Le plan stratégique «2025 by InVivo» signe la fin des fermes écophyto
Après les fermes écophyto-réseau InVivo place maintenant aux fermes numériques. Le plan stratégique «2025 by InVivo» prévoit la création d’un réseau de mille fermes connectées innovantes.
On a souvent tendance à qualifier les crises comme des moteurs ou encore des accélérateurs d’innovation et de développement. «Certes, nous vivons une période difficile, une période de crise pour l’agriculture française, mais justement, c’est maintenant que nous devons nous tourner vers l’avenir. Les chantiers d’avenir sont porteurs», explique Philippe Mangin, président du groupe InVivo, lors de rencontre régionale annuelle, le 7 octobre dernier, à Boves, pour les coopératives du Nord et du Centre.
Créé en 2001, InVivo est le premier groupe coopératif agricole français. Il regroupe quatre grands métiers, l’agriculture, la nutrition et santé animale, la jardinerie et, depuis un an, le métier du vin. 216 coopératives adhèrent aujourd’hui au groupe et bientôt 250 avec l’arrivée de plusieurs caves coopératives. Cette dynamique de coopération n’a jamais cessé d’évoluer depuis la création du groupe et a induit, il y a maintenant presque deux ans, le lancement d’un nouveau plan stratégique signé «2025 by InVivo».
Ligne de conduite pour les années à venir, il a pour objectif de donner à l’agriculture française et la coopération agricole la dimension stratégique qui leur revient en tant que maillon clé de création de valeur de la chaîne alimentaire mondiale. Et ce dernier porte déjà ses fruits. «Nous affichons un chiffre d’affaires de 6,4 milliards d’euros et une croissance forte de 16 % cette année. Nous l’expliquons principalement par nos activités développées vers le commerce extérieur», explique Thierry Blandinières, directeur général du groupe InVivo.
L’agriculture de demain
A travers ce plan, l’ambition du groupe est claire. Il souhaite se placer comme la tête de pont du développement de l’agriculture française en devenant leader européen de l’agriculture de précision, mais aussi d’être reconnu comme référence mondiale dans les solutions innovantes qui améliorent la compétitivité et la qualité des productions animales et végétales. Pour cela, «nous devons produire plus et mieux grâce aux nouvelles technologies», indique Thierry Blandinières.
«La révolution numérique est en marche, déroule le directeur général. Et les coopératives doivent se placer en première ligne.» Convaincu que le numérique est indispensable pour améliorer les
performances de l’agriculture française, «InVivo définit l’agriculture de précision comme la pierre angulaire de l’agriculture de demain», poursuit Thierry Blandinières. Actuellement, le premier groupe coopératif français dispose de 45 % de la base de données des fermes françaises via le rachat en 2014 de l’entreprise Smag (Smart Agriculture), qui est une sorte de Big Data agricole (base pour créer les applications numériques, ndlr).
Avec l’appui de cette dernière, InVivo vient de créer la société Be Api. «Cette société est tout simplement le reflet de la coopération des coopératives, car ce sont celles-ci qui ont investi dans cette société», dit Philippe Mangin. Be Api a été conçue dans le but d’accompagner les agriculteurs dans cette transformation de l’agriculture et de permettre d’affiner la connaissance intraparcellaire des sols pour en tirer le meilleur parti, tout en modulant les interventions et les apports d’intrants.
1 000 fermes numériques d’ici 2020
Dans la continuité de ce projet, InVivo projette, d’ici trois ans, de créer un réseau de 400 fermes numériques innovantes, puis 1 000 d’ici 2020. «Ces fermes pilotes connectées nous servirons à promouvoir l’agriculture de précision. Elles nous permettront de mettre au point de nouveaux outils, de les adapter et de les perfectionner. Ce seront des fermes d’exposition du numérique», développe Thierry Blandinières.
Trouver des fermes pionnières avec des agriculteurs tournés vers l’innovation et avides de nouvelles technologies ne va pas être laborieux pour le groupe. «Aujourd’hui, devenues presque inutiles, le réseau des fermes écophyto développé dans le passé va tout simplement basculer en fermes numériques», explique le directeur général. Rien de bien compliqué quant à l’application de ce projet. Néanmoins, une incertitude plane sur le financement de ces fermes innovantes inscrites dans la recherche et le développement. Le groupe a déjà prévu de demander une aide auprès des Régions.
Start-up, plateforme d’achat et We’nov
Au-delà de Be Api et du réseau des fermes numériques, le groupe a choisi de miser sur les start-up créatrices d’innovation agricole. Il lance des fonds de financement appelé InVivo Invest. L’objectif est «d’ouvrir la route du marché aux jeunes pousses, dit le directeur. Nous nous décrivons comme un accélérateur de start-up. La puissance de notre réseau les intéresse, car on leur ouvre les portes du monde de l’agriculture et leur apportons un réseau pour travailler avec les agriculteurs».
En parallèle, InVivo voit à travers ses projets un nouveau «business» prendre forme. En développant l’agriculture de précision avec de nouveaux outils numériques pour les agriculteurs, nul doute qu’InVivo ne tardera pas à créer une nouvelle plateforme d’achat du numérique, comme elle l’a déjà fait par le passé avec sa plateforme d’achat d’intrants lui permettant de faire face aux industriels et d’acheter au meilleur prix pour ses coopératives. «Nous y pensons et avons les moyens de le faire et assez vite», répond Thierry Blandinières.
Mais l’innovation ne s’arrête pas qu’à l’agriculture de précision. Côté nutrition et santé animale, InVivo a inauguré, en juillet dernier, à Saint-Nolff (56), son centre d’innovation dédié à la nutrition santé animale appelé We’nov. Il rassemble l’ensemble des bonnes pratiques internationales de l’élevage et permettrait de travailler ensemble sur des problématiques comme, les antibiotiques, les alternatives, etc. InVivo prévoit de créer deux autres centres dédiés à l’innovation autour de l’univers agro-digital et de l’agriculture de précision courant 2017, dont un à Reims. Rendez-vous donc au printemps prochain pour son inauguration.