McCain veut développer davantage les contrats pluriannuels
De nombreux producteurs ont assisté à l’assemblée générale du Gappi qui s’est déroulée le 6 février à Fresnes-lès-Montauban.
Les producteurs de pommes de terre adhérents au Gappi sont venus nombreux à l’assemblée générale du groupement, qui s’est déroulée jeudi 6 février à Fresnes-lès-Montauban. Ils étaient près de 400 selon la directrice Laetitia Clavey. Attentifs au propos du président Éric Delacour et du président de McCain Europe venu s’exprimer l’après-midi, ils ont également posé de nombreuses questions et apporté des remarques. Mais l’assemblée générale a dans un premier temps permis aux agriculteurs de découvrir les nouveaux contrats. Pour la récolte 2014, McCain augmente les volumes de manière significative : + 1386 ha, une hausse de plus de 10 %.
Eric Delacour constate que McCain développe de plus en plus de nouvelles variétés, les volumes en Bintje restant quant à eux identiques à ceux de l’année dernière. Pour la première fois depuis 7 ans, les prix des plants sont en augmentation :
+ 100 €/ha pour la plupart des variétés. Cette hausse s’explique par l’augmentation du calibre moyen des plants et la volonté de rémunérer davantage les producteurs de plants.
Prime de fidélité supprimée
Les conditions de réception évoluent également puisque les tubercules coupés ne seront plus mis en tare. De plus, les tubercules considérés difformes sont désormais ceux de plus de 40 mm avec un angle inférieur à 90 ° (contre 20 mm). Avec cette nouveauté, les représentants de McCain estiment que le volume devrait augmenter de 2 % ; les producteurs attendent de voir ce qui se passera réellement sur le terrain.
Autre nouveauté cette année, la prime de fidélité est supprimée. La prime qualité est quant à elle abaissée de 3 €, effectuant un retour à la grille de la récolte 2012 pour la Bintje et assimilées, ainsi que pour les variétés McDonald’s. Les bornes du mini-maxi ne changent pas et restent à +25 €/-15 €. Pour les Hâtives, les bornes n’évoluent pas non plus : mini 85 € et maxi 125 €.
Contrats pluriannuels : accentuation de la stratégie
Concernant les contrats pluriannuels, Jean Bernou annonce la couleur : «Nous travaillons à l’augmentation des prix de ces contrats qui donneront, sur le long terme, un meilleur rendement que les contrats annuels et nous permettront de récompenser la fidélité des producteurs». Le prix des contrats pluriannuels s’élève donc à 120 €/t de moyenne sur l’année (base Bintje), soit 108 € + 6 € initialement prévus + 6 €, conditionnés à la poursuite de l’engagement contractuel pour 2 années supplémentaires. L’année dernière, les agriculteurs avaient eu le sentiment d’être «floués» au regard de l’augmentation des prix des contrats annuels ; McCain est ainsi revenu sur les prix fixés par le contrat. Les bornes mini-maxi ne change pas. Dans le même temps, Jean Bernou annonce une baisse de 1 €/t du contrat annuel. Pour le président de McCain Europe il ne s’agit pas d’une rupture mais d’une véritable accentuation de la stratégie, dans une «volonté d’apporter de la valeur à la filière». Si les producteurs déjà engagés dans cette voie pourront augmenter leur part de pluriannuel, ceux qui sont uniquement en contrat annuel ne pourront pas passer en pluriannuel. Jean Bernou va même plus loin : «Certains font 10 % de leur volume avec McCain, et 90 % avec un concurrent. Leur fidélité ne peut pas être récompensée ; et peut-être qu’à terme, nous ne travaillerons plus avec ces personnes».
Dans la salle, les producteurs ont fait part de leurs inquiétudes et de leurs nombreuses interrogations, montrant comme une réticence pour ce choix effectué par McCain. D’après Éric Delacour cependant, la demande en contrats pluriannuels est grande. Et de rappeler que la rémunération du contrat annuel est elle aussi importante «car elle est un élément de base du contrat pluriannuel».
Renforcer les liens entre Gappi et McCain
Jean Bernou a également voulu profiter de ce moment d’échanges pour rediscuter «des bases de la relation entre le Gappi et McCain», qui sont selon lui «la visibilité, la fidélité et la qualité». Concernant la qualité, le président de McCain Europe a insisté sur les besoins d’homogénéité des usines. Afin de mettre concrètement en œuvre ces 3 éléments, Jean Bernou mise sur la simplification. «On a souvent reproché à McCain d’être une usine à gaz, justifie-t-il. De plus, nous devons aller vers la simplification en raison de la taille de notre entreprise, notamment après le rachat des deux entreprises Lutosa et Cêlavita». McCain compte en effet acheter l’année prochaine pas moins de 2,5 millions de pommes de terre sur l’ensemble de l’Europe. La première règle de simplification sera donc celle d’une méthode de calcul à la réception unique pour toutes les usines ; ce sont les normes de tare en vigueur à Béthune qui seront appliquées à l’ensemble des sites. Selon Jean Bernou, la suppression de la prime de fidélité va dans le sens de cette simplification, tout comme le développement des contrats pluriannuels.
«Le Gappi est pour nous un élément majeur, même si ce n’est pas toujours facile, a-t-il reconnu. J’ai ressenti une dégradation de nos relations et je souhaite qu’on échange plus souvent, que l’on renforce nos liens». Pour cela, des groupes de travail devraient notamment être mis en place, permettant d’aborder des sujets d’actualité tels que les conditions de réception, la certification qualité des volumes achetés et la livraison par lots. Et d’insister : «Si nous voulons rester en tête de la course nous devons continuer à travailler ensemble».
Sanitaire : la réglementation doit évoluer
Dans son discours de clôture de l’assemblée générale du Gappi, le président Eric Delacour est revenu, entre autres, sur la réglementation concernant les laveuses. «Dès que l’on détecte des lots contaminés au nématode, c’est compliqué. Mais nous avons obtenu des essais de lavage concluants. » Ainsi, le Gappi envisage l’acquisition d’une laveuse, et espère obtenir l’aide de McCain.
«Un lot détecté avec une présence de nématodes doit pouvoir rentrer dans une usine en suivant la procédure de lavage, a-t-il insisté. L’expérimentation a montré un résultat proche de la perfection, alors pourquoi attendre aussi longtemps pour valider la procédure ? Cette solution existe dans les pays frontaliers. J’espère que nous aurons une réponse positive de la part de l’administration, dans les plus bref délais».