Légumes
Légumes de France, un syndicat mobilisé pour «retrouver de la compétitivité»
Légumes de France a tenu son 67e congrès annuel les 21 et 22 novembre à Agen.
Légumes de France a tenu son 67e congrès annuel les 21 et 22 novembre à Agen.
C’est dans le Lot-et-Garonne «terre de conquête et de reconquête» selon l’expression d’Alain Briffeille, président de la FDSEA 47, qu’a eu lieu le 67e congrès de Légumes de France (LDF). Un congrès qui se tenait alors que la mobilisation agricole venait de reprendre dans toute la France. «Depuis un an, il y a eu beaucoup de soubresauts, des promesses, des engagements peu suivis d’effet», constate Cyril Pogu, co-président de LDF en ouverture des travaux. «La loi d’orientation est en panne, comme la simplification, comme l’harmonisation européenne» déplore-t-il. «Nous avons besoin de retrouver de la compétitivité, le monde agricole ne peut plus attendre», insiste le maraîcher. C’est à retrouver des marges de compétitivité que s’emploie justement le Conseil d’administration de Légumes de France. Les quelques
300 congressistes ont pu le constater au moment de la présentation du rapport d’activité. LDF a ainsi obtenu de nombreuses avancées en 2024 : reconnaissance de l’agriculture comme métier en tension, pérennisation du dispositif TO-DE, un nouveau dispositif d’aides à la construction ou à la rénovation des serres, le premier depuis très longtemps…Mais il reste aussi beaucoup à faire.
«L’Europe est une passoire»
«Nous devons co-construire l’avenir de nos filières», a déclaré Arnaud Rousseau, président de la FNSEA, venu participer à ce congrès. «Nous sommes à un moment particulier pour toutes les productions, un moment de mobilisation. Ce que nous vivons n’est pas tenable», a-t-il ajouté. «Il y a trop d’incohérences, pas assez de revenu, trop d’importations. L’Europe est une passoire. Nous devons être intraitable.» Mais, constate le président «les lignes sont en train de bouger. Prenons acte de cette prise de conscience». Pour preuve de cette évolution, la proposition de loi sur la simplification co-signée par 182 sénateurs. Le texte, qui comprend de nombreuses mesures attendues par les agriculteurs sur l’élevage, sur l’eau, sur le phytosanitaire, devrait être voté par le Sénat avant la fin de l’année. Il faudra ensuite «trouver un créneau pour qu’il passe rapidement à l’Assemblée nationale», insiste Arnaud Rousseau qui souhaite que ce texte soit définitivement adopté avant le Salon de l’agriculture.
Co-président de Légumes de France, Bruno Vila a conclu les travaux par un discours clair avec onze revendications nettes et précises. «La première de nos urgences concerne les produits phytosanitaires.» Bruno Vila dénonce «la mise au pilori de la phytopharmacie qui conduit à remplacer la production nationale par de l’importation en provenance de pays moins disants». «Nous demandons l’application réelle du ‘pas de suppression sans solution’», insiste-t-il.
Parmi les autres sujets évoqués, citons la loi Agec sur l’interdiction des emballages plastiques, l’information du consommateur sur l’origine, les relations avec le Maroc, la question de l’eau ou le Plan de souveraineté fruits et légumes.
En déplacement dans le Pas-de-Calais, Annie Genevard a envoyé un message vidéo aux congressistes. Elle a notamment annoncé avoir obtenu des dérogations : 120 jours pour trois molécules indispensables à la protection des endives et des chicorées (lire en page 12). La ministre de l’Agriculture a confirmé la pérennisation du dispositif TO-DE. Elle a indiqué qu’il n’y aurait pas de nouveau décret sur l’interdiction des emballages plastiques. Quant aux relations avec le Maroc, le comité de suivi va être relancé. «Le contexte est propice à trouver des solutions concrètes», a-t-elle conclut. Elle évoquait le Maroc. Gageons que ce soit aussi le cas pour l’ensemble des dossiers.
Un congrès pris pour cible par la CR47
Vives tensions en marge du Congrès de Légumes de France le 22 novembre à Agen. Une cinquantaine de militants de la Coordination rurale locale, conduit notamment par Serge Bousquet-Cassagne, président CR de la Chambre départementale d’Agriculture, se sont massés devant le lieu du Congrès. Leur cible était clairement Arnaud Rousseau qui venait intervenir devant les maraîchers et les serristes. Serge Bousquet-Cassagne affichait son objectif : «empêcher de partir» le président de la FNSEA. L’accès au Palais des Congrès était contrôlé par un cordon de CRS. Arnaud Rousseau a pu faire, sans problème, son intervention à la tribune du Congrès de LDF (lire ci-contre). C’est au moment de son départ que les choses se sont, un peu, tendues. Après une heure d’attente, le président de la FNSEA est sorti « à la demande du préfet», a pu rejoindre sa voiture, et quitter Agen. «C'est juste des méthodes que je trouve absolument lamentables», a-t-il déclaré. «Que la FNSEA soit ciblée, ce n'est pas la première fois, mais là, que ce soit par des agriculteurs, ça m'interroge parce que ça ne fait pas avancer le projet agricole». Les congressistes ont ensuite pu quitter le lieu du Congrès, mais LDF a dû annuler une partie du programme : les visites d’exploitations qui étaient prévues le vendredi après-midi.