Péril en la demeure pour le canal Seine-Nord Europe
Une table ronde, au Sénat, le 6 décembre, remet sur le tapis les difficultés de réalisation du projet du canal.
Les Hauts-de-France avaient bon espoir. Grâce à de nouveaux engagements des collectivités (prise en charge de la garantie de l’emprunt et avancement des crédits pour les premières années pour éviter à l’Etat de débourser tout de suite ; en contrepartie, le pilotage du projet revient aux collectivités), le canal Seine-Nord semblait repartir sur de bons rails. Mais de nombreux obstacles restent, à l’évidence, à franchir, comme les élus ont pu s’en rendre compte lors d’une table-ronde organisée, le 6 décembre, au Sénat.
Autour de la table : Xavier Bertrand, président de Région et nouveau président du conseil de surveillance de la société du canal Seine-Nord Europe, Thierry Guimbaud, directeur général de Voies Navigables de France, Olivier Rolin, représentant du ministère des Transports et Christophe Buisset, président de la Chambre régionale d’agriculture des Hauts-de-France. L’occasion pour le président de Région, Xavier Bertrand, de taper de nouveau du poing sur la table. Pour lui, nul doute, «l’Etat ne joue pas franc-jeu. Il cherche aujourd’hui se retirer de la société de projet», lâche-t-il. Et de soulever la question suivante : «L'Etat a-t-il encore un rôle d’aménageur du territoire ou se contentera-t-il d’investir dans les nouvelles technologies ? L’autre question est : que vaut désormais la parole de l’Etat ?»
Ce dernier, représenté par Olivier Rolin, s’inquiétait du devenir du projet si l’Europe ne mettait pas les 40 % promis. Ce qui pourrait arriver compte tenu que l’Europe, soumise entre-temps à de nouvelles élections, devra valider un nouvel exercice budgétaire. Or, si l’Europe retire son financement, qui prendra en charge sa part ? Propos inadmissibles pour Xavier Bertrand qui incrimine l’Etat de faire une présentation tronquée du dossier pour justifier son retrait.
Chiffres-clés
Longueur du canal : environ 100 kilomètres
Date prévisionnelle de mise en service : 2024
Début des travaux : prévu en 2019
Budget : 4,5 milliards d’euros. 1,8 milliard d’euros apportés par l’Union européenne, un milliard par les collectivités, un milliard par l’Etat, 776 millions à emprunter