Méligèthes : évaluer le risque à la parcelle
Les conditions ensoleillées et douces de début mars ont favorisé l’arrivée des premiers méligèthes dans les parcelles. Cependant, les gelées matinales et le vent, qui ont suivi, ont limité pour l’instant la colonisation des plantes.
Les conditions ensoleillées et douces de début mars ont favorisé l’arrivée des premiers méligèthes dans les parcelles. Cependant, les gelées matinales et le vent, qui ont suivi, ont limité pour l’instant la colonisation des plantes.
Les colzas sur la zone Nord et Est sont en grande majorité à des stades de sensibilité vis-à-vis des méligèthes, entre C2 (entre-nœuds visibles) et D2 (inflorescence principale dégagée). Pour bien prendre en compte votre situation, vous pouvez vous référer à votre BSV régional. Néanmoins, l’observation aux champs est impérative. La prise en compte de l’infestation dans votre parcelle, ainsi que la robustesse de votre colza permettront de prendre la décision d’une intervention.
L’objectif est de maintenir la population à un niveau acceptable - l’éradication étant impossible - pour que la floraison puisse s’engager franchement et que les capacités de compensation du colza puissent s’exprimer.
Connaître l’infestation dans chaque parcelle
L’observation des parcelles doit être réalisée du stade D1 jusqu’au stade F1. Au stade D1, les méligèthes sont plus difficiles à observer car cachés dans les boutons floraux. Il faut prendre le temps de bien analyser la zone de feuilles entourant les boutons. Au stade D2-E, les méligèthes sont plus facilement repérables : les inflorescences sortent bien du couvert végétal. Les méligèthes colonisant préférentiellement les plantes les plus avancées en stade, le comptage doit être réalisé sur 4 x 5 ou 2 x 10 plantes consécutives à l’intérieur de la parcelle pour avoir une bonne représentation de la situation.
Tenir compte de l’état du colza
Un colza vigoureux et sain pourra supporter la présence, même importante, de méligèthes. Au contraire, un colza chétif, stressé, sera particulièrement vulnérable. Cette année, les colzas sont en grande majorité bien implantés et ont eu un redémarrage précoce en sortie d’hiver. De plus, la pression des ravageurs d’automne a été plus faible que les dernières années. Nous sommes donc dans une situation où une grande majorité des parcelles de colza pourra supporter une certaine infestation en méligèthes. Cependant, pour des parcelles handicapées par des facteurs biotiques ou climatiques (exemple des parcelles avec des dégâts assez importants causés par des pigeons ramiers depuis
dix jours), le colza sera déjà dans une phase de compensation et il ne pourra pas supporter un nouveau stress.
Intervenir quand les seuils d’intervention sont dépassés
Si la décision d’intervention est prise, il est important de ne pas le faire trop rapidement afin de toucher le maximum d’insectes lors de l’application. Toute intervention est à éviter à partir de l’apparition des premières fleurs dans la végétation sauf si la pleine floraison ne se produit pas une semaine après l’apparition des premières fleurs.
Intervenir avec un produit efficace
Les méligèthes sont résistants aux pyréthrinoïdes en «ine» comme la lambdacyhalothrine, deltaméthrine, cyperméthrine,… Le taufluvalinate et l’étofenprox sont deux pyréthrinoïdes qui échappent à la rapide métabolisation par les méligèthes et conservent leur potentiel d’efficacité.
Une utilisation raisonnée de ces solutions est indispensable. Afin de maintenir la durabilité des solutions chimiques, il est impératif de ne pas utiliser deux fois de suite le même mode d’action (même si on traite deux insectes différents) pour réduire le risque d’apparition de résistance.
Lire attentivement les étiquettes et la documentation disponible et respecter les recommandations d’emploi.
- l’étofenprox (Trebon 30EC, Uppercut)
- le tau-fluvalinate (Mavrik Smart, Talita)
- l’indoxacarbe* (Steward, Explicit EC) ; en dernière campagne d’utilisation
- phosmet (Boravi WG). Retiré du marché suite à la décision de non-renouvellement de la substance active avec un retrait des AMM au 1er mai 2022, une date de limite pour la vente au 1er août 2022 et une date de limite d’utilisation au 1er novembre 2022. Prioriser les stocks sur la prochaine campagne 2022-2023 plutôt que sur méligèthes, c’est-à-dire grosse altise adulte (Boravi WG reste légèrement supérieur aux pyréthrinoïdes, hors des zones de forte résistance) et charançon du bourgeon terminal.
Recommandations d’utilisation
- Volume de bouillie, un optimum autour de 200 l/ha : pour optimiser l’efficacité d’une pulvérisation insecticide, il est conseillé de travailler à volume «normal», en évitant les trop bas-volumes, inférieurs à 100 l/ha.
- Le contexte de réalisation est important : réglage du pulvérisateur, conditions climatiques, caractéristiques du produit appliqué.
- Protection des abeilles : dangereux pour les abeilles (phrase SPE8) : pour protéger les abeilles et autres insectes pollinisateurs, ne pas appliquer durant la floraison et/ou en période de production d’exsudat, à l’exception des usages bénéficiant de la mention abeille F, PE, ou FPE. En cas d’intervention tardive (par exemple, stade E avec apparition des premières fleurs), utiliser impérativement les solutions efficaces et bénéficiant d’une dérogation abeille : Mavrik Smart, Trebon 30EC (stade limite d’utilisation BBCH61)
Ces applications font l’objet d’un nouvel arrêté (20 novembre 2021) encadrant les horaires d’application : dans les deux heures qui précèdent le coucher du soleil et dans les trois heures qui suivent le coucher du soleil.
* Non renouvellement de la substance active (REG 1107/2009) ; délai maximum que peut appliquer chaque état membre : retrait de l’AMM avant le 19 mars 2022 et le délai de grâce expire au plus tard le 19 septembre 2022. Délais maximum non confirmés à ce jour par l’Anses.
En cas d’utilisation de colza piège à méligèthes
Marche à suivre pour les colzas implantés en mélange avec ES Alicia
Lors des comptages des plantes successives pour connaître l’infestation de la parcelle, il faut exclure les plantes d’ES Alicia, car elles sont plus en avance et attirent préférentiellement les méligèthes. L’estimation de l’infestation ne se fait donc que sur la variété d’intérêt.