Machinisme agricole : le creux de la vague est atteint
A cause d’une conjoncture agricole défavorable, le marché des agroéquipements devrait reculer en 2015, mais les perspectives s’annoncent plus favorables pour 2016, notamment à l’exportation.
Selon l’Union des industriels de l’agroéquipement (Axema) et le Syndicat national des entreprises de service et distribution du machinisme agricole (Sedima), le chiffre d’affaires de la profession s’est stabilisé au cours du premier semestre 2015 à son niveau relativement bas atteint en décembre 2014. Mais les perspectives pour le second semestre ne sont guère encourageantes. C’est une tendance à la baisse qui prévaut, plus marquée sur le marché français qu’à l’exportation pour les constructeurs.
Si la tendance générale est négative, deux secteurs cependant tirent leur épingle du jeu, les matériels viti-vinicoles et les équipements pour espaces verts. «Le marché viticole sauve la mise», souligne Patrick Pérard, le président d’Axema. Perspectives identiques pour la distribution de matériel. Après un premier trimestre orienté à la baisse, la situation reste difficile pour les professionnels : les commandes s’inscrivent dans un trend baissier plus marqué d’ailleurs pour le matériel d’occasion. Pour le Sedima, les agriculteurs manquent de visibilité.
Certes, les projets d’investissements ne manquent pas, mais face à l’incertitude qui pèse sur l’évolution des marchés, notamment dans le secteur de l’élevage, les agriculteurs affichent une grande prudence. Ici aussi, deux secteurs sont à contre-courant de la tendance : la viticulture portée par une bonne conjoncture après plusieurs campagnes difficiles et, dans une moindre mesure, les espaces verts.
Si les agriculteurs sont en situation d’attente pour des équipements neufs, la distribution bénéficie d’une meilleure orientation de son chiffre d’affaires pour les pièces détachées et les prestations en atelier. Autrement dit, les agriculteurs «font durer leurs machines». Signe supplémentaire de cette conjoncture morose : les stocks de matériel sont relativement élevés dans la distribution, surtout dans l’occasion.
Pour illustrer cette incertitude quant à l’avenir à court terme, les professionnels mettent également en avant l’allongement des délais de paiement. Chez les industriels, ils sont passés de 83 jours à 91 jours en moyenne entre 2013 et 2014, et de 75 jours à 86 jours chez les distributeurs. En outre, plus de la moitié des distributeurs affichent une trésorerie tendue. Une situation qui ne devrait guère s’arranger en 2015, en raison des crises agricoles. Autre indicateur qui va dans le même sens : la baisse généralisée des marges dans toute la filière, liée d’abord au recul des ventes, mais aussi au renchérissement des coûts induits par la réglementation et à la masse salariale.
Recrutement
Pour le premier semestre 2016, les perspectives ne sont guère plus encourageantes chez les distributeurs. A l’exception de la viticulture, une nouvelle baisse du revenu agricole est attendue en 2015 et les perspectives ne sont guère favorables pour le début 2016, qu’il s’agisse du porc, du lait, de la viande bovine, et même des céréales. D’ailleurs, selon le sondage Ifop pour la Fnsea, 40 % des agriculteurs s’attendent à une situation moins favorable dans les deux à trois prochaines années, quand ils ne sont que 20 % à estimer le contraire. Perception identique pour les fabricants, dont 53 % perçoivent un mauvais moral chez les agriculteurs, notamment chez les éleveurs.
Malgré ce climat délétère, un optimisme relatif prévaut pour le début 2016 chez les professionnels. Le marché des agroéquipements devrait être tiré par l’exportation, selon les constructeurs, qui anticipent également une légère reprise sur le marché français. Le chiffre d’affaires devrait repartir et le climat des affaires s’améliorer au premier semestre 2016. C’est une des raisons pour laquelle la filière poursuit son recrutement. L’emploi s’est d’ailleurs amélioré en 2015 avec une croissance des effectifs de 0,6 %. Et, pour 2016, plus de la moitié des industriels et près de la moitié des distributeurs ont l’intention d’embaucher. Contrairement à beaucoup de secteurs, l’agroéquipement manque de bras : 1 500 postes ne sont pas pourvus chez les constructeurs.