Les dernières betteraves sont rentrées chez Cristal Union
La sucrerie de Sainte-Emilie est la première à terminer cette campagne betteravière allongée. Premier bilan très satisfaisant, assure le groupe Cristal Union.
Le sourire est sur toutes les lèvres, à la sucrerie de Sainte-Emilie de Villers-Faucon, du groupe Cristal Union. «On peut se féliciter d'une bonne campagne, malgré les conditions météorologiques particulières de cette année (sécheresse, ndlr)», confie Vincent Caille, responsable betteravier. Cette campagne est même la troisième meilleure de l'histoire de l'usine samarienne, «après celle de 2009 qui avait été exceptionnelle en termes de richesse (19,44° de sucre) et celle de 2011, très bonne en termes de poids.»
Les dernières betteraves devaient rentrer le 2 ou 3 janvier, mais déjà, le bilan semble très bon : un rendement agriculteur de 75,5 tonnes à 19,06° de sucre, soit une base de 93 tonnes à 16°. L'usine a tourné 24 heures sur 24 pendant cent-dix jours, soit vingt-cinq jours de plus que l'année dernière pour pouvoir gérer les 25 % de volume de betteraves supplémentaires produits, du fait de la suppression des quotas.
Les appréhensions des agriculteurs sont désormais effacées. «La proximité des sept agents betteraviers qui ont sillonné la plaine, ainsi que les mesures d'accompagnement ont rassuré les planteurs», explique Jérôme Fourdinier, président de la coopérative agricole betteravière de Sainte-Emilie. Le prix était assuré à 27 EUR la tonne pour les BCR (betteraves en contrat de référence), comme pour les betteraves additionnelles. Et pour compenser la perte de volume des arrachages précoces et la perte de richesse des arrachages tardifs, une grille de complément de prix a été instaurée.
Mission hivernage accomplie
Comment Cristal Union a-t-il pu conserver un bon niveau de richesse malgré les difficultés d'une campagne allongée ? L'organisation est la clé. «Nous pouvons surtout nous féliciter d'avoir rempli avec succès la mission d'hivernage des betteraves», assure Vincent Caille.
450 000 tonnes ont été nivelées, en tas en parabole, pour favoriser la circulation de l'air, l'écoulement de l'eau et limiter les points froids ou de chaleur. 220 000 tonnes ont été bâchées. «Les entrepreneurs ont investi dans cinq machines pour manipuler les deux mille rouleaux de bâches en top tex achetés par la coopérative. Un sacré avantage pour les agriculteurs qui n'ont pas eu besoin de fournir la main-d'oeuvre.»
Le résultat est probant : pratiquement aucun dégât de gel, une perte de richesse de 0,2° au lieu de 0,4° pour les tas non nivelés et non bâchés, un niveau de tare terre stable malgré la pluviométrie. Vincent Caille compte bien reconduire l'opération en 2018 : «Tous les tas étaient bâchés au 1er décembre. Nous pensons le faire plus tôt l'année prochaine pour une meilleure conservation.»
Pour réduire les coûts, le groupe table aussi sur l'optimisation du transport. «Depuis trois ans, toutes les betteraves sont déterrées au champ. Lorsqu'elles sont chargées dans le camion, la tare terre moyenne est donc inférieure à 10 %. Moins de volume signifie moins d'allers et retours», précise Vincent Caille.
L'intégration au groupe du centre de déshydratation d'Epénancourt était un nouvel avantage : «Les camions partaient chargés de pulpes, et passaient ramasser des betteraves en chemin avant de rentrer à l'usine.» 40 % des puples ont été transférées via ce schéma. Enfin, l'usine a «tiré profit de la stratégie rigoureuse d'investissement d'entretien du matériel», puisqu'elle n'a été victime que de quinze heures d'arrêt en cent-dix jours, soit 0,6 % d'arrêt.
Vers un marché mondial
Et ce sucre, où partira-t-il ? «La nouveauté est l'ouverture de l'export au niveau mondial depuis le 1er octobre», précise Vincent Caille. Les 25 % de sucre supplémentaires produits prendront donc la mer pour être livrés au quatre coins du monde. «Ils permettront aussi de combler les déficits en Italie, en Angleterre ou en Espagne.» Le plus gros de la production est à destination des industriels : des chocolatiers et biscuitiers, comme Lu, des glaciers, comme Häagen-Dazs, des embouteilleurs pour la fabrication de sodas... 20 % est utilisé pour le marché de bouche, sous les marques du groupe Daddy, Erstein et Eridania.
Les cours des marchés sont cependant à la baisse. Cristal Union annonce 2 EUR par tonne en moins par rapport à cette année, mais Vincent Caille reste «confiant dans l'avenir grâce à la réduction des coûts due au volume supérieur travaillé. La betterave est une production fiable dont le rendement est stable, quelle que soit l'année. Nous pourrions encore augmenter les volumes de 10 % en allongeant la campagne de dix jours».