Tribune
« Les renforts sont disponibles »
Chaque vendredi, dans l'Action agricole picarde, le président de la FDSEA de la Somme, Denis Bully, livre son sentiment sur une actualité brûlante. Cette semaine, il réagit aux contrôles dont les agriculteurs font l'objet avec le sentiment que les moyens mobilisés sont parfois largement exagérés.
Chaque vendredi, dans l'Action agricole picarde, le président de la FDSEA de la Somme, Denis Bully, livre son sentiment sur une actualité brûlante. Cette semaine, il réagit aux contrôles dont les agriculteurs font l'objet avec le sentiment que les moyens mobilisés sont parfois largement exagérés.
Depuis plusieurs jours, le terrorisme a frappé à plusieurs reprises aveuglément à nos portes. A la douleur générale et au traumatisme des victimes et de leurs proches succède l’incrédulité : des terroristes en puissance passent au travers des contrôles à titre individuel ou collectif. Nous devons renforcer nos forces et nos moyens de contrôle pour préserver l’unité républicaine et la cohésion sociale de notre pays. C’est une certitude qu’il faut regarder avec sérieux.
Avec incompréhension, comme chaque concitoyen à l’écoute des différents médias, nombre d’agriculteurs sont médusés par le flot d’informations concernant la radicalisation des piètres individus, responsables des récentes atrocités, au regard des contrôles qu’ils subissent sur leurs exploitations. Alors, excusez du peu, mais toute proportion gardée, mais le monde agricole a certainement des solutions. Car en matière de population contrôlée, on s’y connaît en agriculture ! Et si dans le milieu de la surveillance du territoire on a des agents qui contrôlent et ne peuvent pas, avec l’arsenal législatif existant, empêcher des individus de passer à l’action, dans le monde agricole, ou plutôt dans ses corps de contrôle, on a des agents de contrôle qui arrivent à sur-utiliser l’arsenal législatif et règlementaire existant pour empêcher les agriculteurs d’agir, d’avancer, de construire la moindre travée de hangar ou le moindre méthaniseur. C’est une réalité, dure et factuelle. Ce qui fait mal, c’est que ces postures extrémistes dans la lecture des réglementations finissent non seulement par ralentir des projets, mais aussi parfois à tuer purement et simplement les projets, et même parfois les entreprises en cassant définitivement l’envie d’être entrepreneur pour les agriculteurs concernés.
Dans le domaine de l’élevage, cette année, nous en sommes à plusieurs arrêts brutaux faisant suite à un contrôle ou à un dossier d’autorisation enlisé, avec le sentiment d’une volonté d’acharnement de la part de ces agents quelque peu zélés. En effet, dans notre environnement, des agents de contrôle qui arrivent à annihiler toute envie de passer à l’action avec peu de moyens réglementaires, nous en avons. Et si monsieur le ministre Darmanin cherche des moyens pour renforcer ses forces, qu’il se rassure, les renforts sont disponibles. Ce sera même avec plaisir et soulagement. Le parallèle est peut-être osé, et en aucun cas je n’ai une forme de légèreté à l’égard du moment que vit notre société ou vis-à-vis des victimes de tous ces drames. Mais il y a aussi ces évènements usants, silencieux, quotidiens, que notre profession subit et sur lesquels nous ne pouvons plus être muets.