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Les vies de soldats retracées au musée de l’Armée

«Dans la peau d’un soldat, de la Rome antique à nos jours» est la nouvelle exposition présentée par le musée de l’Armée, à Paris. À découvrir jusqu’au 28 janvier 2018.

Photo d’Édouard Élias montrant des légionnaires français mangeant leur ration dans leur VAB.
Photo d’Édouard Élias montrant des légionnaires français mangeant leur ration dans leur VAB.
© Paris, musée de l’Armée, Dist. RMN-Grand Palais/E.

Avec ce sujet inédit, le musée de l’Armée a pour objectif de nous immerger dans le quotidien de ceux qui ont embrassé la carrière militaire, de découvrir les uniformes, objets, paquetages, sacs de couchage, tentes et autres effets personnels qui leur sont propres. En tout, 337 oeuvres, objets et documents (dont 83 prêts) permettent de mieux appréhender la vie des soldats. Et même si en préambule, une galerie présente 24 silhouettes de combattants en situation, de la Rome antique à l’intervention des troupes françaises en Afghanistan, (des soldats relevant d’armées régulières mais aussi des combattants d’unités irrégulières, guérilleros ou francs-tireurs), le but de l’exposition n’est pas de livrer des scènes de guerre, mais de plonger le visiteur dans la vie de tous les jours. Les hommes en uniforme - ce terme n’existe pas avant Louis XIV, ce n’est qu’à la fin du XVIIe siècle que les fusiliers commencent à porter des éléments d’identification de combattant. Ou devrait-on dire les hommes et les femmes, puisque la notion de combattante apparaît au XXe siècle, notamment dans l’armée russe, comme l’illustre un mannequin en tenue de tireuse d’élite soviétique (elles étaient aussi tankistes et pilotes d’avion), ont certes une existence particulière, mais ont les mêmes besoins et parfois les mêmes occupations que le reste de la population.

Des couleurs vives à la sobriété
De son introduction au XVIIe siècle jusqu’en 1884, l’uniforme aux couleurs vives permettait d’identifier et de différencier les soldats sur le terrain et de reconnaître l’ennemi pour éviter toute méprise. La poudre B, qui ne produit plus de fumée épaisse comme la poudre noire en usage jusqu’alors, a sonné le glas des uniformes chamarrés. Toutefois, ce n’est qu’à partir de la Première Guerre mondiale pour le matériel et de la Seconde pour les hommes que ce sont développées les techniques de camouflage. L’uniforme est certes un costume codé, mais les militaires se l’approprient souvent à leur façon en ajoutant des signes, des symboles, des dessins, échappant au règlement et uniquement décryptables par les initiés. Depuis les années 1990, les sous-vêtements ne sont plus réglementés, ce qui laisse un peu de fantaisie au soldat. Quant à l’hygiène, elle n’existe pas avant le XIXe siècle, c’est pourquoi les maladies proliféraient dans les armées et qu’elles étaient, à l’époque, la première cause de mortalité des combattants, bien avant les pertes dues aux combats.

Innovations
Côté équipement, le poids porté par le fantassin est resté étonnamment stable pendant plus de deux mille ans : 35 kg de «barda» quasiment identique avec deux jours de vivres, une part d’effets personnels, une part de munitions... Afin de faciliter le quotidien des troupes, des innovations leur sont apportées et sont ensuite réemployées dans la société civile. Les militaires ont ainsi été à l’origine du camping, du sportswear, du compact, du réversible, de l’imperméable, du pliable, du design, de la nourriture longue conservation, de nouveaux matériaux, de techniques de communication moderne et dernier en date, du plasma lyophilisé compatible avec tous les groupes sanguins. Les soldats sont inventifs et ont une grande aptitude à improviser sur le terrain, parfois en s’inspirant de traditions locales lointaines pour pallier les difficultés matérielles que l’institution militaire n’avait pas anticipées.
Les phases de combat n’occupent qu’une infime partie du quotidien des combattants qui consacrent l’essentiel de leur temps à s’entraîner, se déplacer, installer et aménager leurs positions, à communiquer, mais aussi à entretenir leur moral ou à tromper l’attente. Aujourd’hui, lors des opérations extérieures (Opex), l’installation d’une connexion internet est un des premiers chantiers menés par le service du génie pour que les soldats gardent le lien avec leurs proches, avec les problèmes de sécurité que pose désormais l’utilisation de réseaux de communication mondialisés. L’essentiel est bel et bien de tenir. Pour ce faire, il y a la solde bien sûr, mais également le tabac, les jeux, la sexualité, la musique, la lecture, le courrier aux familles, la religion, les protections contre le mauvais sort, les amulettes... Tout est bon à prendre quand la blessure et la mort guettent.

Plaques gravées
Pour que les militaires tombés au combat ne restent pas anonymes, en 1862, pendant la guerre de Sécession, apparaissent les plaques gravées à leur nom. La pratique de rapatrier les corps des soldats défunts ne se généralise, elle, que dans la seconde moitié du XXe siècle. La motorisation, l’évolution technique et technologique des armes, des tenues de combat, des communications ont changé la donne, mais le mental et la gestion du stress face au danger et à l’issue fatale sont restés les mêmes, et finalement peu de chose sépare le légionnaire de Marius du soldat connecté d’aujourd’hui.

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