Les demandes de l’agriculture à Emmanuel Macron
La profession agricole a fait valoir ses attentes au ministre de l’Economie lors de sa venue à Amiens, le 6 avril dernier.
Françoise Crété et Laurent Degenne ont avancé trois sujets d’amélioration de la fiscalité en aparté avec le ministre de l’Economie, Emmanuel Macron.
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AAP
La disponibilité raccourcie du ministre et le nombre de journalistes dans le hall de la préfecture étaient annonciateurs d’une annonce politique de premier ordre… En effet, Emmanuel Macron avait planifié de clore son déplacement à Amiens par le lancement de son mouvement «En Marche», le 6 avril. Mais, avant cela, et en marge du sujet du déplacement (la revitalisation industrielle et la mobilisation des Fonds Goodyear), la profession agricole avait axé une rencontre sur trois points spécifiques.
En effet, Françoise Crété, présidente de la FDSEA de la Somme, et Laurent Degenne, secrétaire général de la FRSEA Hauts-de-France, ont avancé trois sujets d’amélioration de la fiscalité en agriculture et ont positionné la transformation agroalimentaire en vecteur d’emplois et de valeur ajoutée pendant une rencontre d’une heure avec la chef de cabinet adjointe, Claire Ferracci, puis en aparté avec le ministre.
Aménager la fiscalité annuelle
Côté fiscalité, Françoise Crété a exprimé deux demandes spécifiques. En premier lieu, permettre de nouveau la réintégration des DPI sur les bâtiments d’élevage et, d’une certaine façon, sur les investissements à rotation et amortissement longs. «C’est une nécessité pour l’élevage, car si on ne parvient pas à lisser les à-coups et à préparer les creux dans les périodes de bonne conjoncture, entre la volatilité des prix et les durées de traitement administratif des dossiers de construction ou de développement, le risque fiscal est trop grand avec les dispositions actuelles», précise Françoise Crété.
Autre demande : rendre éligibles les matériels roulants des exploitations agricoles participant à l’acte de production au dispositif de «sur-amortissement» qui est prolongé. Le ministère voulant cibler les outils de production, il a exclu du dispositif les matériels roulants assimilables au transport de biens finis et, dans cette classification, les bennes, bétaillères et plateaux ne sont pas éligibles.
Tant le ministre que sa conseillère ont entendu ces arguments, mais force est de reconnaître que dans l’actuelle quête aux gisements d’emplois, c’est surtout le potentiel agroalimentaire qui les a le plus «accrochés».
Des frites ou des chips ?
Laurent Degenne a rappelé les chiffres de la filière pomme de terre : «La pomme de terre brute vaut 120 €/tonne, quand les chips valent 24000 €/t.» Et de le ramener à la taille du département de la Somme : 900 000 tonnes produites, 10 à 12 % transformées, donc une filière qui pèse 120 millions d’euros, mais qui pourrait en générer 20 milliards ! En rappelant au ministre que les segments frites-chips sont en croissance de 2 % par an alors qu’on les disait condamnés, Laurent Degenne a cité les principaux acteurs du secteur qui s’arc-boutent de l’autre côté de la frontière belge, tout en venant s’approvisionner en local en raison de l’insécurité réglementaire en France.
Le marché tel qu’il est laisse augurer la création d’un site industriel dans les tous prochains mois… Toujours en Belgique ou la France saura-t-elle combattre ses démons administratifs et attirer un industriel ? La question est posée au ministre qui veut marquer de son empreinte le territoire, et tenter de panser les plaies de la fermeture de l’usine Goodyear… A lui d’en faire un objectif en marche.