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Nouveau président au Sitpa : nouvelles orientations

Jean-Luc Guyon succède à Vincent Boisseau, après dix-sept ans de présidence du Groupement des producteurs de la Sitpa, l’usine Mousline® de Rosières-en-Santerre. Il fait le point sur ses missions.

Pour Jean-Luc Guyon, nouveau président du Groupement des producteurs de la Sitpa, le principal enjeu est de faire en sorte que l’usine prenne aux agriculteurs 
du groupement le plus de volume possible, mais pas à n’importe quel prix. 
Pour Jean-Luc Guyon, nouveau président du Groupement des producteurs de la Sitpa, le principal enjeu est de faire en sorte que l’usine prenne aux agriculteurs
du groupement le plus de volume possible, mais pas à n’importe quel prix. 
© © A. P.



Depuis quand êtes-vous impliqué auprès des producteurs de la Sitpa ?

L’entreprise familiale livre des pommes de terre à l’usine Mousline® de Rosières-en-Santerre depuis 1987. On peut dire que je suis un producteur historique ! Aujourd’hui, sur quatre-vingt-cinq hectares de pommes de terre, cinquante sont destinés à la Sitpa. Je fais partie du conseil d’administration du Groupement des producteurs de la Sitpa depuis une petite dizaine d’années, et je suis également impliqué dans le comité de liaison, composé de sept agriculteurs dont la tâche est de discuter les contrats avec la direction de l’usine.

Quels sont les enjeux de ces discussions ?
Mon rôle est, bien-sûr, de défendre au mieux les producteurs de la Sitpa. L’objectif est de faire en sorte que l’usine nous prenne le plus de volume possible, mais pas à n’importe quel prix. Aujourd’hui, le groupement, composé de cent soixante-cinq producteurs, fournit 70 % des besoins en pommes de terre de l’usine. Pour le reste, Mousline® cherche ailleurs les prix les plus intéressants possibles pour elle. Nous aurions pourtant les moyens de leur livrer la totalité de leurs besoins.

De quels arguments disposez-vous pour les y inciter ?
L’argument, on l’a justement cette année. L’année dernière, la production de pommes de terre représentait de gros volumes et, donc, des prix assez bas. Nos trésoreries ont souffert, car nos excédents étaient presque bradés. Mais cette année, la sécheresse a engendré 15 % de rendements en moins par rapport à une année normale. La Sitpa va donc devoir mettre le prix pour trouver les
30 % que nous ne lui fournissons pas. Il serait judicieux pour elle d’acheter local. Nous allons donc essayer de trouver un partenariat équitable en termes de volumes et de prix. Travailler en confiance est dans l’intérêt de tous.

Vous évoquez la sécheresse. Met-elle certains producteurs du groupement en difficulté ?
Comme tous les producteurs de pommes de terre, ceux du secteur ont souffert, oui ! Pour les variétés tardives, comme l’Asterix et la Fontane, on peut espérer une petite reprise de rendement, même si le mal est fait. Mais pour les variétés précoces, comme la Bintje et la Première, ce n’est pas rattrapable. J’ai invité les agriculteurs à se manifester rapidement pour signaler la crainte de ne pas honorer leur contrat. Ils pourraient être obligés d’acheter à l’extérieur pour fournir les volumes sur lesquels ils s’étaient engagés. Nous allons avoir une discussion avec la direction de l’usine pour que les producteurs soient les moins pénalisés possible.

La Sitpa a annoncé récemment qu’elle se lançait dans la production de purée bio, mais qu’elle achèterait les pommes de terre en Allemagne. Quelle est la réaction des producteurs ?
La direction de Nestlé nous a demandé si nous étions capables de produire en bio. Nous ne fermons pas la porte, mais ce sera très long à mettre en place, car le défi est de taille. Produire 20 ha de pommes de terre bio signifie convertir près d’une centaine d’hectares en bio, pour permettre les rotations de cultures. D’une année à l’autre, on peut aussi ne pas être capable d’honorer les volumes. Car en bio, le mildiou est toujours une menace forte, malgré les progrès de mise au point de variétés résistantes. Il faudrait donc un chiffre d’affaires à l’hectare très intéressant. Le marché du frais ne serait-il pas plus intéressant pour les producteurs bio ?

De la purée bio «made in Rosières» dès septembre

Dès la rentrée scolaire, de la purée en flocons bio, tout droit sortie de l’usine Sitpa de Rosières-en-Santerre, sera dans les rayons des supermarchés de France. Pour Mousline®, c’est une manière de plus de séduire le consommateur.
Mais pour cette opération, bio ne va pas de pair avec circuit court. Car les pommes de terre exemptes de tous fongicides et pesticides viendront en fait… d’Allemagne. Il faut dire que les terres fertiles du Santerre sont encore peu converties en bio. «Se convertir représente un sacré risque pour tous les agriculteurs, confie Jean-Luc Guyon, président du Groupement des producteurs de la Sitpa. Il faut donc que ce risque soit partagé avec l’usine dans l’éventualité d’un passage au bio. Nous ne disposons pas encore de toutes les clés techniques et génétiques pour assurer un volume constant chaque année.»
Bon nombre des producteurs de pommes de terre de la Sitpa travaillent déjà au quotidien dans la réduction de leur impact sur l’environnement. Une partie d’entre eux est certifiée Global Gap, une série de normes de traçabilité et de sécurité alimentaire, reconnues au niveau mondial, pour les productions agricoles et aquacoles. «Mais le cahier des charges qu’impose la Sitpa est, de toute façon, très proche des obligations liées à Global Gap», assure Jean-Luc Guyon.

Conservation des sols
D’autres agriculteurs travaillent aussi sur la question de la conservation des sols depuis des années. En janvier dernier, TFT (The Trust Forest), organisation internationale à but non lucratif, qui travaille sur la résolution des problèmes environnementaux, rencontrait les acteurs du Santerre à ce sujet. Le plan : partir de l’expertise des agriculteurs, premiers exploitants du sol, et mettre en avant les pratiques qui favorisent la conservation des sols vivants. TFT souhaite dresser le diagnostic de ce qui existe déjà, puis définir des axes de travail pour que ces initiatives isolées deviennent un vrai moteur du territoire. Des réunions et des expériences dans les exploitations seront régulièrement organisées.
Jean-Luc Guyon alerte cependant : «Travailler sur ce sujet est positif. Mais il ne faut pas que cela ajoute des contraintes supplémentaires à nos manières de produire, et que ceux qui ne pratiquent pas de cette façon se retrouvent exclus

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