L'Europe, dossier consensuel… sans passion
Les représentants de six partis candidats aux élections européennes se sont exprimés devant l’Apca, la Fnsea et les JA.
Pas d'inquiétude majeure à avoir mais pas de grands espoirs non plus. C’est ce que les agriculteurs peuvent penser au regard des programmes des grands partis politiques qui se présentent aux élections européennes. Pour en savoir plus, l’Apca (assemblée permanente des chambres d’agriculture), la Fnsea et les Jeunes agriculteurs avaient invité à s’exprimer le 14 mai dernier Jean-François Copé (président de l'UMP), Pascal Durand (tête de liste EELV pour l’Ile-de-France), Pierre Laurent (Front de gauche), Gilles Lebreton (tête de liste FN pour le Grand-Ouest), Pervenche Bérès (tête de liste PS pour l’Ile-de-France), et Marielle de Sarnez (vice-présidente du Modem). Un «speed dating» où chacun des invités avait un temps limité pour répondre à trois questions alternativement posées par François Thabuis (JA), Guy Vasseur (Apca) et Xavier Beulin (Fnsea). Une méthode permettant d’éviter l’inutile prise de bec entre politiques, souvent sur des sujets franco-français.
Mise à part le représentant du Front National dont l’objectif essentiel est de torpiller l’Europe de l’intérieur, un large consensus semble apparaître, en tout cas sur les questions qui concernent l’agriculture.
Pas d’alternative à la Pac
Premier consensus, il n’y a pas d’alternative à la Politique agricole commune pour soutenir le secteur. «64 milliards sont prévus pour la France entre 2014 et 2020, ce n’est pas le budget français qui pourrait assurer ce soutien», remarque Jean-François Copé. Seul Gilles Lebreton (FN) soutient qu’une Paf (Politique agricole française) devrait prendre le relais, estimant qu’en plus de coûter très cher à la France, la PAC n’a fait que «permettre à certains pays de rattraper leur retard et de nous concurrencer».
Deuxième consensus, un approfondissement des politiques intégrées est souhaitable, mais pas un élargissement. La totalité des candidats ont estimé que l’élargissement récent à 28 membres est allé trop vite, même s’il était justifié sur le plan politique après la dislocation de l’ensemble soviétique.
A contrario, l’Europe doit aller vers davantage d’harmonisation sociale, fiscale, environnementale. C'est «un sujet majeur», insistait Pervenche Berès (PS). Et Pascal Durand (EELV), allait jusqu’à estimer «qu’une Europe solidaire de l’énergie et des transports manque cruellement». Marielle de Sarnez (Modem), plaidait elle aussi pour une politique commune de l’énergie de manière à assurer l’indépendance énergétique.
Deux vitesses
Consensus également pour estimer qu’il faut accepter le principe d’une Europe à deux vitesses, sans que le mot soit explicitement utilisé. La zone euro, en particulier, pourrait constituer la zone marchante de l’Europe puisque c’est en son sein que l’harmonisation de la politique est la plus nécessaire. «Il faut une Europe recentrée sur la zone euro», insiste Marielle de Sarnez. Pervenche Bérès n’excluait pas que des pays européens membres de l’UE mais non dans la zone euro puissent rejoindre celle-ci. Dans ce cadre, rares sont ceux qui ne demandent pas un renforcement du couple moteur franco-allemand.
Cependant, Pervenche Berès mettait en garde : «Si on se disperse trop dans des géométries variables, on va perdre de la capacité à peser au niveau mondial».
Europe plus proche
L'Europe doit être plus proche des citoyens, notamment français, estimaient la plupart des leaders politiques présents. Rapprocher l’Europe des Français, oui, mais par quel moyen ? D’abord «en évitant de transposer les directives européennes avec tant de zèle qu’elles deviennent inapplicables en France», expliquait Jean-François Copé.
Autre voie, le fait d’associer étroitement chaque pays membre et son Parlement à la rédaction des textes adoptés ensuite par l’UE, expliquait Pierre Laurent (secrétaire national du PCF).
Pas question, pour ces politiques, de prôner une Europe franchement fédérale ou centralisée. La plus fédéraliste, Marielle de Sarnez, n’estimait pas moins qu’il faut conserver le principe de subsidiarité, c’est-à-dire régler les problèmes locaux sur le plan local. Et elle propose de mettre fin aux séances à huis clos du Conseil européen pour éviter le double discours des politiques à Bruxelles et à Paris.
Méfiance vis-à-vis du partenariat transatlantique
Dernier sujet de consensus, la grande méfiance à l’égard du «partenariat transatlantique» actuellement en discussion entre la Commission européenne et les États-Unis. Négociations obscures et cachées pour les uns (Front de Gauche), négociations risquées pour les autres. Jean-François Copé insistait sur la nécessité de faire respecter nos normes de production, notamment sur les questions alimentaires.
Et Pervenche Berès de rappeler qu’un tel traité n’est pas décidé par la Commission mais doit être voté par le Parlement, adopté par le conseil des ministres, puis ratifié par les Parlements avant d’être définitivement adopté.