Moisson 2024
Les records seront difficiles à battre cette année
À mesure que la moisson avance dans le département de la Somme, la tendance annoncée mi-juillet se confirme : l'hétérogénéité des rendements est bien là tandis que le taux de protéines se tient à un niveau correct et que les PS sont moyens... pour le blé.
À mesure que la moisson avance dans le département de la Somme, la tendance annoncée mi-juillet se confirme : l'hétérogénéité des rendements est bien là tandis que le taux de protéines se tient à un niveau correct et que les PS sont moyens... pour le blé.
Des retraits quasiment partout, et surtout dans les «bonnes» terres. Chez Sana Terra, où le périmètre de la coopérative s’étend au nord d’Amiens et dans le Santerre, le responsable d’exploitation, Louis Durlin constatait en ce milieu de semaine des rendements en blé «partout en retrait», de l’ordre de 20 à 30 % par rapport à 2023. Alors que la récolte de blé était réalisée «à 80 %» ce mercredi, on estimait un avancement proche de 90 % dans le Santerre contre 60 à 70 % au nord d’Amiens. En termes de qualité, «on est sur quelque chose d’assez hétérogène», détaille Louis Durlin. Heureusement, taux de protéines et taux d’humidité sont intéressants. Comparés à l’an dernier, les écarts de rendements les plus importants se trouvent dans la zone du Santerre.
PS et protéines à défaut de rendement
Du côté de la coopérative Noriap, on estimait aussi en ce milieu de semaine que le rendement de la récolte de blé et d’orges devrait se situer «20 % inférieur» à l’an dernier. Heureusement, selon Luc Vermersch, agriculteur à Ville-le-Marclet et président délégué de la coopérative, «les qualités se tiennent, avec des PS corrects et des taux de protéines intéressants». En ce qui concerne les colzas, «c’est plutôt correct». À l’ouest du département, en ce milieu de semaine, la tendance était à l’amélioration dans le périmètre de la coopérative Calipso, comme l’explique Gauthier Duval : «On est en train de récolter des variétés plus tardives et plus productives avec un rendement moyen autour de 75 quintaux.» Par rapport à la récolte 2023, «il ne faut pas le cacher, on est bel et bien en retrait, mais ce n’est pas non plus une catastrophe. Il ne faut pas être alarmiste».
Quelques «belles surprises»
Toujours dans l’ouest, on recense quand même quelques «belles surprises». Les orges d’hiver dont la récolte s’est terminée depuis une semaine affichent un rendement compris en 70 et 75 quintaux, même si le PS restera «un peu faible». En colzas, pour lesquels la récolte est «presque terminée», les rendements sont hétérogènes, compris entre 30 et 38 quintaux, sans entre-deux, ce qui fait apparaître une moyenne à 35 quintaux. Reste enfin les orges brassicoles, dont 60 % des surfaces ont été récoltées en ce milieu de semaine.
Christophe Buisset : «J’espère que nous pourrons rattraper avec les autres cultures»
Lundi soir, alors que la moisson bat son plein dans l’arrière-pays albertin, c’est la douche froide pour Christophe Buisset, agriculteur à Aveluy. Dans une parcelle réputée pour sortir des rendements supérieurs à la moyenne départementale, le compte n’y est pas vraiment. L’ordinateur de bord de la moissonneuse-batteuse indique un rendement instantané de l’ordre de 60 quintaux, confirmé quelques instants plus tard par la livraison au silo. «Avec un précédent haricot sur cette parcelle, j’espérais faire plus, témoigne Christophe Buisset. Et la qualité n’est pas non plus au rendez-vous. À voir, il n’y a que des petits grains.» Dans cette parcelle de limon profond, l’agriculteur albertin attendait un rendement plus élevé pour la variété Garfield. Ailleurs, le rendement oscille «entre 80 et 85 quintaux», avec une pointe à 90 quintaux. Pour autant, Christophe Buisset ne veut «pas se plaindre» : «Quand j’entends d’autres agriculteurs faire un rendement de
45-50 quintaux, je me dis que je m’en sors bien…» Dans le pays d’Albert, les rendements oscilleraient entre 55 et
85 quintaux pour le blé.
Fragilité d’exploitation et report d’investissement
La moisson 2024 qui a débuté le 19 juillet dernier n’aura rien d’exceptionnelle cette année. En blé, comme pour les autres cultures : «En colza, on entend parler d’un rendement de 30 quintaux. Là encore, je m’estime verni puisque je suis entre 38 et 39 quintaux…» Pour Christophe Buisset, au regard de ces chiffres, «2024 va être une année difficile. J’espère sincèrement que nous pourrons rattraper avec les autres cultures…» Milieu de semaine, alors qu’il lui restait encore quelques parcelles à récolter sur les commune d’Aveluy et Méaulte, Christophe Buisset ne pouvait s’empêcher de se projeter : «On est stressé, inquiet. Une récolte comme celle-là peut mettre en péril des exploitations, et dans tous les cas, les investissements prévus sont en stand-by…» Quant aux annonces du ministre de l’Agriculture, l’agriculteur samarien n’y voit rien de vraiment rassurant.