Le prix du lait bio interroge à la Prospérité fermière
Dans une lettre ouverte adressée au président de la Prospérité fermière, un groupe d’éleveurs bio demandent des engagements plus forts à la coopérative quant à la valorisation du lait bio. L’entreprise leur répond.
Alors qu’une assemblée générale de la Prospérité fermière se tient ce vendredi 18 septembre à huis clos en raison du contexte sanitaire, la lettre ouverte envoyée par un collectif d’éleveurs adhérents au président de la coopérative, Serge Capron ressemble à un pavé dans la mare. Dans un courrier d’une page et demi, en date du 15 septembre, onze producteurs demandent à leur entreprise de «prendre sa part dans l’organisation de la filière bio à travers un prix reconnaissant la valeur de notre travail, une réelle stratégie de différenciation et la création d’un dialogue pérenne avec Biolait et les partenaires volontaires soucieux du développement inclusif de la bio dans les Hauts-de-France». Ces éleveurs reprochent à la Prospérité fermière de ne pas avoir suffisamment intégré le développement du lait bio dans sa stratégie d’entreprise et, du coup, de ne pas être en mesure de rémunérer le lait bio à hauteur de leurs espoirs. Pour ces éleveurs, «faire uniquement de la poudre de lait, même en bio, n’est pas une stratégie. C’est juste répondre à une demande d’un marché de commodités».
Principe de réalité
Joint par téléphone mercredi 16 septembre en fin de journée, Serge Capron assurait, à ce moment là, ne pas encore avoir eu connaissance de cette lettre ouverte. Néanmoins, il assure «ne pas rejeter les discussions avec ce groupe d’éleveurs rencontré à deux reprises avec le conseil d’administration». «Leur demande d’une meilleure valorisation a été entendu et nous continuons de travailler le sujet», affirme M. Capron. Pour lui, la première réponse de la coopérative a été d’augmenter de 0,5 cts par litre le prix de base du lait bio payé en 2020, le faisant passer ainsi à 48 centimes. Dans un second temps, le président de la Prospérité fermière évoque la mise en place d’une prime de qualité de 12 euros/1 000 litres, liée à trois critères qualitatifs. Seulement, constate Serge Capron, «cette proposition a été refusée par le groupe d’éleveurs. Aujourd’hui, les discussions se poursuivent, mais il est clair que nous ne pouvons pas payer un prix plus élevé aux éleveurs sans avoir la garantie que nous pourrons répercuter cette hausse à nos acheteurs. Si l’on veut augmenter nos prix, il faut que l’on puisse le justifier par une qualité supérieure».
Une coopérative qui accueille
Dans l’hypothèse où la prime de qualité de 12 euros par 1 000 litres venait à se mettre en place, tout en ayant la garantie d’un prix de base maintenu à 48 centimes par litre, le calcul est simple et rapide : «On dépasse les demandes du groupe», détaille Serge Capron. Enfin, pour ce dernier, le fait d’avoir accueilli dernièrement cinq producteurs livrant jusqu’à présent à une entreprise concurrente est plutôt bon signe : «Si des producteurs viennent chez nous, c’est que nous ne sommes pas si mauvais que cela. Nous devons être parmi les entreprises qui offrent la meilleure rémunération du lait bio, même s’il y en a pour considérer que ce n’est pas suffisant», conclut-il.