Origine des viandes : la moitié des produits toujours sans mention
Trois ans après le scandale des lasagnes à la viande de cheval, l’UFC-Que Choisir a mené l’enquête pour savoir ce qui avait changé en matière de l’étiquetage d’origine.
Seuls 57 % des produits à base de porc mentionnent l’origine de la viande utilisée.
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D. Poilvet
L’association de consommateurs rappelle que la Commission européenne n’a pas adopté de mesures réglementaires significatives dans ce domaine, jugeant suffisantes les informations données à titre volontaire par les fabricants, alors que la réglementation européenne oblige à indiquer le pays d’origine des viandes fraîches, comme c’est aussi le cas pour tous les aliments bruts (fruits, légumes, poisson). Et si la France a introduit en 2014 une disposition légale visant à rendre l’étiquetage du pays d’origine obligatoire, cette dernière est conditionnée au feu vert européen.
L’UFC-Que Choisir a donc passé à la loupe, en janvier dernier, les étiquetages de 245 aliments de consommation courante à base de viande de bœuf (lasagnes, raviolis, hachis Parmentier, bœuf bourguignon…), de porc (jambons, rillettes, saucisses de Strasbourg, plats préparés, sandwiches au jambon…) et de poulet (découpes de poulet cuit, nuggets, charcuterie de poulet, plats préparés, sandwichs…) pour treize grandes marques nationales et sept enseignes de la grande distribution. Globalement, 54 % des produits font l’impasse sur l’origine de la viande. Si les produits à base de viande de bœuf s’en tirent plutôt bien avec 70 % des produits indiquant le pays d’origine, l’opacité est plus forte pour ceux à base de poulet et de porc, puisqu’ils n’indiquent pas cette mention dans respectivement 74 % et 57 % des cas. De façon plus détaillée, l’association a notamment constaté que les trois quarts des saucisses de Strasbourg ne portent aucune indication de l’origine. Il en va de même pour 62 % des nuggets,
87 % des charcuteries de volaille, 92 % des sandwichs au jambon…
Hausse du prix ?
Plusieurs grandes marques nationales ont été épinglées et, en ce qui concerne les marques de distributeur (MDD), excepté Intermarché qui reçoit un accessit pour ses 84 % de MDD étiquetées, aucune des grandes enseignes n’informe suffisamment les consommateurs sur l’ensemble des produits incluant une des trois viandes.
L’association rappelle que l’argument avancé par les industriels de l’agroalimentaire pour justifier cette absence d’information est que l’étiquetage de l’origine serait impossible sur les produits très élaborés. Elle rétorque que cela n’est pas recevable puisque les saucisses de Strasbourg qui ne contiennent que deux ingrédients principaux (la viande et le gras, tous deux issus du porc) ont un taux d’étiquetage d’origine de 25 % alors que les plats complets, dont les recettes sont bien plus complexes, affichent pour leur part un taux de 38 %. Elle balaie aussi l’argument avançant que l’étiquetage d’origine induirait un renchérissement des produits alimentaires. Selon l’association, il ne représente qu’un surcoût de 0,7 %, soit seulement + 0,015 euro pour une barquette de lasagnes.
L’UFC-Que Choisir, qui rappelle que la transparence relative aux produits est réclamée par 70 % des consommateurs européens, demande que les parlementaires européens votent largement en faveur de la traçabilité pour accroître la pression sur la Commission européenne et exhorte la Commission européenne à adopter une réglementation sur l’étiquetage obligatoire de l’origine nationale des produits transformés.