Les coopératives prouvent leur capacité à gagner des marchés
Les responsables des coops de la région se sont retrouvés pour l'assemblée de leur Fédération.
«La coopération agricole est un modèle pertinent pour l’accès aux marché, au service de notre région ». Tel était le thème de l’assemblée générale de la Fédération régionale de la coopération agricole (Frca) qui s'est tenue le 4 juin dernier à Mesnil Saint Nicaise dans la Somme. Une cinquantaine de personnes, présidents et directeurs de coopératives dans différentes filières, responsables d’unions de coopératives ou représentants des organisations professionnelles agricoles ou de l’administration, étaient présentes
En préambule, Bertrand Magnien, le président de la Frca, a rappelé quelques éléments fondamentaux sur la coopération. «La coopérative, c’est un homme, une voix et son activité n’est ni délocalisable, ni opéable (Opa comme offre publique d’achat). La coopération est un mouvement économique mondial qui concerne cent vingt millions d’emplois et plus d’un milliard de personnes. En France, 2 850 coopératives regroupent les trois quarts des agriculteurs. En Picardie, onze mille sociétaires soit huit sur dix sont adhérents des quarante coopératives», a-t-il précisé.
Le "plus" de la coopérative
Selon Jacques de Villeneuve, président-délégué de Noriap, le «plus» de la coopérative se situe à deux niveaux. D’une part, la capacité qu’elle possède au travers des adhérents qui sont prêts à répondre à la demande des acheteurs telle qu’elle a évoluée depuis plusieurs années. D’autre part, elle a investi dans des silos, des laboratoires et des procédés de qualité du type Haccp ou Iso. De plus, elle n’a pas de problème de succession ni de rachat par un tiers. «Elle est une interface durable et efficace», a-t-il affirmé.
Au titre de la filière légumes, Pierre Klein, président de Prim’Allia, coopérative à l’origine de l’union Expandis avec Covipom, a témoigné combien un évènement comme l’incendie de l’usine Flodor en 1992 a provoqué la volonté des adhérents pour trouver un nouveau débouché à leurs pommes de terre. Un industriel basé en Espagne, a conduit Prim’Allia à se lancer. Les exigences de ce nouveau client ont eu pour effet d’augmenter la production et donc le nombre de producteurs, tout en améliorant l’organisation.
Choix stratégiques
La vie d’une coopérative, c’est aussi des choix stratégiques qui peuvent conduire à des impasses comme à la réussite. «Aujourd’hui, nous avons acquis la capacité de dire ‘Non’ et de choisir nos clients», se plaît à dire Pierre Klein. Bien que la diversification du portefeuille clients soit la vraie source de valeur ajoutée pour Expandis, le nombre de producteurs a diminué depuis deux ans et, par contre coup, le volume d’activité.
«Nous nous sommes interrogés sur ce comportement de nos producteurs et nous avons compris qu’il fallait peu de choses pour retrouver la dynamique. Nous avons appelé cela le pragmatisme belge qui fait que, par exemple, les mesures fiscales sont incitatives et non discriminantes», s’insurge Pierre Klein.
"Ensemble on va plus loin"
«Dans la filière lait, la coopération maîtrise la production, la transformation et l’exportation», a expliqué Frédéric Hennart, président de Coop Alliance. Orlait, émanation de la VPM et de Coop Alliance, est un modèle coopératif créée pour faire face à l’arrivée des hard-discounts en France au début des années 90. Sous le slogan ‘J’aime le lait d’ici’, Orlait se positionne sur un créneau plus économique par la limitation du coût de la boîte, plus citoyen par le choix exclusif du lait français et plus écologique. «C’est vrai que c’est dur en ce moment pour la filière mais si on ne produit pas chez nous, il faudra faire venir notre lait d’ailleurs», a affirmé Frédéric Hennart et de conclure par ce proverbe africain : «Seul, on va vite, ensemble, on va plus loin».
Vision à long terme
Pour la filière sucre, Thierry Lecomte, président du directoire deTéréos, a justifié la stratégie du groupe qui a consisté à développer l’activité liée au sucre par croissance interne puis par croissance externe et puis à élargir progressivement son champ d’activité aux céréales, à la pomme de terre, au sucre de canne.
Ce développement a conduit le groupe à prendre pied sur d’autres continents. Il avait pour objectif principal de tirer parti de la volonté de produire dans des pays comme la Roumanie, le Brésil ou la Chine par exemple. Celui-ci aurait eu lieu sans Téréos, autant qu’il ait lieu avec Téréos.«Pour les producteurs, l’intérêt d’être en coopérative s’est traduit par la valorisation des productions et un «plus» sur la recette à l’hectare», a relevé Thierry Lecomte
Comme les autres intervenants, Thierry Lecomte considère que la coopération permet d’avoir une vision à long terme et c’est ce qui lui donne la capacité d’investir, condition indispensable pour continuer d’exister demain.