Filière viande
Contractualisation : les négociants locaux sont encore «dans le flou»
Pour les négociants en bestiaux du secteur, la contractualisation des achats de bovins nécessite d’être précisée. Ils regrettent aussi que seul le premier maillon de la chaîne qu’ils représentent soit concerné.
Pour les négociants en bestiaux du secteur, la contractualisation des achats de bovins nécessite d’être précisée. Ils regrettent aussi que seul le premier maillon de la chaîne qu’ils représentent soit concerné.
Sécuriser la vente des bovins pour les éleveurs, c’est bien. Engager toute la filière dans cette démarche serait encore mieux. Tel est le point de vue de la plupart des négociants en bestiaux. «Notre relation avec les éleveurs est le premier maillon de la chaîne. Or, c’est le seul de la filière concerné par la contractualisation des achats de bovins, et c’est bien dommage», regrette Henri Ducrocq, négociant de Noyelles-en-Chaussée, président de la Fédération des commerçants en bestiaux des Hauts-de-France.
Un manque d’informations
En réalité, les professionnels sont «encore dans le flou» concernant la définition de cette contractualisation. «Nous n’avons pas reçu beaucoup d’informations à ce sujet, et il nous faut préciser les modalités des contrats», avoue Henri Ducrocq. Un contrat implique aussi une contrainte pour l’éleveur. «Une date de sortie de l’animal doit être définie. Or, un retard de croissance ou une maladie peuvent arriver. L’animal doit alors rester à l’engraissement quelques jours de plus.» Pour Thibaut Desmarets, gérant de l’entreprise de négoce Picnor, à Moliens (60), il sera même impossible de contractualiser certaines catégories de bovins. «Les achats des laitières de réforme, par exemple, se font au jour le jour. Les éleveurs nous appellent quand l’une d’elle s’est blessée, par exemple. Impossible de savoir combien de temps ils vont garder chaque bête.»
Chez Cobevial, la contractualisation n’est pas beaucoup plus claire. «On devrait en savoir plus début janvier», note David Delrue directeur du secteur bovins. Environ 75 % de la collecte de la coopérative agricole de commerce de bestiaux est déjà contractualisée. Cela concerne les JB charolais, avec un prix minimum garanti, les JB laitiers, avec un prix fixe à l’année, les charolaises (contrat Lidl), avec un prix fixe à l’année, revu tous les ans, et, depuis deux mois, les réformes laitières, avec un prix uniforme pour tous les éleveurs, revu chaque semaine. «Mais ces contrats correspondent-ils au cadre fixé par la loi ? Nous devons nous en assurer.»
Des prix en hausse
Les négociants s’accordent sur un point : «Les petites structures, déjà fragiles pour certaines, auront du mal à s’engager de la sorte. Un contrat implique une ossature solide.» Henri Ducrocq pense qu’une contractualisation aurait eu du sens pour les éleveurs il y a quelques années, alors que les prix de la viande était bas. «Aujourd’hui, grâce à la défense quotidienne de la marchandise, et à une production de viande en décroissance en Europe, les prix ont enfin montés. Ils sont de + 20 % en prix carcasse en quelques mois, soit + 30 % pour un steak haché.»
Pour lui, ce prix pourrait encore augmenter pour couvrir les charges, elles aussi en hausse. «Le tout est d’atteindre un équilibre entre rémunération de l’éleveur et accessibilité pour les consommateurs.»
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