Macron au Salon de l'agriculture
Durant près de quatorze heures trente de visite au Salon de l'agriculture le 23 février, soit plus d'une heure de plus que l'an dernier, Emmanuel Macron, a plaidé pour une Europe qui retrouve sa «souveraineté alimentaire», au milieu d'une foule de visiteurs et d'agriculteurs largement bienveillants. L'ambiance de ces échanges improvisés, le plus long bain de foule du chef de l'Etat depuis la crise des "gilets jaunes", est restée très bon enfant, ponctuée de nombreux applaudissements et encouragements, même si ça et là ont fusé quelques sifflets et des "Macron démission". Quelques "gilets jaunes" qui tentaient de s'approcher, dont la figure du mouvement Eric Drouet, ont été maintenus à distance par les nombreuses forces de sécurité.
Macron plaide pour une stratégie européenne de différenciation
Dans un discours sur «l'Europe agricole», Emmanuel Macron a plaidé pour une stratégie européenne de différenciation pour faire face à la concurrence mondiale. «Le combat prioritaire est celui de la valeur, ce n'est pas de faire moins cher que le poulet brésilien ou le lait néo-zélandais, a expliqué Emmanuel Macron. Notre ambition, c'est de nous différencier.» Dans la mise en oeuvre, il a plaidé pour un déploiement européen de la méthode française des plans de filière, issue des Etats généraux de l'alimentation, afin de coordonner les efforts à l'intérieur de l'UE, et d'éviter une accentuation des distorsions de concurrence. «Cette quête de la qualité passe par la structuration des filières, et le bon niveau est le niveau européen, c’est à cette échelle qu’il est efficace de pratiquer à plain la segmentation». Et de répéter ensuite : «Il faut définir des stratégies européennes filière par filière, c'est tout le sens du grand plan d'investissement que nous avons porté au niveau national et du fonds d'investissement européen, doté d'1 milliard d'euros qui vient d'être lancé.» Une référence à l’Initiative nationale pour l’agriculture française (Inaf), un fonds de garantie, créé récemment, qui mobilise des fonds nationaux et européens (plan Juncker), concernant 1 Md€ d'investissements en agriculture.
Macron insiste sur les enjeux de souveraineté
Le président de la République a mis l'accent, lors de son discours sur «l'Europe agricole», sur les enjeux de souveraineté, insistant à plusieurs reprises sur un «risque de dépendance» du continent, accru par le changement climatique. «Le danger qui guette l'Europe agricole, ce n’est pas la concurrence entre pays européens, a-t-il expliqué, c’est la dépendance aux engrais phosphaté russes, aux importations de soja». Concernant la Pac, il a par exemple affirmé que sa réforme est «une question de souveraineté alimentaire, environnementale, industrielle».