Le moral des agriculteurs au scalpeur
Pour trois exploitants sur cinq, l’année 2019 aura été «bonne» ou «plutôt bonne» d’après une enquête d’opinion réalisée auprès de 650 agriculteurs de la région Hauts-de-France. Ils sont en revanche moins optimistes pour 2020.
«Bonne année... et à l’année prochaine». Comment l’année 2019 a été perçue par les agriculteurs des Hauts-de-France ? Quels sont les sujets qui les préoccupent le plus et comment abordent-ils l’année 2020 ? Pour le savoir, et tenter d’établir une représentation du moral des exploitants de la région, la Chambre d’agriculture des Hauts-de-France a publié il y a quelques jours les résultats d’une enquête réalisée auprès de 650 agriculteurs. Dans les grandes lignes, celle-ci révèle ainsi que trois agriculteurs sur cinq considèrent que l’année 2019 a été «bonne» ou «plutôt bonne». Pour 45 % des répondants, la situation économique est ainsi restée la même qu’en 2018. Pour 27 % des sondés, elle s’est en revanche améliorée. En additionnant les chiffres des agriculteurs pour qui la situation économique est «bonne à plutôt bonne», on obtient un résultat de 58 %. Elle est en revanche «plutôt mauvaise» chez 35 % d’entre eux et «mauvaise» pour 7 % des agriculteurs.
Des différences en fonction des filières...
Le sentiment d’amélioration de la situation économique se retrouve particulièrement chez les éleveurs de porcs – 53 % estiment avoir vécu une meilleure année 2019 que 2018 –, les producteurs de lait ou encore les producteurs de pommes de terre qui ont vécu chacun des hausses de cours. 90 % des éleveurs de porcs interrogés jugent ainsi leur situation économique bonne ou plutôt bonne en 2019 contre une moyenne régionale de 58 %, toutes productions confondues. Chez les maraîchers, ils sont 67 % à le considérer, contre 66 % chez les producteurs de légumes de plein champ, 65 % des producteurs de lait et de pommes de terre. Les producteurs de betteraves font quant à eux grise mine, au point de les retrouver (30 %) parmi ces agriculteurs qui estiment avoir vécu une plus mauvaise année 2019 que 2018. Dans cette catégorie, on retrouve également les éleveurs des filières viande – exception faite de la filière porcine –, et les producteurs de céréales.
...et des tailles d’exploitations
De la taille des exploitations dépendrait aussi la situation économique et la perception que l’on en a. D’après l’enquête de la Chambre d’agriculture, on remarque ainsi que la situation économique est inversement corrélée au nombre d’hectares. À titre d’exemple, alors que 63 % des agriculteurs exploitant entre 50 et 100 hectares considèrent avoir passé une bonne ou plutôt bonne année 2019 sur le plan économique, ils ne sont que 46 % à le considérer lorsqu’ils exploitent 200 hectares et plus.
Dans le Nord-Pas de Calais, des agriculteurs plus sereins qu’en Picardie
Alors que l’année 2019 est considérée «bonne» à «plutôt bonne» pour 58 % des agriculteurs des Hauts-de-France, une analyse plus profonde de l’enquête réalisée par la Chambre régionale d’agriculture montre des disparités entre départements. Pour faire simple, c’est dans le département de l’Aisne que les agriculteurs sont les moins nombreux à considérer que l’année 2019 (43 %) leur a été favorable, soit 15 points de moins que la moyenne régionale. Pour la chambre d’agriculture, cela pourrait s’expliquer par la prépondérance des cultures de betteraves et de céréales. Dans le département de la Somme, ils sont 59 %, contre 50 % dans le département de l’Oise. C’est donc dans le Pas-de-Calais (66 %) et le Nord (69 %) qu’on retrouve le fort sentiment de satisfaction ; deux départements où la taille moyenne des exploitations est plus petite comparativement aux autres départements des Hauts-de-France, et où les assolements et ateliers sont plus diversifiés.
Une année 2020 incertaine pour la moitié des agriculteurs
L’enquête qui s’est intéressée à la perception de l’année 2020 par les agriculteurs de la région montre d’autre part que chacun, fonction du département dans lequel il se trouve, ne l’aborde pas de la même manière, ni avec le même état d’esprit. Alors que 55 % des agriculteurs de la région estime que 2020 sera «incertaine», c’est dans le département du Pas-de-Calais que ce sentiment est le plus fort (61 %). Ailleurs, il oscille entre 48 % (Oise) et 56 % (Aisne). Dans la Somme, 13 % des agriculteurs s’estiment optimistes, contre 33 % de pessimistes et 54 % d’incertains.
L’optimisme des agriculteurs du Nord et de l’Oise s’expliquerait «par le poids de l’agriculture biologique dans ces départements, et des exploitations plus petites, du maraîchage, de l’élevage hors-sol, du lait, de nombreuses activités de diversification dans le Nord». A contrario, si les agriculteurs de l’Aisne et de la Somme sont plus pessimistes que leurs voisins, c’est en raison de la prédominance de filières qui ont particulièrement souffert en 2019.
Les problématiques liées au foncier toucheraient quant à elles les agriculteurs du Nord et du Pas-de-Calais. En résumé, si plus d’un agriculteur sur deux se déclare incertain pour 2020, on constate que ce sentiment est globalement présent dans tous les types de productions. Néanmoins, ce devrait être, comme en 2019, chez les producteurs de céréales et de betteraves que l’on devrait dénombrer la plus grande part de pessimistes, ainsi que dans les exploitations les plus grandes.