Le puceron vert fait déjà parler de lui
Des attaques plus précoces de pucerons verts sur betteraves relancent le débat sur l'interdiction des néonicotinoïdes et l'utilisation des molécules de substitution contre la jaunisse.
D'ici la fin de la semaine, cela fera une quinzaine de jours que les pucerons verts sont apparus dans bon nombre de bassins de production betteravière en France, et le département de la Somme ne fait pas exception.
« Dès que les premiers pucerons sont apparus, toutes les sucreries présentes dans le département ont envoyé un message d'alerte aux planteurs », rapportait en fin de semaine dernière le directeur adjoint de la CGB Somme, Jean-Jacques Fatous. « Dans quasiment toutes les parcelles qui servent de points d'observation, il y a eu besoin d'intervenir ».
Du côté de l'ITB 80, où la surveillance des parcelles se poursuit, Yohan Debeauvais confirmait dans le même laps de temps une présence de pucerons « plus importante que l'an dernier à la même époque », et un taux d'infestation proche de 95% des parcelles-témoin. Pour expliquer ce phénomène, il faut chercher du côté des conditions climatiques : « Les températures clémentes que l'on a connu pendant l'hiver puis le mois d'avril relativement chaud ont été favorables au développement des pucerons », indique-t-on à l'ITB. Mais pour la CGB, qui s'appuie sur les avis de son institut technique, « il faut évidemment y voir la conséquence directe de l'interdiction d'utiliser des néonicotinoides depuis septembre 2018 ».
Un risque de jaunisse
La conséquence d'une présence en nombre de pucerons verts dans une parcelle de betteraves est d'y voir apparaître la jaunisse ; laquelle peut être responsable d'une perte de rendement comprise entre 30 et 50%.
Pour la CGB, les conséquences économiques seraient alors « graves » pour la filière, « déjà fortement impactée par l'effondrement des marchés ».
Milieu de semaine dernière, CGB et ITB ont alerté la Direction générale de l'alimentation (DGAL) du ministère de l'Agriculture pour demander « en urgence » deux dérogations : la première pour permettre l'utilisation de la solution Teppeki (flonicamide) dès le stade 2 feuilles « afin d'apporter une réponse immédiate aux fortes infestations constatées en plaine » ; la seconde pour demander la possibilité d'appliquer Teppeki une seconde fois, « en cas de besoin pendant toute la période de sensibilité des betteraves aux pucerons verts, c'est à dire jusqu'à la couverture du sol ».
Sensibiliser les pouvoirs publics
Dans l'attente d'obtenir les dérogations demandées, la CGB appelle les planteurs « à la plus grande vigilance et à observer leurs parcelles », ainsi qu'à suivre le site « Alerte pucerons » mis en place par l'ITB.
Du côté du syndicat betteravier de la Somme, un message a été adressé en fin de semaine dernière invitant ces mêmes producteurs à partager leurs observations, de différentes manières : « Les planteurs ne doivent pas hésiter à faire savoir ce qu'ils vivent pour que les pouvoirs publics en prennent la mesure, expliquait Jean-Jacques Fatous. On n'a vraiment pas besoin de difficultés supplémentaires en ce moment... »