L’organique, une alternative au tout minéral !
Les produits organiques sont une source d’éléments fertilisants non négligeable pouvant diminuer la part
du minéral lorsque leur utilisation est optimisée.
Les produits organiques sont une source d’éléments fertilisants non négligeable pouvant diminuer la part
du minéral lorsque leur utilisation est optimisée.
Les cours des engrais minéraux explosent avec des prix atteignant plus de 2 €/u N, 1,3 €/u P et 1 €/u K.
Selon certaines sources, les exploitations sont, en moyenne au niveau régional, couvertes à 70 % de leurs besoins en engrais azotés, sachant que les 30 % restants risquent d’être difficiles à combler d’ici la fin de l’hiver pour certains engrais (urée, solution liquide). Les produits organiques sont des sources d’éléments fertilisants non négligeables pouvant diminuer la part du minéral lorsque leur utilisation est optimisée.
Connaître leur composition et leur prix, réaliser les apports au bon moment, mais aussi bien les prendre en compte dans les plans de fumure, peut permettre des économies sur votre fertilisation.
Une source locale de fertilisants organiques
L’ensemble des produits organiques épandus chaque année sur le département représente environ 460 900 t de matières sèches et un apport de 13 300 t d’azote. Les effluents d’élevage représentent la plus grande part (environ 8 100 t d’azote maîtrisable et 62 % du tonnage épandu). Suivent ensuite les produits organiques importés (généralement à base de fientes de volailles). Les matières venant de nos industries (principalement agro-alimentaires) ou de nos collectivités locales (sous-produits d’IAA, composts, boues) permettent, quant à eux, le retour au sol d’environ 2 300 t d’azote.
Un intérêt agronomique réel et variable selon les produits
La fumure de fond (P, K, Mg…) peut-être plus facilement compensée par les apports organiques dans la mesure où la disponibilité de ces éléments est quasi-assimilable aux engrais minéraux. Ils peuvent couvrir ainsi en partie les besoins : pour la potasse, compter 100 % de disponibilité quel que soit les produits, et entre 65 à 100 % pour le phosphore.
C’est pourquoi, ces effluents sont souvent mieux valorisés sur les cultures moyennement ou fortement exigeantes en P et K : soit essentiellement les cultures de printemps.
Par contre, il n’en est pas de même pour l’azote. Sa disponibilité dépendra du type de produit et son efficacité de fertilisation dépendra aussi de sa date d’apport. Ainsi, par exemple, les fumiers et les composts sont de véritables amendements organiques (apport de la matière organique stable (humus)). L’azote sera libéré très lentement. La part d’azote ammoniacal est faible (moins de 10 %) et l’azote organique viendra en grande partie enrichir le pool de matière organique du sol (arrière-effets). Certains produits peuvent même provoquer une «faim d’azote», liée à leur rapport C/N élevé, si l’apport est réalisé trop proche du semis.
A contrario, les lisiers, les digestats liquides et même les fientes (ou produits à base de fientes) vont avoir un effet rapide pour les cultures. La part d’azote ammoniacal, directement assimilable, y est plus importante (50 % à 60 % pour les lisiers et digestats). En effet, le rapport C/N est faible (<8) ; signe d’une minéralisation rapide de l’azote organique restante.
Pour bien les valoriser, ces effluents sont à épandre au plus près des besoins des cultures ; et donc privilégier les apports en sortie d’hiver. Ces épandages en sortie d’hiver sont parfois plus délicats (potentiellement tassements de sols importants), mais s’avèrent plus efficaces pour les cultures fertilisées. Le tassement peut être limité grâce à du matériel adapté comme les systèmes d’épandage sans tonne ou encore des épandeurs à pneus basse pression. L’épandage de lisiers ou digestats, riches en azote et très efficaces peuvent également être épandus sur céréales en place en 1er ou 2e apport.
Quelle contribution d’azote prendre en compte ?
Le référentiel régional azote fixe les coefficients d’équivalent minéral à prendre en compte dans les plans de fumure prévisionnels. Ces coefficients varient selon la date d’apport du produit organique et la culture fertilisée (cf. tab 2). Ils permettent d’apprécier la part d’azote qui va être efficace en sortie d’hiver pour la culture fertilisée.
Ainsi, par exemple, un apport en sortie d’hiver de 30 m3/ha d’un lisier de bovin (concentré à 3 kg N/m3) sur une céréale via 50 % d’azote disponible pour la culture permettra un apport de 45 uN/ha minéral. La part estimée disponible sera plus faible pour un fumier de bovin pailleux apporté devant culture de printemps (20 %, voire moins si très pailleux ou bien décomposés).
Un apport d’été/automne devant culture de printemps contribuera beaucoup moins pour la culture, notamment pour un effluent qui minéralise vite. Dans ce cas, l’azote aura surtout été valorisé par la culture intermédiaire piège à nitrate (Cipan) et restitué en partie par la biomasse du couvert hivernal. Pour rappel, un apport d’été/automne devant Cipan est limité en zones vulnérables à 70 kg d’azote efficace par hectare.
Analyser le produit organique est utile !
La composition moyenne présentée dans le tableau ci-dessous masque une grande variabilité. Les produits organiques ont généralement une composition qui varie selon le process, les modalités, la durée de stockage, la nature des intrants, etc.
Par exemple, la conduite d’un élevage (niveau de paillage, type d’alimentation…) joue sur les caractéristiques des effluents produits. Aussi, il peut s’avérer opportun de réaliser régulièrement une analyse ; comme par exemple pour un produit laissé plusieurs mois en bord de champs. L’analyse agronomique ne coûte pas cher (40 à 50 € l’analyse complète), et permet une optimisation de vos engrais.
En ce qui concerne les composts transformés à base de fientes, provenant de Belgique, la disponibilité en azote peut être très variable selon les intrants et le process de transformation. Il est souhaitable de demander aux importateurs, des références sur le comportement agronomique du produit qu’il commercialise et, notamment, la cinétique de minéralisation azote et carbone (analyse au laboratoire obligatoire pour les produits normalisés qui donne une idée de la dynamique de minéralisation de l’azote organique au champ).
Enfin, la maîtrise des doses d’épandage est également un élément indispensable pour bien valoriser ces produits organiques.