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Consommation
Les légumes hors normes trouvent leur débouché dans des paniers

Après Paris, Lyon et Marseille, la startup Hors Normes s’est déployée à Lille depuis un mois. Elle propose des paniers de légumes bio de la région refusés par les circuits de distribution traditionnels car «hors normes». Pour la coopérative Norabio et ses trente adhérents, ce débouché permet la viabilité de leur activité. 

Lorsqu’il arrache ses carottes du champ, Olivier Halluin, producteur bio d’Heudicourt, sait déjà que près de la moitié ne sera pas classée dans le cœur de gamme. «C’est le légume qui présente les plus gros écarts de tri. Une carotte fourchée, ou fendue, trop petite ou trop grosse n’est pas acceptée par les circuits de distribution traditionnels. Il nous faut alors trouver d’autres débouchés, comme la restauration collective, la surgelation, l’alimentation animale, voire la méthanisation», explique-t-il. Depuis la création en 2019 du centre de lavage, triage et conditionnement de légumes de la Cuma Bio-territoires à Gouzeaucourt (59), dont il est président, Hors Normes fait aussi partie des clients qui valorisent ces «légumes moches». Après l’Île-de-France, Lyon et Marseille, la startup a déployé son «service de livraison de paniers anti-gaspi» à Lille. 

Une vingtaine de salariés permanents et une quarantaine de saisonniers en plein boom des récoltes s’affairent dans cet espace tout équipé. 25 000 t de légumes bio produits par trente adhérents y sont traitées chaque année. La commercialisation, elle, est assurée par la coopérative Norabio (140 adhérents). «Notre force, c’est la multiplication des circuits de commercialisation, qui nous permet d’exploiter le moindre euro», assure Daniel Barbier, commercial pour Norabio.

Depuis sa création, Hors Normes fait partie des clients qu’il chouchoute. «On a tout de suite adhéré à sa philosophie de lutte contre le gaspillage alimentaire. Jeter un produit tout à fait consommable juste parce qu’il ne répond pas à des critères esthétiques est impensable.» La logique du partenariat est décuplée depuis que la start-up s’est développée à Lille en octobre. 

«Notre principale motivation, c’était de réduire l’empreinte carbone de la production de fruits et légumes. Un céleri hors norme aura été cultivé, récolté, transporté… Il aura donc coûté de l’énergie. Il faut pouvoir le valoriser», présente Sven Ripoche, co-fondateur de Hors Normes. Proposer du bio cultivé en région, voire en France métropolitaine, plus accessible qu’en grande surface, mais qui assure une juste rémunération au producteur, est la cerise sur le gâteau. Le principe est simple : un panier commandé en ligne, livré dans un point de retrait de proximité, généralement un petit commerce, ou à domicile pour un coût de 5 €, 40 % moins cher qu’en magasin bio. Comptez 15 € pour un panier de 4 kg. Le déploiement à Lille est stratégique. «Il est notamment motivé par la proximité de nombreux agriculteurs partenaires historiques sur le territoire.»

Des partenariats avec les agriculteurs

Hors Normes a déjà noué des partenariats avec environ 120 agriculteurs et producteurs locaux, situés dans un rayon de 16 à 150 km de Lille. «Les paniers peuvent être complétés par une sélection de trente produits d’épicerie (riz, pâtes, confitures, pâte à tartiner, sauce tomate, compote…), dotés d’une date limite de consommation trop courte, victimes de sur-stock, ou en fin de série», précisent les gérants. Ces paniers sont préparés par l’association l’Andes du groupe SOS, au sein de leur épicerie solidaire et chantier d’insertion Le Gardin de Marianne, situé au MIN de Lille. Ils sont ensuite livrés en point retrait par l’entreprise Urby (filiale du groupe La Poste), et à domicile par l’entreprise Paack (solution française de livraison e-commerce) en vélo-cargo. 

Hors Normes ambitionne de convaincre deux-cents clients réguliers très rapidement, ce qui permettrait de sauver près d’une tonne de produits alimentaires par semaine. «La réussite d’Hors Normes tient en sa capacité à communiquer sur l’antigaspillage, contrairement à nous. Chacun son métier», sourit Daniel Barbier. 

Conscience écologique et santé

Hors Normes constate deux gros types de clients pour les paniers antigaspillage bio qu’il propose. «Si on raccourci, on a les couples d’une trentaine d’années, actifs, qui veulent réduire leur empreinte carbone et leur manière de consommer. Il y a aussi les familles qui ont le souci d’offrir une alimentation de qualité pour leurs enfants», résume Sven Ripoche, co-fondateur. Tous ont un point commun : ils cuisinent beaucoup. Car les produits frais nécessitent de se mettre aux fourneaux. «On donne des idées recettes pour les aider.» Pas toujours évident de concocter un plat à base d’héliantis, de crosnes ou de pâtisson. «On essaie de varier les légumes pour en proposer un ou deux originaux par paniers seulement. Les clients disposent aussi d’un jocker. Il peuvent changer un des produits proposés.»

10 millions de tonnes

C’est le volume d’aliments consommables qui sont détruits chaque année en France, avant même d’atteindre les assiettes. Hors Normes a convaincu 10 000 consommateurs réguliers et 300 producteurs et fabricants pour commercialiser la part rejetée de leur stock, soit 5 % en moyenne. Cela représente 20 à 25 t de produits sauvés du gaspillage chaque semaine. Le tout à des tarifs jusqu’à 40 % inférieurs à ceux du commerce alimentaire bio. «Une relation économiquement gagnante-gagnante, qui a la vertu de traiter le problème du gaspillage alimentaire à sa source», note-t-on chez Hors Normes. 
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