha après subvention, soit 2 €/t de blé à un prix actuellement autour des 260 €/t. Pour le colza, le coût est plus élevé en raison notamment de la forte volatilité des cours observée ces dernières années. Ainsi, pour cette culture, la prime d’assurance multirisque climatique est en moyenne de 80 €/ha brut, 60 €/ha après subvention, et revient à 20 €/t de colza dont les prix tournent aujourd’hui autour des 500 €/t ».
Selon l’assureur, s’assurer en multirisque climatique sur récoltes est plus le fait des grandes exploitations, dites professionnelles - 75% d’entre elles le sont -, que des exploitations non professionnelles (le taux de pénétration est sur ce segment de 16%). Les exploitations de taille moyenne sont assurées en grêle ou en multirisque climatique sur récoltes à 49%.
Un modèle à trouver
Pour que l’assurance multirisque climatique continue à se développer, Stéphane Gin pense que les subventions sont indispensables mais il estime cependant que les réflexions sur le système de gestion des risques et des crises ne sont pas abouties. «Si les assurances récoltes se développaient plus largement, il y aurait un risque pour l’assureur en cas d’événement d’ampleur, gel ou sécheresse ; nous devrions alors faire appel à la solidarité nationale explique-t-il. Nous ne pourrons donc développer plus largement l’assurance récolte que si les conditions d’équilibre du modèle sont trouvées».