Méligèthes : une attention particulière pour les colzas ayant souffert !
La présence souvent très visible des méligèthes n’est pas toujours synonyme de pertes de rendement.
Les méligèthes perforent les boutons pour se nourrir de pollen, ce qui peut endommager le pistil et conduire à l’avortement du bouton. Dès que les fleurs sont ouvertes, le pollen devient libre d’accès et les adultes sont beaucoup moins nuisibles. En floraison, il est normal de retrouver des méligèthes au niveau des boutons, car les femelles déposent leurs œufs à la base de ceux-ci. Mais ces pontes ne provoquent ni lésion, ni avortement des boutons.
Les méligèthes sont facilement repérés et identifiés sur le haut des plantes, et sont souvent surestimés. La lutte raisonnée consiste à intervenir lorsque le seuil de nuisibilité est atteint au cours de la période de sensibilité du colza (stades boutons). Les méligèthes ne sont plus nuisibles à partir du début de la floraison.
Les comptages en bordure ou sur les plantes les plus hautes ne sont pas représentatifs de la situation. Il est conseillé de compter sur 5 x 5 plantes consécutives ; puis de calculer une moyenne ou un pourcentage par plante à rapprocher des seuils mentionnés dans le tableau.
Des seuils de nuisibilité à moduler
Le colza est capable de compenser des pertes de boutons sur ses ramifications secondaires lorsqu’il est vigoureux et situé dans un milieu favorable. La stratégie de lutte vise à maintenir la population de méligèthes à un niveau tolérable (et non à l’éradiquer).
Pour les colzas handicapés par un excès d’eau, des larves d’altises et/ou le gel, le nombre de méligèthes «toléré» sera moins élevé.
Alterner les modes d’action
Certains insecticides ont une action choc entraînant une mort rapide des insectes. D’autres vont jouer sur leur comportement en les empêchant de se nourrir, ce qui limite les dégâts.
Les populations de méligèthes sont considérées résistantes à la plupart des pyréthrinoïdes actuelles, hormis etofenprox (ex Trebon 30EC), tau-fluvalinate (ex-Mavrik FLO).
Il est important de profiter de substances actives spécifiques et ne pas utiliser deux fois de suite le même mode d’action (même si on traite deux insectes différents) pour réduire le risque d’apparition de résistance.
En cas d’attaque par le méligèthe seul (courant montaison), privilégier les substances actives spécifiques comme indoxacarbe (Steward, Explicit EC), pymétrozine (Plenum 50WG) afin d’alterner les modes d’action. En cas d’intervention tardive (stade E avec apparition des premières fleurs), utiliser impérativement les solutions bénéficiant de la dérogation abeille : par exemple, Mavrik Flo, Trebon 30EC. En cas de présence simultanée de méligèthes (> seuil) et de charançons de la tige, privilégier une association comme par ex-Daskor 440 ou Proteus.
Attention, les insecticides appliqués en floraison contrarient l’efficacité d’une faune auxiliaire particulièrement active, telles que les hyménoptères parasitoïdes très actifs sur les larves de méligèthes présentes dans les fleurs. Ces insectes participent ainsi à la régulation des populations qui envahiront les parcelles l’année suivante.