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Les cours du colza et du soja flambent partout

Jusqu’où grimperont les cours des oléagineux ? Partout dans le monde, les prix flambent au grand dam des transformateurs tandis que les producteurs peuvent espérer en profiter si les rendements sont au rendez-vous.

En France, la tonne de colza de la récolte 2020 s’échange à 552 E alors  que la prochaine récolte 2021, qui s’annonce très faible en volume,  affiche déjà 500 €. 
En France, la tonne de colza de la récolte 2020 s’échange à 552 E alors que la prochaine récolte 2021, qui s’annonce très faible en volume, affiche déjà 500 €. 
© Terres Univia

À Chicago, le soja s’échange à 545 $ la tonne, un record. Idem à Winnipeg au Canada pour le canola qui a atteint le 21 avril le niveau jamais atteint de 685 $US pour la récolte 2020. En France, sur le marché physique Fob Moselle, la tonne de colza - récolte 2020 - s’échange à 552 €, et la prochaine récolte 2021, qui s’annonce très faible en volume, affiche déjà 500 €.
Les entreprises mondiales de la trituration se livrent, quant à elles, une bataille féroce pour obtenir les précieuses matières premières. Au point que le Canada, gros producteur avec 20 millions de tonnes, dont les stocks sont épuisés, vient de procéder pour la première fois à des achats de colza en Ukraine, selon le cabinet Agritel. C’est le prix des huiles qui serait le principal facteur de hausse. 

 

Toutes les huiles concernées 

À Rotterdam, l’huile de colza atteint 1 200 $ la tonne, l’huile de soja près de 1 400 $, et l’huile de tournesol 1 600 $/t. Même l’huile de palme vient de passer la barre des 1 000 $ la tonne. Il y a tout juste un an, l’huile de colza était à 775 $/t et l’huile de soja à 675 $/t. Les prix ont quasiment doublé. Les niveaux de trituration sur les marchés domestiques sont plus importants que prévu partout, aux États-Unis, en Europe et au Canada, alors que les échanges mondiaux restent très dynamiques. L’Europe vient d’ailleurs d’annoncer un record d’importations à 5,3 Mt de colza provenant principalement du Canada, mais aussi d’Australie. Pour la petite histoire, la Chine importe massivement des huiles d’Europe, et surtout de France. Notamment parce qu’elle est en guerre diplomatique et commerciale avec le Canada et qu’elle a réduit ses achats de canola officiellement pour des raisons de non-conformité des produits.

 

Risques climatiques

En réalité, c’est une des nombreuses conséquences de la guerre commerciale entre la Chine et les États-Unis, qui avait vu la justice américaine condamner la fille du géant des télécommunications Huawei, et demander son extradition au Canada où elle est installée. L’affaire est toujours en cours. Résultat, le Canada exporte son canola en Europe, et l’Europe expédie ses huiles en Chine. Mais il y a évidemment bien d’autres facteurs pour expliquer l’envolée des cours du soja et du colza. 

En France, l’épisode de gel a touché des milliers d’hectares et va provoquer un manque à gagner de 120 à 200 millions d’euros pour les producteurs, selon les estimations de la Fédération des producteurs d’oléoprotéagineux (Fop). Nul ne sait encore quel sera le volume de la récolte de 2021, mais il pourrait être inférieur de 10 % à celui de 2020, déjà très faible. 

L’équilibre entre l’offre et la demande mondiale inquiète aussi. Selon le Conseil International des Céréales, les stocks de début de campagne 2021 pour le soja au niveau mondial sont en baisse de 12,5 % à 45 Mt, la production devrait atteindre 383 Mt mais la demande grimpe à 378 Mt, dont 100 Mt à destination de la Chine. Des chiffres bien trop tendus pour permettre une accalmie des cours. La production au Brésil a été révisée en hausse à 136 Mt, mais la qualité ne serait pas au rendez-vous et les exportations restent pour l’instant inférieures aux prévisions. La récolte en Argentine se déroule mal et le volume de production est inférieur à la moyenne. Et la récolte aux États-Unis fait face à des risques climatiques qui devraient aboutir à une révision de la production à la baisse. Les triturateurs sont donc contraints d’anticiper pour faire tourner leurs usines. Et à acheter, malgré les niveaux de prix... pour le bonheur, pour une fois, des producteurs.

 

En France, du B100 utilisé pour le transport ferroviaire

Qu’est-ce que le B100 ? Il s’agit d’un biocarburant renouvelable issu du colza français, en lieu et place du diesel et utilisable pour des flottes de véhicules captives. Déjà utilisé en transport routier, ce carburant l’est aussi depuis quelques semaines pour le transport ferroviaire. Depuis le 6 avril dernier, l’ensemble des trains de la ligne SNCF Paris Montparnasse - Granville roulent au B100. L’expérience doit durer trois mois. Une phase de test menée en 2019 par Terres Univia, l’interprofession des huiles et des protéines végétales, et l’Ingénierie du matériel de SNCF, a permis de mesurer les impacts de l’utilisation du B100 de colza sur le moteur des toutes dernières générations de TER. Ces tests ont permis de valider l’adaptation du B100 à un moteur ferroviaire, tout en prouvant les avantages environnementaux de son utilisation. Ces avantages, ce sont «des réductions de 60 % des émissions des gaz à effet de serre (du champ au rail) en comparaison au gazole fossile, de 15 % des émissions d’oxydes d’azote en comparaison avec le gazole standard et de 45 % de la masse de particules émises en comparaison avec le gazole standard», détaille Terres Univia. L’interprofession des huiles et des protéines végétales voit également dans le développement du B100 une opportunité «pour la survie et la préservation des abeilles dans nos territoires» puisque «le colza est une plante mellifère vitale pour les insectes pollinisateurs». Enfin, souligne-t-elle, «le colza utilisé dans le B100 est issu d’une culture locale qui constitue une force vive du dynamisme des territoires avec 110 000 agriculteurs, 6 acteurs agro-industriels, 10 usines et 20 000 emplois non délocalisables». 
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