Les clés pour réussir sa récolte d’herbe
Dans les systèmes herbagers, la récolte d’herbe joue un rôle essentiel dans la constitution des stocks fourragers utilisés l’hiver pour nourrir le troupeau. Faucher au bon moment et choisir le type de récolte le plus adapté permettent de conduire l’herbe en toute sérénité : ensilage, enrubannage, foin sont les modes de récolte les plus courants.
Dans les systèmes herbagers, la récolte d’herbe joue un rôle essentiel dans la constitution des stocks fourragers utilisés l’hiver pour nourrir le troupeau. Faucher au bon moment et choisir le type de récolte le plus adapté permettent de conduire l’herbe en toute sérénité : ensilage, enrubannage, foin sont les modes de récolte les plus courants.
Quel est le meilleur moment pour faucher ?
À températures optimales
Il est conseillé de démarrer la fauche dès que la météo annonce une fenêtre de beau temps sur plusieurs jours consécutifs : hygrométrie de l’air inférieure à 70 %, du soleil, du vent et une température d’au moins 15°C. Le cumul des températures (somme des températures quotidiennes, comprises entre 0 et 18°C depuis le 1er février) est un premier repère. S’il atteint entre 700 et 800°C, une fauche précoce peut être envisagée. Dans la Somme, la station d’Abbeville affichait 797°C le 1er mai, en avance de 140°C par rapport à 2021. Les fauches ont donc démarré avec une dizaine de jours d’avance. Ensuite, tout dépend du choix que fait l’agriculteur.
Au bon stade
La fauche doit être raisonnée en fonction du stade afin d’avoir le meilleur compromis entre quantité et qualité. Selon le stade à la récolte, la teneur en matière sèche ainsi que la teneur en Matières azotées totales (MAT) évoluent. Pour privilégier la qualité nutritionnelle, l’éleveur peut faucher du stade épi 10 cm dans la gaine jusqu’au stade début épiaison, pour un ensilage. Plus il attend, plus le taux de MAT (matière azotée totale), la valeur UF (unité fourragère) et la digestibilité diminuent, mais le rendement sera plus élevé. Pour les légumineuses, la valeur alimentaire baisse moins vite que celle des graminées au cours de la campagne. Le raisonnement est à faire en fonction des besoins de l’exploitation : certains vont privilégier la qualité pour des animaux à forts besoins, d’autres un fourrage plus fibreux pour les rations acidogènes ou miser sur plus de rendement pour faire des stocks. Dans le contexte actuel élevé du marché des tourteaux, le choix de la qualité s’avère judicieux.
Au bon moment de la journée
Ensuite, pour un ensilage, mieux vaut faucher l’après-midi pour maximiser le taux de sucre dans la plante. C’est la teneur en sucre qui permettra une acidification rapide du fourrage et limitera les fermentations butyriques. Pour un ensilage, l’agriculteur fauche, andaine pour regrouper plusieurs andains, puis récolte. Selon l’équipement de fauche et l’ensileuse, il peut aussi laisser les andains de fauche intacts jusqu’à l’ensilage, ce qui limite l’incorporation de corps étrangers dans le fourrage.
Quelles techniques pour une récolte optimale ?
À bonne hauteur de coupe
Une hauteur de fauche de 6 à 7 cm est à respecter. En-dessous de 6 cm, il y a un risque de contamination en butyriques (pour les vaches laitières) et la pousse de la prairie pourra avoir du mal à redémarrer. Au-dessus de 7 cm, il y a une perte de rendement.
En ajoutant un conservateur
Il est possible d’ajouter un conservateur à l’ensilage pour limiter les pertes et favoriser les fermentations, mais la clé de la réussite d’un bon ensilage reste la qualité du chantier global : stade de fauche, durée de séchage et confection du silo. Le conservateur ne rattrapera pas un ensilage mal tassé ou trop sec.
En tassant pour une meilleure conservation
C’est la capacité de tassage au silo qui doit déterminer l’avancement du chantier d’ensilage. Dans l’idéal, il faudrait autant de tracteurs au silo que la machine récolte d’hectare à l’heure. En pratique, deux personnes minimum au silo : l’une répartissant de manière uniforme et par couche de 20 cm environ le fourrage, l’autre tassant avec un tracteur d’autant plus lourd que les volumes sont conséquents.
Ensilage, enrubannage, foin… point sur les avantages et les inconvénients de chacun
Avantages
C’est le mode de stockage de l'herbe le plus répandu chez les éleveurs.
- Maximise les valeurs alimentaires, qui deviennent homogènes dans le temps
- Permet de faire des fauches précoces
- Facilite la reprise de l’ensilage
Inconvénients
- Demande de la main-d’œuvre
- L’éleveur est dépendant de la disponibilité de l’entreprise sur la date de récolte
- Difficile d’avoir suffisamment de surfaces au bon stade de récolte
- Une fois ouvert, il faut continuer pour enfermer le moins d’air possible dans le silo
ENRUBANNAGE
Avantages
- Intéressant pour les petits chantiers : permet de gérer les plus petites parcelles et ainsi, d’adapter la date de récolte avec le stade à chaque parcelle
- Sauve une récolte prévue en foin en cas de pluies
- Peu gourmand en main-d’œuvre et espace de stockage
- Comble un déficit fourrager de courte durée ou pour quelques animaux
Inconvénients
- Distribution difficile aux bêtes
- Coût économique et aussi écologique avec la gestion du plastique
FOIN
Avantages
- Intérêt dans le rationnement, soit pour des animaux à plus faible besoin, soit pour améliorer la fibrosité d’une ration
- Bonne conservation dans le temps
Inconvénients
- Demande une fenêtre météo favorable et précise
- Exige une fauche au bon stade pour avoir de bonne valeur
- Nécessité des bâtiments pour le stockage
- Représente un travail plus conséquent
Comment déterminer la matière sèche du fourrage ?
• À 20 % de MS, le jus coule lorsque l’on presse une poignée d’herbe à la main
• À 25 %, le jus coule en tordant une poignée d’herbe
• À 30 %, quelques gouttes sortent en tordant une poignée d’herbe
• À 35 %, les mains sont humides en tordant une poignée d’herbe
• À 40 %, plus rien ne sort de la poignée d’herbe
Pour une bonne conservation de l’ensilage, il faut viser 30-35 % de MS. Pour un enrubannage, nous recommandons de tabler sur 45 à 55 % de MS. Le foin, lui, est à 80, voire 90 % de MS.