Les coopératives laitières travaillent à l'attractivité du métier
Alors qu'un litre de lait sur deux changera de main d'ici cinq ans, Coop de France Métiers du Lait se préoccupe de l'attractivité du métier et de l'installation des jeunes, notamment au sein des coopératives.
Avec une conjoncture plus favorable aux producteurs de lait de vache, puisque la collecte mondiale s'avère moins dynamique et qu'elle diminue en France, les prix du lait étaient en hausse en 2018, et «on peut s'attendre à une évolution favorable des prix du lait en 2019», explique Damien Lacombe, président de Coop de France Métiers du Lait. Les négociations commerciales 2019 sur les marques ont permis une hausse de 1,4 % sur les produits laitiers frais, mais «notre souci, c'est qu'il faut que cela se transforme sur les marques de distributeurs (MDD)», poursuit Damien Lacombe, qui s'avoue inquiet à ce sujet.
Car, pour les coopératives laitières, les MDD représentent 60 % de la collecte valorisée en France. «Nous avons besoin de hausses significatives, au minimum de l'ordre de celles qui ont eu lieu sur les marques, mais les distributeurs cherchent à gagner du temps, et certains n'ont pas pris conscience de la nécessité de jouer le jeu», poursuit le président de Coop de France Métiers du Lait.
Par ailleurs, pour être en conformité avec la loi Egalim, les coopératives ont fait évoluer leur règlement intérieur pour prendre en compte les indicateurs de coût de production dans l'élaboration du prix, explique Pascal Lebrun, secrétaire général de Coop de France Métiers du lait, qui précise aussi que les coopératives sont déjà engagées dans la voie de la montée en gamme et de la valorisation. 9 % du lait transformé dans les coopératives est destiné aux AOP/IGP, 6 % vient du lait de montagne, 4 % est valorisé en bio.
Attirer les jeunes
La pérennité du modèle coopératif est, en effet, un enjeu fort, et si le contexte de prix est un peu plus favorable, Coop de France redoute l'ordonnance sur la Coopération, qui devait être examinée en Conseil des ministres le 24 avril, et «qui va à l'encontre de la nature de nos relations au sein des coopératives», estime Damien Lacombe. «On fera tout ce qu'il faut pour faire perdurer notre modèle, que l'on pense vertueux. C'est un modèle dans lequel on ne peut pas faire d'initiatives individuelles au détriment du collectif», ajoute-t-il.
Pour perdurer, ce modèle doit aussi faciliter la transmission. D'où un travail particulier des coopératives laitières sur le sujet : développement de démarches innovantes d'accompagnement, indicateurs de suivi, guide de gouvernance, charte d'engagement signée avec Jeunes agriculteurs... Environ huit cents jeunes s'installent à travers les coopératives chaque année (soit 60 % des installations dans la filière laitière), pour une moyenne de 190 000 litres de lait et 160 millions de litres au total.
Néanmoins, la filière peine à recruter des salariés. 3 000 CDI sont proposés chaque année dans les coopératives laitières, mais 15 % des offres ne sont pas pourvues. Peut-être en raison de l'image «figée», «peu moderne» que conservent les coopératives, témoigne Aurélie Bahon qui, avant d'être engagée en tant que responsable organisation industrielle à la Laiterie Verneuil, en Touraine, n'était pas attirée par ce secteur. A tort, estime-t-elle aujourd'hui, car «les coopératives sont vraiment des outils modernes, où tout évolue sans cesse». Pour les coopératives agricoles, l'adaptation permanente aux défis actuels est, en tout cas, un des objectifs prioritaires, surtout après un certain nombre de critiques récentes sur le sujet de la gouvernance.