Menaces sur l’indépendance et le devenir de l’AONP ?
L’Association ovine Nord Picardie (AONP) tenait son assemblée, le 29 septembre, à Beauquesne.
En 2015, la disparition de certaines aides avaient déjà secoué quelque peu l’AONP, lui faisant craindre un déséquilibre dans la clôture de son exercice de fin d’année, d’autant qu’elle avait mis la main à la poche pour la création du centre de rassemblement ovin à Authieule. «Mais cela ne nous a pas fait baisser les bras pour autant. Les conseils d’administration, le travail de l’équipe technique et la gestion rigoureuse de notre association devait nous permettre d’arriver à clôturer l’exercice 2015 comme il se doit», précise Marc Dubiquet, président de l’AONP lors de l’assemblée ordinaire de l’association, le 29 septembre, à Beauquesne.
Mais c’était sans compter les nombreux arrêts d’élevage bovins en 2015 (l’AONP ayant une section ovine et une section bovine), les retards de retour de cotisations, et ceux des versements d’aides. Conséquence : le compte de résultats net est négatif de 17 000 euros. Un solde négatif dû au remboursement de l’emprunt pour la construction du centre de rassemblement, à la baisse des cotisations de la section bovine et à celle des subventions, passant de 2014 à 2015, de 45 000 € à 22 000 €. «On n’a plus rien», s’inquiète Bruno Leclercq, animateur à l’AONP.
Et l’association de craindre la disparition des dernières aides du fait de la fusion des régions. «Avant, nous présentions directement notre travail au Conseil régional de Picardie. A présent, le Conseil régional des Hauts-de-France est en train de rebattre les cartes, et a réduit ses interlocuteurs à la Chambre régionale d’agriculture Nord-Pas-de-Calais-Picardie, qui reçoit l’ensemble des aides pour l’ensemble de la profession», indique le président de l’AONP.
Fin de l’autonomie ?
Si la simplification des démarches du Conseil régional peut se comprendre, l’association craint, elle, de rester sur le bord de la route, surtout quand les représentants locaux des pouvoirs publics lui soufflent à l’oreille de devenir prestataire de la Chambre d’agriculture au lieu de conserver son autonomie. Et le président de s’interroger : «Pourquoi une structure telle que la nôtre, certes de petite taille, mais qui a été à l’avant-garde de la traçabilité des filières et des circuits courts, qui a fait ses preuves sur la qualité de ses productions,et qui apporte une plus juste rémunération du travail de l’éleveur devrait-elle ne plus être soutenue, ni reconnue, ni exister ?»
Même sensation de non-reconnaissance sur la question des abattoirs. Depuis quinze ans, Christophe Henguelle, secrétaire général de l’AONP, tire la sonnette d’alarme sur l’abattoir de Fruges. Avec les mises aux normes à répétition, la région a perdu son tissu d’abattoirs de proximité, mettant en péril la politique de circuits courts. A présent, le dossier de Fruges est de nouveau «d’intérêt public» et la Région est en train d’élaborer un Plan abattoirs. «On ne peut pas faire autrement que de s’engager sur ce sujet, mais cela me fait bondir quand je vois que le cabinet, auquel la Région a confié la dernière étude, reprend notre travail et est payé pour cela», tacle-t-il.
Autre épée de Damoclès qui inquiète la filière : la réforme des organismes professionnels (OP) ovins. Le ministère propose une redéfinition des seuils des OP, à savoir 40 000 ovins commercialisés. Sur les neuf OP ovins existant en France, deux n’atteignent pas ce seuil, soit l’AONP (un peu plus de 24 000 brebis, dont 16 000 tracées en 2015) et Ciel d’Azur. «Dans des régions à faible densité ovine comme la nôtre, avec un tel seuil, force est de constater que l’on est en danger, car faute d’agrément ministériel, on n’aura pas accès à certaines aides. Nous demandons donc à être reconnus comme région à faible densité ovine. C’est ce que nous avons proposé lors de la réunion d’hier au ministère, à Paris (28 septembre, ndlr). On attend la suite», indique Emmanuel Fontaine, administrateur de l’AONP.
«Tout ce qui est niche comme nous ne semble plus avoir droit d’exister. Pourtant, nous sommes moteurs dans nos activités, proches des réalités du terrain et des besoins du marché», note le président. «Notre force, c’est l’adaptabilité. Aussi, même si on ne répond pas aux critères de Coop de France et des Chambres, on est sûr d’être là où il faut», ajoute Christophe Henguelle. Ils se battront jusqu’au bout.