Les pommes françaises à la reconquête de l’export
La production française de pommes devrait être en augmentation en 2019, une quasi-exception en Europe. Une opportunité pour «reconquérir des parts de marché» perdues l’année dernière à l’export, notamment face à la Pologne.
Avec une récolte de pommes prévues à 1,65 Mt pour l’année 2019, la France devrait être «l’un des rares pays européens avec une récolte en augmentation», indique Josselin Saint-Raymond, directeur de l’Association nationale pommes poires (ANPP), qui fédère 1 350 producteurs (représentant 60 % de la production française). Cette dernière devait présenter ses prévisions de récolte jeudi 29 août à l’occasion du lancement de la campagne de commercialisation de la pomme. Si elle se confirme, la récolte de cette année serait supérieure de 12 % à celle de 2018 (1,47 Mt) et de 6 % à la moyenne des années 2015, 2016 et 2018 (l’association a choisi d’exclure dans son analyse l’année 2017 en raison de sa production très basse). Le calibre des pommes pourrait cependant être «légèrement inférieur à l’année dernière», notamment en raison des canicules, qui ralentissent la croissance des fruits.
«Nous sommes plutôt en bonne position. Nous avons un potentiel pour à la fois permettre de servir nos clients français et, en même temps, reconquérir les parts de marché que nous avons pu perdre à l’export l’année dernière», explique Josselin Saint-Raymond. La production européenne de pommes est, elle, prévue à 10,55 Mt, a indiqué la World apple and pear association (WAPA) le 8 août dernier. Particulièrement basse, elle serait en fort retrait par rapport à l’année dernière (13,2 Mt). 2018 avait été marquée par une récolte record en Pologne, provoquant une surproduction en Europe. Cette année, au contraire, un épisode de gel au mois de mai a affecté les vergers de plusieurs pays de l’Est de l’Europe. La Pologne a annoncé une production de pommes en chute de 44 % par rapport à 2018 et de 37 % par rapport à la moyenne triennale.
Valorisation correcte
«Nous n’allons pas connaître la catastrophe du déséquilibre structurel de l’an dernier», confirme Josselin Saint-Raymond. Le total de la production pour l’Union européenne, hors Pologne, s’établirait à 7,84 Mt, soit une baisse d’à peine 4 % par rapport à la moyenne sur trois ans. «Les prévisions pour l’UE sont en bonne adéquation avec la demande potentielle du marché, un bon équilibre entre l’offre et la demande», ce qui devrait permettre «une valorisation correcte des pommes européennes», ajoute-t-il.
Ombre au tableau pour les producteurs de pommes français : la menace d’un Brexit dur. Le Royaume-Uni représente à lui seul 23 % des exportations françaises de ce fruit, soit un peu plus de 100 000 tonnes chaque année. «Nous sommes leaders sur ce marché», rappelle Josselin Saint-Raymond. En cas de sortie sans accord du Royaume-Uni le 31 octobre prochain, «nous pouvons craindre des problèmes logistiques, avec un ralentissement des flux qui impactera les volumes vendus», pronostique-t-il. Une éventuelle récession pourrait ensuite «amener les consommateurs à rechercher le produit le moins cher possible», un obstacle pour les pommes françaises qui parient notamment sur l’adhésion à des démarches comme les Vergers écoresponsables pour pallier un manque de compétitivité face à leurs concurrents européens. «10 % de la production française pourraient disparaître si nous perdions ce marché», estime Josselin Saint-Raymond. Au final, c’est l’ensemble de la production qui pourrait être affectée, «les pommes qui n’iraient pas en Angleterre se retrouvant sur les autres marchés et les poussant à la baisse», précise-t-il.
Poires : une récolte «historiquement basse» en Europe
La récolte de poires en Europe devrait atteindre les 2,04 Mt en 2019 a annoncé la World apple and pear association (WAPA) le 8 août dernier, dont 115 000 tonnes pour la France. C’est une «récolte historiquement basse», constate Josselin Saint-Raymond. La production française serait notamment en baisse de 14 % par rapport à l’année dernière.
«La poire est un végétal plus sensible que la pomme aux épisodes de gel», détaille-t-il. Cette année, «tous les grands pays européens producteurs sont inférieurs à l’an dernier : la Belgique, l’Italie, le Portugal ou les Pays-Bas», notamment en raison d’épisodes de gel ou d’inondations. Seule l’Espagne devrait avoir une production en hausse. En France, certains producteurs ont été «particulièrement affectés, notamment les producteurs alpins qui ont perdu beaucoup de fruits», indique Josselin Saint-Raymond.