Les Allemands se préparent à augmenter leur production de lait
En Allemagne, l’État et certains Länder ciblent les aides publiques en faveur des ateliers de grande taille.
Premier producteur de lait européen, l’Allemagne semble offrir à ses producteurs des conditions plus favorables pour se développer qu’aux Français : les seuil pour les installations classées sont supérieurs, le niveau d’exigence en qualité du lait est moindre sur les grilles de paiements et l’équarrissage est en partie pris en charge par les pouvoirs publics. Ils bénéficient également d’un avantage fiscal important, puisqu’ils sont soumis à un régime de TVA particulier, qui leur permet de vendre à un taux de TVA supérieur à celui appliqué à leurs achats et de conserver la différence. Ils sont aussi nombreux à s’être lancé, avec des subventions, dans les énergies renouvelables, en particulier la méthanisation, qui leur offre un revenu complémentaire.
A l’aune de la sortie des quotas laitiers, en 2015, on se prépare à augmenter la production Outre-Rhin. «Les éleveurs allemands, notamment du nord, investissent dans des bâtiments, dans du cheptel», explique Gérard You, économiste à l’Institut de l’élevage. Pour ça, ils ont bénéficié de programmes de soutiens publics : «L’État et certains Länder ciblent les aides publiques à l’investissement à des ateliers de grande taille», a constaté Gérard You. Une différence d’approche par rapport à la France, qui a fait bénéficier de ses enveloppes d’aides à la modernisation des bâtiments avec des critères très larges, ce qui permet à beaucoup d’exploitations d’en bénéficier, mais de toucher moins par exploitation.
Méthanisation à double tranchant
La méthanisation, qui consiste à créer de l’énergie à partir des déjections animales, est parfois regardé avec envie par les éleveurs français. «La politique énergétique allemande a eu un effet incitatif à investir dans des unités de méthanisation. Dans des exploitations laitières, lorsqu’il y a eu une crise en 2009, la méthanisation a permis d’amortir le choc, car c’est une activité contractualisé avec un prix garanti, qui offre une sécurité», analyse Gérard You.
Mais lorsque on prend de la hauteur, ce développement de la méthanisation a aussi des effets pervers. Il pourrait même finir par entrainer une baisse de la production laitière, au profit du maïs : «Il a un effet concurrence, puisque ça devient une politique de subventionnement de maïs fourrage qui entre dans le processus de méthanisation. Ca participe à la cherté du foncier, de la location, et ça met en tension la filière laitière. En logique de production, l’impact reste à voir, même si pour l’instant, on ne constate pas que ça freine la croissance de la production laitière en Allemagne», pondère l’économiste.