Le bio sort de sa niche
Les Français consomment des produits bio de plus en plus souvent, notamment chez les jeunes. Une tendance qui traduit un changement des habitudes alimentaires des Français plus attentifs à leur santé, à la qualité des produits et à l’environnement dont le bio porte les valeurs.
une belle progression, ce qui témoigne d’un changement des habitudes alimentaires.
Ces dernières années, le bio a connu une croissance continue et soutenue. Ce succès soulève plusieurs questions : le modèle bio peut-il s’imposer définitivement dans le paysage agro-alimentaire français ? Quels sont les leviers nécessaires à la poursuite de cette croissance ? C’est pour répondre à ces questions que l’Agence bio a mené une étude réalisée par le panel Spirit Insight auprès d’un échantillon représentatif de 2 000 Français de plus de dix-huit ans du 15 au 27 novembre 2019. Ainsi 71 % des Français consomment au moins une fois par mois des produits biologiques, un niveau stable depuis deux ans. La proportion est de 78 % chez les 25-34 ans. Ils sont 47 % à en consommer toutes les semaines contre 37 % en 2015. La part des nouveaux consommateurs de produits biologiques (depuis moins d’un an) enregistre également une belle progression, ce qui témoigne d’un changement des habitudes alimentaires. Ainsi 16 % de l’échantillon sont des consommateurs de produits bio depuis moins d’un an, et 57 % depuis moins de cinq ans. À la question pourquoi consommer des produits bio, 59 % des Français répondent par la volonté de préserver la santé, 51 % pour le goût et la qualité des produits. La préservation de l’environnement se hisse au troisième rang (45 %), loin devant le bien-être animal (34 %).
Enjeux sociétaux
Plus de la moitié des Français (58 %) ont modifié leurs habitudes alimentaires au cours des trois dernières années, 59 % pour diminuer le gaspillage, 58 % pour acheter des produits frais, 56 % pour acheter des produits de saison, 54 % pour privilégier les circuits courts et de proximité, 47 % pour cuisiner davantage et 45 % pour réduire l’utilisation de plastique et d’emballages. Les jeunes générations semblent plus attachés aux enjeux environnementaux et éthiques. Les 18-24 ans, bien plus que la moyenne des Français, jugent important d’éviter le gaspillage (61 %), de lutter contre le réchauffement climatique (28 %) et d’acheter des produits respectueux du développement durable (23 %). Les 25-34 ans paraissent, quant à eux, accorder davantage d’importance à la diminution de l’utilisation de plastique et d’emballages (40 %) et au respect de la condition animale (35 %). Quant aux séniors (plus de 65 ans), ils privilégient des produits de saison (61 %), les circuits courts et locaux (51 %), les produits ayant utilisé un minimum de pesticides (35 %), ainsi que des produits qui assurent une meilleure rémunération des producteurs (31 %). «Une préoccupation qui monte», selon Florent Guhl, directeur de l’Agence Bio.
La confiance s’érode
Il existe néanmoins quelques freins au développement de la consommation de produits bio. Le premier obstacle est le prix, pour 80 % des Français, devant le doute sur le fait que le produit soit réellement bio (66 % de nos concitoyens). D’une façon générale, l’indice de confiance quant à l’information fournie sur les produits biologiques baisse auprès de l’ensemble des Français. Il est passé sous le seuil de 6/10 (5,9 contre 6,1 en 2018). Si la tendance est également au repli chez les consommateurs de produits bio, elle se stabilise à 6,3/10. Beaucoup de Français déclarent notamment ne pas avoir assez d’informations sur l’impact environnemental et sur la santé des produits (50 %), l’origine des produits bio (48 %), la réglementation en agriculture biologique (62 %) et les contrôles (60 %).
Le boom des produits bio non alimentaires
Le développement de l’alimentation bio s’accompagne de celui des produits bio non alimentaires. Ainsi en 2019, 78 % des Français ont acheté un produit bio non alimentaire. Les produits ménagers écologiques arrivent en tête, 64 % des Français en ont acheté, devant les produits cosmétiques et d’hygiène bio (61 %), en forte progression depuis deux ans (+16 points), les produits de jardinage (44 %) et de plus en plus des textiles bio (34 %, + 10 points en deux ans).