Pommes de terre
Optimiser l’irrigation, plus qu’une nécessité !
Face au risque de déficit hydrique qui s’accentue d’année en année, en témoigne l’été 2022, il est primordial de trouver les solutions pour maintenir le rendement et la qualité des cultures irriguées à forte valeur ajoutée. Point sur les leviers d’optimisation de l’irrigation avec la Chambre d’agriculture de la Somme.
Face au risque de déficit hydrique qui s’accentue d’année en année, en témoigne l’été 2022, il est primordial de trouver les solutions pour maintenir le rendement et la qualité des cultures irriguées à forte valeur ajoutée. Point sur les leviers d’optimisation de l’irrigation avec la Chambre d’agriculture de la Somme.
Pour faire face à l’augmentation de la demande en eau des cultures, il est essentiel d’optimiser l’efficience de l’irrigation pour maximiser les bénéfices de l’eau apportée. Pour répondre à cette problématique, la Chambre d’Agriculture de la Somme a conduit plusieurs expérimentations en 2022 pour explorer différents leviers d’optimisation de l’irrigation sur une culture de pomme de terre. Deux aspects ont été travaillés : le matériel et la conduite d’irrigation. Pour évaluer la marge de manœuvre liée à ces éléments, deux essais ont été mis en place pour, d’une part, comparer les caractéristiques et les performances de plusieurs matériels d’irrigation et, d’autre part, déterminer le niveau de tolérance hydrique de deux variétés en étudiant leur comportement face à plusieurs stratégies d’irrigation.
Des matériels plus efficients que d’autres
L’objectif de ce premier essai était de comparer différents matériels d’irrigation disponibles sur le marché afin d’évaluer leur niveau d’efficience. Trois systèmes principaux ont été comparés, à savoir, le canon sur enrouleur (modèle le plus démocratisé dans notre département aujourd’hui), la rampe sur enrouleur et le système de goutte-à-goutte (micro irrigation). Dans le cas du goutte-à-goutte, plusieurs types d’installation ont été comparés (haut de butte, fond de butte et faux billons). L’objectif étant de construire une courbe de réponse du rendement en fonction de la quantité d’eau apportée, tous les systèmes ont été testés sur trois doses différentes : 20, 25 et 30 mm par passe.
Trois infos à retenir de l’essai
1. Les systèmes en micro irrigation permettent de gagner en efficience de l’eau. En effet, à doses plus faibles (20 et 25 mm), les pertes de rendement sont plus faibles que dans les systèmes traditionnels. En effet, la plante reçoit de l’eau pratiquement tous les jours (la passe est divisée en apport quotidien de 4 et 6 mm), ce qui semble diminuer le risque de stress hydrique par rapport aux systèmes en aspersion. C’est le système de goutte-à-goutte en haut de butte qui donne les meilleurs résultats (optimum de rendement atteint dès la modalité à 25 mm et 95 % du rendement maximum pour la modalité à 20 mm).
2. L’apport de fertilisation en végétation est plus beaucoup plus aisé en système goutte-à-goutte. En effet, il est possible d’apporter des plus petites doses assez fréquemment. Dans nos essais, ce type de fertilisation a permis de déplafonner le rendement d'environ 15 % selon les systèmes.
Il est à noter que dans les deux situations la quantité totale d’azote apportée est identique. En effet, pour les modalités avec fertilisation en végétation, 40 unités ont été supprimées à la plantation et ont été par la suite redistribuées au cours du cycle.
3. Une ambition de cet essai était de comparer la qualité de la répartition des apports entre le canon et la rampe. D’après nos observations, les apports par la rampe sont plus homogènes que ceux réalisés avec le canon, surtout en présence de vent. Toutefois, les cumuls d’apports sur toute la campagne sont comparables entre les deux systèmes, ce qui tend à montrer que les différentes orientations du vent au cours de la saison ont permis une certaine homogénéisation des apports réalisés par le canon.
Une tolérance variétale mise en évidence par des conduites limitantes
En parallèle des économies d’eau réalisables avec le matériel, l’impact de la stratégie d’irrigation peut également influer grandement sur la quantité d’eau utilisée. Dans ce second essai, quatre conduites d’irrigation, plus ou moins limitantes, ont été mises en œuvre (tab.2) en définissant des seuils de déclenchement selon la réserve utile du sol. Un bilan hydrique a été exploité pour suivre les consignes de chaque modalité et déclencher les irrigations via un réseau de goutte-à-goutte installé en haut de buttes. Pour s’assurer de travailler en conditions de stress hydrique lors des phases d’irrigation limitante, des serres mobiles ont été temporairement positionnées sur l’essai pour s’affranchir de la pluviométrie sans instaurer de microclimat.
Les résultats sont très encourageants car deux comportements variétaux radicalement différents ont été identifiés. La variété Agria s’est révélée être sensible à la diminution de la quantité d’eau apportée, avec un rendement pénalisé dès que la conduite était limitante. La variété Melody, en revanche, a présenté, en dehors de la dernière conduite, des résultats très stables, ce qui tend à montrer une bonne tolérance au stress hydrique. En combinant le choix d’une variété tolérante avec une conduite appropriée, les résultats de cet essai montrent qu’il semble possible de préserver le potentiel de rendement de la variété Melody malgré une diminution de la quantité d’eau apportée de l’ordre de 50 à 60 mm (conduite limitante en fin de cycle).
De nouveaux essais prévus en 2023
Pour aller plus loin, de nouveaux essais sont prévus cette année pour caractériser le comportement de différentes variétés de pomme de terre (panel variétal plus important) et chercher la conduite d’irrigation optimale pour chacune d’elle. L’ambition est de pouvoir identifier par variété une conduite d’irrigation plus économe en eau sans pénaliser le rendement et la qualité.