Le Gnis réfléchit aux nouvelles attentes du consommateur
180 acteurs du monde de la semence se sont réunis à Paris, jeudi 9 avril, pour parler agro-écologie, nouvelles modes alimentaires et changement climatique.
Face à des consommateurs de plus en plus exigeants, dans une société où les attentes changent très vite, les professionnels de la semence ont débattu avec des experts de la société civile pendant toute une matinée. Le sociologue Gérald Bronner a expliqué que notre société était en train de vivre une profonde transformation quasi silencieuse : la dérégulation de l’information permise par Internet. Pour la première fois de notre histoire, diffuser une information est désormais possible pour tout le monde à un coût négligeable. Cette capacité technique inédite rencontre un réflexe bien ancré de l’être humain : la paresse.
Résultat : les informations les plus simples et les plus spectaculaires ont désormais un avantage certain sur les informations complexes qui nécessitent un effort de compréhension. Voilà pourquoi, selon lui, les théories du complot n’ont jamais connu un tel succès. Mais aussi le refus de vaccination ou encore l’intolérance au lait ou au gluten.
«Le monde occidental est devenu hypocondriaque»
La mode du sans gluten interpelle la filière semence. Alors que les vrais malades représentent seulement 1 % de la population, il y aurait 5 à 6 % des gens aujourd’hui qui se déclarent intolérants au gluten et donc refusent de manger du pain. Aux Etats Unis, le business du sans gluten a doublé en dix ans et atteint aujourd’hui le chiffre astronomique de 15 milliards de dollars par an. «Le monde occidental est devenu hypocondriaque. C’est complètement fou» constate Thierry Momont, président de la section céréales à paille et protéagineux du Gnis (Groupement national interprofessionnel de la semence).
«Nous agriculteurs avons beaucoup parlé technique dans le passé, il faut qu’on s’intéresse maintenant aux sciences sociales» a indiqué Xavier Beulin. Le président de la Fnsea était le grand témoin de cette matinée.
Les nouvelles attentes sont aussi politiques et écologiques. L’agro-écologie et le changement climatique ne sont pas des mots tabous pour les professionnels de la semence. «L’innovation variétale peut répondre aux nouvelles demandes de la société, mais il faut qu’on nous laisse travailler» demande Jean-Christophe Gouache, directeur international de Limagrain, quelques jours après le saccage d’une parcelle de colza du Geves (Groupe études et de contrôle des variétés et des semences) en Maine-et-Loire.
«Qu'on nous laisse travailler»
Pour les professionnels, les biotechnologies sont un outil utile pour faire progresser la recherche. «Je ne comprends pas qu’on veuille nous interdire la thérapie génique sur les plantes alors que l’on demande aux gens de verser de l’argent pour le Téléthon, qui est de la thérapie génique pour les enfants malades» regrette Thierry Momont.
Impliqué dans l’élaboration du plan Agriculture – Innovation 2025, le directeur général de l’Acta (réseau des instituts techniques agricoles) Philippe Lecouvey a quant à lui fait part d’un souci : «Arriver à dire que les biotechnologies ne sont pas associées aux OGM».