Alimentation
Les bouchers-charcutiers invitent Bruno Le Maire à tailler une bavette
L’inauguration de l’usine de fabrication d’alternatives végétales à la viande HappyVore par le ministre de l’Économie et des finances, Bruno Le Maire ce mercredi 17 mai dans le Loiret ne passe pas auprès de la CFBCT.
L’inauguration de l’usine de fabrication d’alternatives végétales à la viande HappyVore par le ministre de l’Économie et des finances, Bruno Le Maire ce mercredi 17 mai dans le Loiret ne passe pas auprès de la CFBCT.
Au cours d’une même journée où le ministre de l’Économie et des finances devait rencontrer des représentants de l’industrie agroalimentaire et inaugurer la plus grande usine française dédiée à la production d’alternatives végétales à Chevilly (45) Bruno Le Maire s’est attiré les foudres des bouchers, charcutiers et traiteurs de la CFBCT. Dans une lettre ouverte, ces professionnels de la viande s’interrogent quant aux intentions du ministre suite à sa visite de l’entreprise HappyVore : « L’ancien ministre de l’Agriculture de Nicolas Sarkozy serait-il devenu le nouveau fossoyeur de la filière viande française ? », peut-on ainsi lire.
Pour la CFBCT, la visite du ministre Le Maire dans le Loiret restera pour quelques temps en travers de la gorge de ses adhérents : « Quelle image offre l’ancien ministre de l’Agriculture aux 500 000 Français qui travaillent dans la filière viande, alors que les éleveurs et artisans bouchers français subissent depuis plusieurs années les campagnes anti-viande déroulant le « tapis rouge » aux produits industriels ultra-transformés ? », regrette l’organisation.
Si HappyVore promet la création d’une centaine d’emplois dans sa nouvelle usine de 4 500 mètres carrés en plus des 110 postes déjà occupés, la CFBCT rappelle de son côté porter la voix de quelque 18 000 boucheries artisanales qui emploient 45 000 salariés et 10 000 apprentis. L’entreprise fondée en 2019 est aujourd’hui installée dans une ex-usine agroalimentaire dont l’activité a cessé en 2020. Pour l’accompagner dans son développement, elle a bénéficié du plan d’investissement France Relance et du plan protéines de BpiFrance.
« Après avoir lancé le trimestre anti-inflation, sacré coup de pouce en faveur des enseignes de la grande distribution et relancé au passage la guerre des prix au détriment des éleveurs français », l’organisation syndicale estime que Bruno Le Maire avait sans doute « mieux à faire que de visiter l’usine de l’entreprise HappyVore ». Pour l’intéressé, « HappyVore est l’un de nos champions français en matière de production de protéines 100 % végétales » et se présente comme « l’exemple parfait de ce que nous voulons construire avec le projet de loi « Industrie verte », à savoir développer une activité économique tout protégeant la planète ». Et le ministre de souligner enfin que « 100g de protéines végétales génèrent de 60 à 90 % de gaz à effet de serre en moins que 100g de protéines animales.»
Hasard du calendrier (ou pas), cette visite coïncidait avec la dernière journée de l’opération de promotion des métiers de la viande, de l’élevage à la commercialisation, en passant par la transformation, « Made in viande ».
La CFBCT donne toutefois l’occasion à Bruno Le Maire de se « rattraper » en l’invitant « à pousser la porte d’une boucherie pour tailler une bavette ».