Le vêlage deux ans en race blonde est possible
En 2016, Benoît Vignon, éleveur de blondes d’Aquitaine à La Chaussée-Tirancourt, a débuté le vêlage à deux ans. Une pratique adaptée à son système, qui nécessite une certaine technicité.
En 2016, Benoît Vignon, éleveur de blondes d’Aquitaine à La Chaussée-Tirancourt, a débuté le vêlage à deux ans. Une pratique adaptée à son système, qui nécessite une certaine technicité.
Lorsqu’il s’est installé en 2008, à La Chaussée-Tirancourt, Benoît Vignon n’était pas un féru d’élevage. «Mais j’ai près de 10 ha de pâtures que je ne peux pas retourner et qu’il faut bien valoriser, alors j’ai conservé le troupeau de blondes.» En 2016, suite à la mauvaise récolte, il a fait le choix de suivre les recommandations de son conseiller à la Chambre d’agriculture de la Somme, Daniel Platel, est s’est lancé dans le vêlage à deux ans de ses génisses. Un challenge technique qui l’a motivé. «Le but était de mettre plus de génisses en production pour pouvoir vendre des vaches et apporter de l’oxygène en trésorerie. Des conditions sont cependant à respecter pour réussir, et cette pratique ne convient pas à tous les systèmes», prévient Daniel Platel.
Le système de Benoît Vignon était adapté : peu d’herbe (10 ha pour une quarantaine de vêlages par an), et des coûts alimentaires élevés, liés à la dépendance aux co-produits (pulpes de betteraves) et aux concentrés. Intensifier l’élevage est dans ce cas l’opportunité à saisir. Première étape pour permettre le vêlage deux ans : les vêlages groupés. «Cela commence en réduisant à deux mois la période de reproduction des génisses», note Daniel Platel. Alors qu’en 2008, les mères vêlaient presque toute l’année, aujourd’hui, ces vêlages sont uniquement concentrés en août et en septembre. «Comme je suis seul à la ferme, c’est une facilité d’organisation», commente l’éleveur.
Des règles à respecter
Pour que le vêlage à deux ans soit techniquement possible, il est indispensable de surveiller le poids des génisses à la loupe. «Pour être inséminées à quinze mois, les génisses doivent atteindre 60 % de leur poids adulte», précise Daniel Platel. Cela signifie, en race blonde, 1 200 g de GMQ (gain moyen quotidien) de la naissance au sevrage, soit 300 kg en moyenne à sept mois et 516 kg à quinze moins. «Mieux vaut séparer les veaux des mères et assurer une tétée soir et matin, car les jeunes mères manquent de lait. Il faut alors complémenter à volonté les veaux.» Ce GMQ est ensuite de 900 g du sevrage jusqu’au vêlage, en passant par l’insémination, pour atteindre en moyenne 760 kg au vêlage, soit 80 % du poids adulte.
Une telle rigueur nécessite la pesée régulière des génisses pour contrôler la croissance. Pour éviter le maximum de stress et permettre un rationnement adapté (2 UF de plus qu’une multipare, soit 2 kg de pulpes sèches), Benoît Vignon a fait le choix de séparer les génisses du reste du troupeau. Autre règle essentielle : les veaux devront être sevrés à six mois, pour laisser aux primipares le temps de reprendre de la croissance avant le vêlage suivant, en les plaçant dans les meilleures prairies. «C’est là que tout se joue, car si l’alimentation n’est pas suffisante, les jeunes vaches seront incapables de finir leur croissance», prévient le conseiller. Les génisses pour qui l’insémination a échoué sont vendues. «Cela permet de faire le tri sur la fécondité car, bien souvent, celles qui ne prennent pas à deux ans ne prennent pas non plus à trois ans», confie l’éleveur.
Les résultats suivent
Les résultats techniques de Benoît Vignon sont la preuve que la méthode du vêlage à deux ans tient la route. Le taux de mortalité chez les veaux dépasse rarement les 15 % par an, et la cause n’est souvent pas liée au vêlage lui-même. «Les primipares dépassent rarement la date du terme, donc les veaux ne sont pas trop gros. Il n’y a pas plus de problème pour les veaux des multipares que pour les veaux des primipares», assure l’éleveur. Les vaches, qui avaient vêlé pour la première fois à deux ans, atteignent un poids carcasse moyen de 503 kg à cinq ans (la référence étant 500 kg). Avec une marge nette de 403 E/UGB (référence de 401 E/UGB), la rentabilité de l’atelier d’élevage n’a cependant pas été augmentée depuis la mise en place du vêlage deux ans. «C’est parce que Benoit Vignon a fait le choix de ne pas augmenter le nombre de vêlages, mais plutôt de réformer plus de vaches», justifie Daniel Platel.