Diversification
Le pari du Paulownia pour valoriser les parcelles difficilement cultivables
Pour tirer une valeur ajoutée de ses parcelles peu exploitées, Corinne Obert mise sur la culture de l’arbre Paulownia, dont le bois est utilisé pour la décoration. L’exploitante de Tincourt-Boucly plantait ses boutures ce 31 août. Une première coupe devrait être faite dans quatre ans.
Pour tirer une valeur ajoutée de ses parcelles peu exploitées, Corinne Obert mise sur la culture de l’arbre Paulownia, dont le bois est utilisé pour la décoration. L’exploitante de Tincourt-Boucly plantait ses boutures ce 31 août. Une première coupe devrait être faite dans quatre ans.
Corinne Obert a longtemps cherché une production capable de valoriser ses petites parcelles. «La plupart de ma surface de 170 ha ne pose pas de problème. Mais j’ai tout de même quelques petits bouts par-ci par-là, ou en bordure d’habitation et donc soumis à des ZNT, ou en bordure de la Cologne (affluent de la Somme) qui ne sont pas pratiques à exploiter. À force de chercher, j’ai découvert la culture du Paulownia qui m’a paru tout à fait adaptée.» Le Paulownia est un arbre assez courant. Corinne en a même un dans son jardin. Mais sa culture est moins connue dans notre région. Une visite dans une plantation d’Avignon, où l’activité est répandue, l’a convaincue. Ce 31 août, la plantation des 2 500 plants, pour 5 ha au total, était en cours.
Premier atout : l’agricultrice a signé un contrat avec Paulemia France (Obsidian Global) qui lui sécurise son débouché. Son mari, agriculteur voisin, plantera 5 ha lui aussi. «L’entreprise imposait un minimum de 10 ha pour s’assurer une rentabilité», précise-t-elle. La plantation représente un investissement de 5 500 €/ha, en plus de l’installation d’un système de micro-irrigation sur la quasi-totalité de la surface, soit 2 500 à 3 000 €. Cet équipement est nécessaire. «L’arbre a surtout besoin d’eau à la période de reprise. Il faut compter une moyenne de 10 l par semaine et par arbre de mai à septembre.» Le demi-hectare qui n’a pas pu être équipé est un terrain assez humide. Corinne espère une belle marge. «Je table sur un revenu similaire à celui d’une bonne pomme de terre en moyenne douze ans.»
Trois coupes en douze ans
Douze ans, c’est le temps pendant lequel l’arbre restera en terre. «La pérennité de la culture est un autre atout. Après la plantation, ça ne devrait pas être très chronophage.» Cette première étape nécessite cependant de la main-d’œuvre. Trois saisonniers ont été embauchés pour cela. Après avoir décompacté chaque ligne avec un décompacteur bricolé pour l’occasion, dont une seule dent a été conservée, il s’agissait de planter les boutures une à une. «Un arbre tous les 4 m, et des allées de 4 m entre chaque ligne», précise Corinne.
La croissance de l’arbre, elle, est réputée être la plus rapide du monde. Trois ans après sa naissance, un arbre Paulownia peut mesurer 8 à 10 m. «L’arbre subit une première coupe technique la première année. Il est coupé à la base du tronc. Cela assure une repousse plus vigoureuse.» Trois ans plus tard, les troncs atteignent 25 à 28 cm de diamètre et peuvent être coupés pour être valorisés. «Trois coupes sont donc effectuées par l’entreprise en douze ans. L’entreprise s’occupe aussi du dessouchage à la fin.»
Les atouts environnementaux de cette production ont aussi séduit Corinne, dont l’exploitation est certifiée HVE3. «Les avantages de l’arbre ne sont plus à prouver.» Dans les 5 ha de pépinière, un seul sera en fait déclaré comme surface cultivée. «Entre chaque ligne d’arbres, de la fétuque a été semée. 4 ha restent donc en jachère. Au vu des exigences de la nouvelle Pac, c’est un sacré plus.»