OEuf alternatif : Matines a ouvert ses portes
Le 7 juin, Matines a ouvert les portes de son centre
de conditionnement à Montdidier pour faire découvrir les opportunités de la production d’œufs alternatifs.
Si la passion avait un nom, elle pourrait sans aucun doute s’appeler Pierre-Yves Deleau. Le directeur régional de Matines a ainsi totalement emballé la bonne trentaine d’agriculteurs venus visiter le centre de conditionnement, le 7 juin, à Montdidier. L’après-midi, co-organisé avec la Chambre d’agriculture de la Somme, CerFrance Somme et le Crédit agricole Brie-Picardie, avait pour but d’informer les agriculteurs sur la production d’œufs alternatifs (plein air, label, bio). Des ateliers étaient aussi au programme pour aborder les aspects techniques, économiques, financiers et réglementaires.
En route donc pour la visite des installations. Avec trente-huit ans de métier à son actif, l’œuf n’a plus de secret pour Pierre-Yves Deleau qui endosse avec plaisir son rôle d’ambassadeur auprès des éleveurs. «Jusqu’alors spécialisé dans l’œuf en cage, Matines inverse sa production pour l’œuf alternatif. J’ai aussi relancé la marque Mas d’Auge, achetée par Matines il y a quelques années, et qui vient d’être labellisée “œufs plein air extra-frais des Hauts-de-France“. La filière régionale a une sérieuse carte à jouer car toutes les grandes enseignes sont demandeuses d’une production locale. C’est donc une véritable opportunité à saisir pour les agriculteurs des Hauts-de-France», insiste Pierre-Yves Deleau.
A la question «le marché ne risque-t-il pas de saturer rapidement», le directeur régional est catégorique : «il n’y aura pas de problème de marché pour au moins les vingt ans à venir ! Trente-deux millions d’œufs de poules en cage sont produits chaque année en France. Avec la fin de ce mode production annoncée pour 2022, les œufs en cage vont être remplacés progressivement par des œufs alternatifs, complète Pierre-Yves Deleau. Il va même en manquer. D’autant plus qu’il n’y a pas que l’œuf coquille, il y a aussi les œufs transformés. Des marques comme Lesieur ou Mac Donald utilisent maintenant dans leurs fabrications d’œufs alternatifs».
Une relation de confiance
Produire en quantité oui, mais aussi en qualité. C’est d’ailleurs la force de l’œuf français qui fournit 100 % du marché national. Dès leur arrivée au centre de conditionnement, les œufs sont échantillonnés pour effectuer différentes mesures, mirés, triés. Toutes les informations sont remontées en temps réel à l’éleveur et au fournisseur d’aliments afin d’ajuster la ration si besoin ou de prendre les éventuelles mesures sanitaires qui s’imposeraient.
Les critères de réussite ? La qualité de l’eau et de l’aliment est primordiale car les poules sont des animaux très sensibles. «Mais pour avoir de bons résultats, il faut avant tout être bon éleveur, assure Pierre-Yves Deleau, regarder et écouter le poulailler sont déterminants, les poules donnent des signes qu’il faut savoir reconnaître».
C’est donc un véritable travail d’équipe : «quand un éleveur choisit de travailler avec nous, nous l’accompagnons pendant deux ans pour monter son projet. Il faut avoir une vraie relation de confiance, sinon cela ne fonctionnera pas !»
Les visiteurs ont ensuite abordé
les questions techniques, notamment celle du dimensionnement de l’atelier. Démarrer avec 15 000 poules permet d’être efficace au niveau du matériel et des bâtiments pour les productions label et plein air. Pour une production biologique, la fourchette diminue entre 6 000 et 12 000 poules car le cahier des charges exige une densité moindre. «En bio ou en conventionnel, le besoin de main d’œuvre est globalement similaire, avec un peu plus de temps de nettoyage à prévoir en bio car le bâtiment, à nombre de poules égal, est plus grand», explique Thomas Capet du fournisseur d’aliments Sanders.
«Le dimensionnement de l’atelier va dépendre des objectifs de revenus et du temps disponible, complète Frédéric Callens de CerFrance Somme. Il faut aussi prendre en compte la capacité financière de l’exploitation qui doit pouvoir supporter les investissements souvent importants. De plus, l’atelier doit être monté sur une parcelle appartenant à l’agriculteur, la surface de terrain disponible peut donc aussi influer sur la taille de l’atelier.»
Concernant le financement, la Caisse régionale Crédit agricole Brie Picardie dispose d’offres de financement telles que le prêt Farm’Innov qui est une enveloppe de financement dédiée aux projets innovants et de diversification. «Cette porte ouverte nous a permis de rencontrer les futurs porteurs de projets et d’échanger sur leurs attentes et besoins d’accompagnement. Nous souhaitons ainsi participer à l’évolution de la filière avicole vers la production alternative en poules pondeuses et nous positionner comme un partenaire majeur», explique Hervé Vandierendonck, responsable du marché de l’agriculture.
D’autres sources de financements sont aussi mobilisables au travers d’une aide au bâtiment de stockage d’aliment pour ceux qui s’engagent avec Sanders. Les bâtiments et les équipements pourraient aussi être financés par le PCAE (plan de compétitivité et d’adaptation des exploitations agricoles). «Pour les agriculteurs les plus avancés dans leur réflexion, c’est le moment de bâtir leur projet pour profiter de la nouvelle vague qui arrivera début 2019», interviennent Mireille Saingier et Romain Six, de la Chambre d’agriculture de la Somme qui accompagnent les porteurs de projets.
Porte ouverte poules pondeuses
Cocorette organise, avec la Chambre d’agriculture de la Somme, CerFrance Somme et le Crédit agricole Brie-Picardie, un après-midi de découverte et d’information sur la création d’un atelier poules pondeuses alternatif (bio, plein air, label). Rendez-vous mardi 26 juin, de 14 h à 17 h, à l’EARL de Beauvoir, à Rainneville.
Inscriptions au 03 22 33 69 00 ou accueil@somme.chambagri.fr