A l’école de l’agro-écologie au lycée du Paraclet
L’agro-écologie est devenue un incontournable dans les programmes des études agricoles. Exemple à L’EPLEA du Paraclet, à Cottenchy.
des modules.
Fini le cours de désherbage du blé en un quart d’heure, qui se résumait en la citation de trois produits phytos, il y a une dizaine d’années. Idem pour celui de l’obligation de Cipan, simple énonciation de l’obligation. Les élèves de David Boucher, formateur en agronomie depuis douze ans au lycée agricole du Paraclet, ont désormais le droit à une dizaine d’heures intenses, pendant lesquelles est dressée la panoplie de leviers qui existent en matière de désherbage et de couverts végétaux. «L’agro-écologie fait entièrement partie de nos enseignements. C’est une notion transversale, que nous faisons ressortir de manière visible à travers les modules des différents niveaux», explique David Boucher.
Les notions d’agro-écologie ont pointé le bout de leur nez dans les salles de classe progressivement. Elles s’y sont officiellement installées avec le plan «Enseigner à produire autrement», préparé au printemps 2014 par Stéphane Le Foll, ex-ministre de l’Agriculture, de l’agro-alimentaire et de la forêt. Deux BTS (le BTS ACSE, Analyse, conduite et stratégie des entreprises agricoles, et le BTS Darc, Développement de l’agriculture des régions chaudes) avaient alors été rénovés. Puis, à la rentrée 2016, elles ont aussi fait leur entrée dans d’autres référentiels, comme celui du Bac pro CGEA (Conduite et gestion d’exploitation agricole). Concrètement, une plus large place est accordée aux questions d’écologie et de biodiversité : connaissance de l’environnement, stratégie et pilotage de l’entreprise, élaboration de projets biotechniques innovants, communication avec les clients et les partenaires…
Evolution constante
Alors depuis, chaque année, David Boucher «jette les cours à la poubelle», ou presque, pour mettre à jour les contenus. «Car l’agriculture, y compris l’agro-écologie, évolue sans cesse. Et nous devons être à la page.» Une évolution qui l’incite, lui aussi, à se former pour pouvoir enseigner à son tour. «La formation se fait très facilement, auprès des organismes tels que l’Inra, les chambres d’agriculture, et des colloques sont organisés régulièrement», assure-t-il.
Pour le formateur, l’agro-écologie s’enseigne mieux lorsqu’elle est liée à l’expérimentation. Ses élèves de BTS APV (Agronomie productions végétales), par exemple, ont visité récemment l’exploitation de Guillaume Bruniaux, à Davenescourt, qui pratique l’agriculture de conservation. Leur impression : «Très intéressant !» «Il y a une vraie évolution chez les jeunes, souligne David Boucher. Je les trouve très ouverts d’esprit.»
Comme l’agro-écologie, l’agriculture durable était un terme abstrait, il y a peu, pour ces futurs professionnels. Aujourd’hui, à force de curiosité, il a intégré leur langage courant. «Lorsque j’étais en formation d’ingénieur et qu’un agriculteur bio témoignait dans l’amphi, il était moqué. Aujourd’hui, les élèves s’intéressent à toutes les pratiques.»
Le seul regret, pour le formateur, est que les pratiques innovantes qu’il enseigne, liées à l’agro-écologie, ne soient pas assez mises en valeur aux yeux du grand public. «C’est peut-être l’enjeu de cette nouvelle génération : s’approprier une bonne communication.»