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Les ventes de charcuterie en magasins progressent

Après une année 2020 pénalisée par la fermeture des restaurants, les ventes de charcuterie reprennent du poil de la bête. L’avenir reste incertain pour cause de flambée des matières premières, s’inquiète la Fict. 

D’après Kantar, sur les huit premiers mois de 2021, les ventes en magasins de charcuterie progressent de 2,3 % en volume par rapport à la même période de 2019.
D’après Kantar, sur les huit premiers mois de 2021, les ventes en magasins de charcuterie progressent de 2,3 % en volume par rapport à la même période de 2019.
© Pixabay

«La consommation à domicile de charcuterie résiste début 2021», a indiqué le directeur de la Fict (charcutiers industriels) Fabien Castanie, lors d’une conférence de presse le 7 octobre. D’après Kantar, sur les huit premiers mois de 2021, les ventes en magasins progressent de 2,3 % en volume par rapport à la même période de 2019. «On reste prudents sur l’atterrissage pour l’année 2021», prévient M. Castanier, rappelant que la mauvaise météo de l’été s’est traduite par «des données de consommation peu florissantes». La consommation à domicile (incluant les produits importés) affiche un recul de 1,6 % par rapport aux huit premiers mois de 2020, année de pandémie qui a profité aux ventes en magasins. 

 

Volonté de «moderniser» le Nutriscore 

Sur l’ensemble de 2020, ces ventes ont augmenté de 6,4 % en volume et 10 % en valeur. «Le prix moyen en hausse traduit une montée en gamme», analyse M. Castanier. Un décalage encore plus frappant au regard des données de production agroalimentaire du ministère de l’Agriculture (qui intègrent les exportations) : + 4 % en valeur et - 3 % en volume pour 2020. Pour le directeur de la Fict, «la baisse des volumes s’explique certainement par la fermeture de la RHD» (un quart du marché de la charcuterie). Malgré ces données encourageantes, la Fict s’inquiète de «la forte progression des coûts de production» en 2021 : pièces de porc toujours à un niveau élevé, viandes de volailles, emballages, énergie et main-d’œuvre en hausse. «Nous attendons l’application d’Egalim 2 avec un esprit extrêmement positif», assure son président Bernard Vallat. Selon lui, le texte prévoit que les contrats entre industriels et distributeurs doivent permettre une révision automatique des prix en cas d’évolution de la matière première (découpes de porc ou de volailles dans le cas présent), mais aussi la «possibilité de renégocier pour les autres facteurs de production» (main-d’œuvre, énergie, etc.). Tout en prévenant que «l’alourdissement des procédures pour s’assurer que les prix des matières premières agricoles soient bien sanctuarisés pourrait provoquer des surcoûts». 

Bernard Vallat a enfin appelé à «moderniser» le Nutriscore, basé selon lui sur «des travaux scientifiques relativement anciens». «Une saucisse de Morteau est notée en rouge, si on met des lentilles autour, le produit devient vert», a-t-il illustré. La Fict demande à «pouvoir communiquer sur ce sujet avec les acheteurs, notamment de la restauration collective». 

 

Nustriscore : la révolte des fromages sous appellation

«Les femmes et les hommes de l’AOP roquefort demandent haut et fort que le roquefort soit exempté du Nutriscore», clame un communiqué du 11 octobre. Avec l’algorithme actuel, le célèbre bleu serait noté E, soit la note la plus basse. Une faible note que partagent une grande majorité des fromages sous appellations. Face à cette demande d’exemption, que portent l’ensemble des fromages AOP, la voie qui semble être privilégiée par les pouvoirs publics est plutôt celle d’une révision de la méthodologie de calcul de la notation nutritionnelle. «Je partage votre inquiétude, je partage votre préoccupation», a répondu Julien Denormandie, ministre de l’Agriculture à une question sur le sujet à l’Assemblée nationale le 12 octobre. «Il ne faudrait en aucun cas que le Nutriscore ait un impact sur nos beaux produits du territoire», a-t-il renchéri. Pour le ministre, aucun doute : le «problème» tient à la façon de calculer cette note nutritionnelle sur 100 g, alors que «rares sont les consommateurs qui consomment une telle quantité» de fromages. «Nous rouvrons la méthodologie du Nutriscore pour que cet instrument tienne compte des réalités de consommation», a-t-il annoncé au Palais-Bourbon. «L’administration nous a présenté une évolution de l’algorithme du Nutriscore, confirme Sébastien Breton, délégué général du Cnaol (AOP laitières). Mais c’est une véritable boîte noire, nous ne savons pas à quoi nous attendre.» Les opposants historiques au Nutriscore pourraient bien utiliser cette opportunité pour tenter d’avancer leurs pions, d’autant que lors de la présidence française de l’Union européenne, qui débutera début 2022, la France tentera de porter le Nutriscore au niveau européen. A. J. 

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