Les producteurs de sapins de Noël en pleine activité
Qu’est-ce qui est vert, plein d’épines et qui clignote joyeusement au milieu du salon en décembre ? C’est la pleine activité pour les producteurs de sapins de Noël, comme Eddy Goethals, à Fricamps.
Qu’est-ce qui est vert, plein d’épines et qui clignote joyeusement au milieu du salon en décembre ? C’est la pleine activité pour les producteurs de sapins de Noël, comme Eddy Goethals, à Fricamps.
Il tronçonne, il charge sur sa remorque, il livre… Depuis vendredi dernier, Eddy Goethals, agriculteur à Fricamps, près de Poix-de-Picardie, a entamé la grosse activité de l’hiver : celle des sapins de Noël. Il semblerait que les 2 500 arbres qu’il récolte chaque année vont, cette fois encore, trouver un lieu à animer, malgré la crise du Covid-19. «Dans quinze jours, je n’aurais plus rien à vendre», souffle-t-il entre deux livraisons.
Le contexte lui a tout de même fait perdre quelques clients. «20 %sont des particuliers, 30 % sont des communes et 50 % sont des comités d’entreprises et des associations de parents d’élèves, détaille-t-il. Deux ou trois d’entre eux ont préféré annuler l’opération sapins cette année à cause des contraintes sanitaires, mais d’autres prennent d’avantage de sapins pour éviter aux gens d’aller en magasin… Je subis aussi des annulations de marchés de Noël, mais les communes jouent le jeu en commandant plus de sapins. Finalement, le compte s’équilibre pour moi.»
Chaque hiver, l’agriculteur, dont une partie de son exploitation est en bio, prélève 30 ou 40 ares de sapins sur les 4 ha qu’il cultive, à raison d’un arbre au m2 soit dix-mille plants à l’hectare. Dans ses parcelles y poussent à 80 % des Nordmann, originaires des régions tempérées d’Asie occidentale et connus pour la robustesse de leurs aiguilles. Eddy cultive également quelques Épicéas, moins chers car poussant deux fois plus vite, mais dont les épines tombent plus vite, et des Pungens. «Les gens apprécient celui-ci car il a une belle couleur verte bleutée et une agréable odeur de pin. Il embaume toute la maison.» Il faudra huit ans à un Nordmann et environ quatre ans à un Épicéa et à un Pungens pour attendre la taille standard de 1,50 à 1,75 m de haut. «Les plus vieux ont dix ans et mesurent 4 à 5 m. Ils sont achetés par les communes pour des décorations extérieures.» Presque tous sont coupés au pied et environ deux-cents Épicéas sont arrachés, pour les jardineries ou particuliers qui souhaitent les replanter.
Un itinéraire technique est à suivre pour assurer des sapins conformes aux attentes. La parcelle, labellisée bio, est fertilisée au compost et fientes de poules. Les plants, vieux de trois ou quatre ans, sont plantés vers mars, après les grosses gelées. Ils mesurent alors 25 cm pour les Nordmann et 35 cm pour les Épicéas. Un désherbage est ensuite nécessaire les deux ou trois premières années. «Nous passons la bineuse entre les rangs, puis nous utilisons la débroussailleuse quand les sapins sont plus grands.» Ceux-ci nécessitent une ou deux tailles par an. «Le but est d’obtenir une seule belle flèche, pas trop haute.» Pour ce qui est de la rotation, comptez trois ans après la récolte pour pouvoir replanter du sapin. «Le sol a besoin de plusieurs années pour retrouver une structure correcte.»
Les sapins souffrent de sécheresse
Cette diversification, l’agriculteur la pratique depuis une vingtaine d’années. Elle lui apporte un revenu intéressant… «à condition de réussir !» Il s’avère que les conifères souffrent des printemps chauds et secs de ces trois dernières années. «J’ai déjà perdu 70 % de jeunes sapins car les bourgeons avaient grillé», confie-t-il. Dans la parcelle, quelques sapins adultes portent également le signe de leur souffrance, puisqu’ils sont jaunis. «La dernière bonne année était 2016, lorsque toutes les autres cultures souffraient de la pluie en période estivale», se souvient-il. Il n’y a donc plus qu’à espérer que la pluie chasse définitivement la Covid au printemps prochain pour un Noël 2021 des plus réussis.