Légumes : créer un statut aux producteurs
En visite dans le Pas-de-Calais le 5 février, Jacques Rouchaussé, président de Légumes de France, a réclamé l’établissement d’un régime spécifique aux producteurs
de légumes.
Découverte des Serres des Hauts-de-France (production de tomates) à Arques, d’une endiverie à La Couture, puis du Pôle légumes région Nord (PLRN) de Lorgies. Jacques Rouchaussé est allé à la rencontre des acteurs du territoire. Force est de constater qu’une problématique d’ensemble lui a été manifestée lors de ces rendez-vous : les distorsions de concurrence auxquelles les agriculteurs régionaux font face.
Situés au sein du bassin de production et du marché nord européen, le Nord et Pas-de-Calais sont confrontés aux différences de réglementations (phytosanitaires, conditions de travail, commercialisation…) qui subsistent avec la Belgique, les Pays-Bas et l’Allemagne. Une situation qui influe sur le revenu des professionnels. «Les distorsions concernant le coût de la main-d’œuvre ou le sanitaire impactent les producteurs et les desserviront toujours, déclare Jacques Rouchaussé. C’est pourquoi, en tenant compte de ces déséquilibres et des particularités du métier (pénibilité, saisonnalité, administratif…), nous devons conjointement travailler à la mise en place d’un régime spécifique. Il faut que nous obtenions un statut distinctif de producteur de légumes.»
Pour cela, le président de la fédération propose la création d’une carte de producteur dont chaque professionnel pourrait disposer. «Il s’agirait d’identifier l’exploitant agricole, de recenser sa production ainsi que ses moyens de commercialisation, explique-t-il. Cette carte, qui assurerait authenticité et traçabilité, avait déjà été testée il y a quelques années. Aujourd’hui, l’essai doit être transformé.»
L’obtention de ce statut permettrait de définir un nouveau cadre relatif au coût du travail et à la réglementation sociale. D’autant qu’en 2019, les employeurs bénéficiant de la réduction TO/DE* auront une perte de sept points de charges «et qu’aucune compensation n’est encore prévue», déplore Jacques Rouchaussé.
«Une voie royale s’ouvre devant nous»
Légumes de France se mobilise en parallèle pour faire valoir la qualité de la production. «L’excellence française, le local et le bio n’ont jamais eu autant de crédibilité, souligne Jacques Rouchaussé. La tenue des Etats généraux de l’alimentation (EGA) montre que le gouvernement est lui aussi déterminé à appliquer des mesures en faveur des producteurs. Ce ne sont que des paroles pour le moment, mais je crois que nous avons un ministre présent et à l’écoute. Pour une fois, il y a un pilote dans l’avion.»
Les représentants des professionnels des fruits et légumes comptent donc se saisir de cette occasion, d’une part, pour faire reconnaître davantage le travail des producteurs, mais aussi pour favoriser l’investissement. «La dynamique est là. Il faut maintenant l’accompagner et la nourrir du terrain, poursuit le président. C’est collectivement que la filière évoluera avec des projets de diversification et de modernisation. Elle a besoin de toutes sortes d’exploitations - petite, moyennes ou grandes - car elles sont complémentaires.»
Jacques Rouchaussé a enfin appelé les producteurs régionaux à être à l’écoute des attentes des consommateurs. «Avec cet engouement pour les produits locaux et sains, une voie royale s’ouvre devant nous, estime-t-il. Nous devons la suivre et récupérer petit à petit les hectares de légumes perdus depuis cinquante ans.»
*TO/DE : mesure d’exonérations pour les employeurs qui souhaitent embaucher des travailleurs occasionnels ou demandeurs d’emplois.