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Les jeunes pères agriculteurs s’emparent peu à peu du congé paternité
Accorder du temps à la naissance de son enfant est de plus en plus important pour les jeunes papas… Y compris agriculteurs. Le service de remplacement est alors un outil précieux. Il permet à Alexandre Gru de bénéficier de ses vingt-cinq jours alors que sa fille est née en pleine campagne de pommes de terre.
Accorder du temps à la naissance de son enfant est de plus en plus important pour les jeunes papas… Y compris agriculteurs. Le service de remplacement est alors un outil précieux. Il permet à Alexandre Gru de bénéficier de ses vingt-cinq jours alors que sa fille est née en pleine campagne de pommes de terre.
Être présent les premiers jours de sa fille était une nécessité pour Alexandre Gru. «Un bébé, c’est un projet à deux. Je ne peux pas allaiter à la place de la maman, mais je peux aider et changer les couches. Je n’imaginais pas la laisser seule avec son stress», sourit le jeune papa. Très vite, l’agriculteur de Douilly, qui s’est associé avec son oncle il y a trois ans, au départ à la retraite de son père, a su qu’il faudrait anticiper le plus possible ce congé paternité de désormais vingt-cinq jours. «La naissance était prévue en septembre. C’est la pire période pour un producteur de pommes de terre. En plein arrachage !» Il s’est donc tourné vers le Service de remplacement de la Somme.
Trouver un conducteur de benne n’est pas simple. Mais un conducteur de benne d’expérience encore moins. «Une campagne de pommes de terre, ce n’est pas une moisson. C’est technique. Il faut pouvoir rouler en même temps que l’arracheuse sans rien accrocher.» Le premier chauffeur testé cet été n’a pas fait l’affaire. Le jour de l’accouchement, le
17 septembre, soit dix jours plus tôt que prévu, aucun agent n’avait été recruté alors que l’arrachage débutait le
lundi. «Mon père m’a dépanné deux jours, et dès le mercredi, quelqu’un arrivait. C’était beaucoup d’angoisse, mais aujourd’hui, je suis serein. Le service de remplacement, c’est du pain bénit.»
Loin des gazouillis, Pascal Snoeck s’affaire donc au transport et au tri des pommes de terre. L’ancien agent de remplacement est retourné aux sources après trois ans de CDI dans une exploitation d’élevage. «Finalement, je suis plus heureux ici. Ce qui me plaît, c’est de rencontrer de nouvelles personnes.» La capacité d’adaptation ? «Oui, il en faut. Mais un tracteur reste un tracteur. Quand on sait en conduire un, on sait conduire celui d’à côté», rit-il.
Pascal fait cependant partie des perles rares du Service de remplacement. «On est toujours à la recherche d’agents de remplacement, assure Clélia Chevalier, chargée de mission au sein du Service de remplacement Hauts-de-France. Le poste souffre d’une mauvaise image du travail à la ferme. Pourtant, il a toute son importance. Il permet de sécuriser les exploitations, et de laisser la possibilité aux agriculteurs de se former, de s’engager dans les OPA… Et de bénéficier du congé maternité ou paternité.»
Question de génération
En Hauts-de-France, les premiers congés paternité ont été pris en 2002, et s’élevaient alors à onze jours. «De plus en plus d’agriculteurs en bénéficient. On est passé de 670 jours de remplacement en 2019 à 1 900 jours en 2021», assure Clélia Chevalier. Pour Alexandre Gru, «c’est une question de génération». «Je ne vois pas pourquoi la différence entre une femme et un homme est si grande dans la responsabilité que l’on porte à l’enfant.» Il s’accorde tout de même à dire que son association avec son oncle a aidé. «Je sais qu’il est là pour encadrer le remplaçant. C’est un confort.»
Le congé paternité en pratique