Le Label Rouge, une piste pour mieux valoriser les viandes
L’assemblée générale de la section bovine de la FDSEA de la Somme accueillait en ce début de semaine le directeur d’Interbev Hauts-de-France, Jean-Jacques Henguelle, pour un échange sur le rôle du Label rouge dans la recherche de plus-value.
L’assemblée générale de la section bovine de la FDSEA de la Somme accueillait en ce début de semaine le directeur d’Interbev Hauts-de-France, Jean-Jacques Henguelle, pour un échange sur le rôle du Label rouge dans la recherche de plus-value.
Et si le Label Rouge était «the» outil qui permettrait aux éleveurs bovins de races à viande de mieux valoriser leurs animaux ? Du côté des éleveurs, il ne fait aucun doute que l’attente est grande, ces derniers se considérant toujours comme des parents-pauvres des tentatives gouvernementales pour donner plus de valeur aux productions agricoles (loi Egalim, future Pac…). Pour y répondre, Interbev, l’interprofession des viandes, met en avant le Label Rouge avec une promesse : gagner des parts de marché sur le segment «haut de gamme» ; ce qui devrait être synonyme d’une meilleure valorisation. Pourquoi le Label Rouge et pas un autre ? «Parce qu’il est certifié par un organisme de contrôle, qu’il répond à un cahier des charges, qu’il y a un potentiel de production et qu’il est connu des consommateurs», expliquait lundi dernier le directeur d’Interbev Hauts-de-France, Jean-Jacques Henguelle. «L’idée du Label Rouge est bien d’avoir une production différenciée au rayon boucherie et d’en tirer une plus-value», poursuit-il. Pour favoriser son développement, le cahier des charges du Label Rouge pour les viandes bovines a été «toiletté», avec désormais deux critères majeurs : une alimentation des animaux garantie sans OGM (et sans huile de palme) et une autonomie alimentaire du troupeau de 80 % avec une durée minimum de pâturage. La prise en compte du bien-être animal n’y figure pas, «mais elle pourrait l’être à terme», prévient M. Henguelle. La contractualisation est, quant à elle, rendue obligatoire : «À partir du moment où il y a des contraintes supplémentaires, cela est logique», poursuit le responsable d’Interbev Hauts-de-France. Pour vanter la qualité des animaux entrant dans une démarche Label Rouge, une vaste campagne de communication «grand public» a été lancée sous le slogan «Le plaisir de manger mieux».
Fonction des débouchés
Pour prétendre à une entrée dans la démarche Label Rouge, Interbev Hauts-de-France conseille aux éleveurs «de se rapprocher de son acheteur». Lorsqu’il s’agit d’une organisation de producteurs – association ayant le statut d’OP ou coopérative, «c’est elle qui évaluera si cela est jouable ou pas pour un éleveur», indique Jean-Jacques Henguelle. Toutes les races de type «viande» sont éligibles au Label Rouge. Chez Cobevial, la priorité reste encore donnée aux animaux de race Blonde d’Aquitaine et Limousin. «Si nous avons des débouchés, nous pourrons proposer d’autres races, mais on ne veut pas engager nos éleveurs avant d’en être sûr», témoigne Hélène Foure, technicienne bovine de Cobevial. En ce qui concerne le niveau de rémunération des éleveurs, elle l’affirme : «Comme tous les contrats que propose la coopérative depuis trois ans, on tient compte d’un indicateur de coût de production qui est régulièrement révisé.»
Chez Élvea Hauts-de-France, l’engagement dans la démarche Label Rouge n’est pas nouveau. L’association d’éleveurs est, en effet, l’animatrice de l’ODG du Label Rouge Blanc Bleu qu’elle a contribué à remettre sur pied. Elle propose également des contrats Label Rouge pour la race limousine et, depuis peu, un Label Rouge «multi-races», avec un accent porté sur la race blonde d’Aquitaine. Pour le directeur d’Élvea Hauts-de-France, Guillaume Perdriel, «les choses avancent. Il faut qu’on lance la mécanique».
Priorité à l’approvisionnement local
Chez les distributeurs, l’intérêt pour le Label rouge serait croissant, à en croire Interbev Hauts-de-France : «La demande est là chez les enseignes Carrefour, Cora, Auchan, détaille Jean-Jacques Henguelle. C’est plus timide chez Leclerc et Intermarché, mais la majeure partie des enseignes y réflechissent.» Chez les artisans-bouchers, le Label Rouge serait aussi en train de «faire son trou», aidé par des ambassadeurs. Reste que la limite au développement du Label serait encore l’origine régionale : «Certaines enseignes préfèrent attendre d’être en capacité de proposer des animaux de la région», explique-t-on chez Interbev Hauts-de-France tandis que les éleveurs attendent, eux aussi, des garanties.