Les coopératives poussent à la contractualisation
Coop de France Nutrition animale propose aux autres acteurs des filières élevages de jouer collectif pour atténuer les impacts de la volatilité des prix des matières premières pour les éleveurs.
Pour Coop de France Nutrition animale (NA), qui tenait le 4 novembre dernier sa convention nationale, à Paris, le moment est venu de s’attaquer à la volatilité des cours des matières premières qui fragilisent l’ensemble des opérateurs des filières animales. Les coopératives de nutrition animale militent pour le développement de la contractualisation en filière permettant, comme le souligne leur président, Jean-Luc Cade, «à chaque maillon de disposer d’une réelle visibilité tant sur ses prix de vente que sur ses coûts de production». Mais, force est de constater, selon lui, que le dispositif n’avance pas suffisamment vite, «souvent par un manque de volonté de l’aval».
Pourtant les initiatives innovantes se multiplient, comme l’a montré une table ronde réunissant plusieurs acteurs de l’amont et de l’aval des filières élevages. Pour limiter le déficit en protéines végétales, la coopérative Alicoop, en Poitou-Charentes, soutient ainsi la création d’une filière soja régionale non OGM. «Pour les éleveurs, explique son directeur Pierre Dalgues, l’intérêt de la démarche est de pouvoir bénéficier de protéines locales à des prix plus stables que ceux qu’ils connaissaient auparavant». La coopérative Cap Seine propose, quant à elle, à ses adhérents, deux outils pour sécuriser leurs revenus : le système Céréaliments et le contrat jeunes bovins. «Ainsi, souligne Jean-Bernard Leroux, responsable des productions et de l’alimentation animale, les éleveurs concernés sont assurés de vendre leurs animaux à un prix cohérent avec leur coût de production».
Donner de l’intelligence à la relation économique
Ces initiatives restent toutefois minoritaires, ont reconnu l’ensemble des intervenants. «Pour que les exemples se multiplient, il va falloir de la pédagogie», reconnaît Francis Amand, médiateur des relations commerciales agricoles. Il estime que le nombre de contrats devrait fortement progresser «dès que les éleveurs pourront contractualiser sur leurs produits animaux, a fortiori si le fabricant d’aliments peut prendre à son compte une partie des aléas que subit son client». Et de poursuivre : «La question des délais de paiement peut ainsi être abordée dans le contrat qui stipulerait un indicateur permettant de rallonger le délai de paiement ou de le raccourcir selon la situation économique des cocontractants. Ce n’est qu’un exemple, mais il montre comment le contrat peut donner de l’intelligence dans les relations entre les parties.» A l’occasion de sa convention, Coop de France NA a publié un recueil de témoignages, «S’organiser pour sécuriser», valorisant l’engagement des coopératives dans les processus de contractualisation(1).
(1) Ce recueil sera bientôt téléchargeable sur www.coopdefrance.coop.