Le sirop de maïs américain va-t-il inonder le marché européen ?
Avec la libéralisation du marché, les industries alimentaires pourraient substituer l'isoglucose américain moins cher au sucre de betterave, ce qui selon des chercheurs multiplierait les cas d'obésité.
Une fois que les quotas sucriers auront disparu en 2017, l’industrie alimentaire européenne pourrait se ruer sur l’isoglucose (ou sirop de maïs à haute teneur en fructose) américain pour édulcorer les aliments, celui-ci étant à la fois moins cher et plus facile à utiliser. C’est en tout cas ce que redoutent certains chercheurs relayés au niveau européen par bon nombre d’eurodéputés.
Aux dires de ces chercheurs, notamment danois, cette libéralisation du marché du sucre risque de provoquer une multiplication des cas d’obésité et de diabètes, comme cela a été constaté aux Etats-Unis où le sirop de maïs à haute teneur en fructose est largement utilisé, dans la mesure où il est moins cher que le sucre de betterave et le sucre de canne.
Les betteraviers européens et notamment français qui ont déjà subi en 2001 la concurrence des pays des Balkans, en particulier la Serbie-Monténégro et la Croatie, risquent une nouvelle fois d’être mis à rude épreuve par l’abolition des quotas sucriers dans deux ans. Aux députés européens qui lui ont posé la question, la Commission européenne a répondu, qu’en ce qui la concerne, elle n’a procédé à aucune étude d’impact sur la santé, des sirops de maïs à haute teneur en fructose, mais qu’elle compte «suivre ce dossier avec beaucoup d’intérêt dans le cadre de ses efforts pour promouvoir une alimentation saine».
Une question scientifique pas encore tranchée
Vytenis Andriukaitis, le commissaire européen en charge de la sécurité alimentaire et de la santé des consommateurs, a toutefois précisé que l’Autorité européenne de sécurité des aliments (Efsa) a indiqué dans un avis de 2011 que plusieurs études récentes sur le court et long terme, qui ont procédé à une analyse comparative de la consommation de boissons sucrées respectivement avec du fructose, du glucose et du saccharose, ont montré que l’absorption d’importantes quantités de fructose (25% de l’énergie totale) provoque «des dyslipidémies, une résistance à l’insuline et une adiposité viscérale augmentée chez les sujets sains et les sujets insulino-résistants souffrant d’hyperinsulinémie». Toutefois, a ajouté le commissaire lituanien, ces effets ne sont généralement pas observés à des niveaux de consommation de fructose plus faibles (environ 40-50 g/jour en remplacement de l’amidon ou du saccharose).
La quasi-totalité du maïs cultivé aux États-Unis est génétiquement modifié, par conséquent le sirop de glucose issu du maïs sera, lui aussi, génétiquement modifié. Cela poserait également des problèmes de santé publique et d’information des consommateurs. Le commissaire européen a répondu que les «sirops de maïs produits à partir de maïs génétiquement modifié ne peuvent être mis sur le marché que s’ils ont obtenu une autorisation, après avoir fait l’objet d’une évaluation des risques ayant démontré leur innocuité. Ils doivent également porter la mention “fabriqué à partir de maïs génétiquement modifié” sur l’étiquette».