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Bovin lait
Peser les animaux et maîtriser la qualité cellulaire

À la SCEA de la Fontaine Orion à Haution (02), Didier et Samuel Halleux cherchent sans cesse à améliorer le bien-être de leurs animaux ainsi que la qualité du lait qui sert à fabriquer du Maroilles. Lors des Hivernales organisées par Avenir conseil élevage, ils partageaient les résultats du travail mené autour de la qualité du lait et de la conduite des génisses.

En 2016, lorsque Didier et Samuel Halleux font appel à Laurent Hedon, spécialiste qualité du lait d’Avenir conseil élevage (ACE), beaucoup a déjà été fait pour la production d’un lait de qualité : le pourcentage de vaches saines (base 300 000 cellules) est à 85 % et le taux cellulaire à 200 000 cellules avec un indice global de lactation (IGL)  à 9,5 % pour un idéal inférieur à 8 %. Une situation apparemment satisfaisante avec, néanmoins, de nouvelles infections tous les mois, obtenue au prix de nombreux efforts à la traite (premiers jets, mousse désinfectante, essuyage, désinfection des trayons après-traite et des faisceaux trayeurs) impliquant la présence de trois personnes sur le roto à la traite.

Les différents schémas d’infection mammaires sont alors analysés : en lactation, au tarissement et sur les débuts de lactation des primipares. Les deux premiers schémas ne font pas ressortir de gros défauts. En revanche, l’analyse des primipares a été riche d’enseignements : le taux de renouvellement (nombre de primipares/vaches présentes) se réduit progressivement entre 2013 et 2016, en cohérence avec l’objectif des éleveurs de limiter le nombre de primipares dans le troupeau. Dans l’analyse réalisée, on va dénombrer les primipares qui sont les mieux armées pour faire des carrières intéressantes ; à savoir celles qui démarrent à moins de 100 000 cellules et celles qui sont à plus de 100 000 cellules, mais redescendent dans les soixante premiers jours de lactation. Cela permet de distinguer un taux de renouvellement apparent (nombre de primi/VP) d’un taux de renouvellement efficace. Ainsi, en 2015-2016, le taux de renouvellement efficace descend à 18 %. Dans ces conditions, il devient difficile de faire face à tout le besoin d’animaux à réformer et donc la technique de traite doit être «blindée» pour éviter que les résultats cellulaires ne se dégradent. Le constat est sans appel : il faut améliorer la qualité du sang neuf injecté dans le troupeau.

Deux éléments différents peuvent expliquer le nombre trop important d’infections sur les primipares : les conditions de logement des génisses et leur conduite alimentaire. La première décision est de remplacer les logettes en terre battue par des logettes «suisses». C’est une logette creuse remplie d’un mélange de paille et de craie (300 kg de paille hachée pour 2,5 tonnes de bicarbonate de calcium et 1 200 litres d’eau). 400 kg de ce mélange est apporté dans chaque logette à la mise en place, puis une remise à niveau est réalisée tous les quinze jours à un mois à l’aide d’un godet à vis.

En 2018, un nouveau point de situation est réalisé. Le confort des logettes est très satisfaisant pour les génisses. En revanche, le différentiel entre le renouvellement apparent et le renouvellement efficace ne s’est pas suffisamment amélioré (25 % en 2016 et 20 % en 2018).

 

Peser les jeunes : bénéfique à long terme

Suite à ces constats, les éleveurs demandent l’intervention d’Olivier Lebleu, conseiller spécialisé en élevage des génisses. L’objectif partagé par les éleveurs et par Olivier est clair : les animaux doivent atteindre 200 kg à six mois et, pour y parvenir, la phase d’élevage est gérée rigoureusement. Afin de s’appuyer sur des faits plutôt que sur des ressentis, chaque veau est pesé à la naissance. Aussitôt après le vêlage, la mère est amenée dans le roto pour être traite pour assurer la qualité du colostrum. Chaque colostrum est pesé au réfractomètre afin d’apporter la bonne quantité au veau. Les veaux sont en case individuelle avec milkbar jusqu’à leurs dix jours puis en lot de dix animaux environ nourris au DAL.

À partir de deux mois et jusqu’au vêlage, tous les élèves sont pesés en cage tous les deux mois. Grâce à une organisation rigoureuse et finalement à une prise d’habitude des animaux, cette opération se passe facilement et le jeu en vaut la chandelle : si en 2017 les animaux étaient trop légers (87 % sous 200 kg), à partir de 2020, la tendance s’inverse. Cela permet d’avoir beaucoup plus de génisses en capacité de faire un premier veau (91 % de taux de 1er vêlage contre 78 % pour les plus légères) et également un second.

Lorsque les génisses pèsent plus de 200 kg à six mois, la production de lait dans les soixante premiers jours est bien meilleure. Lorsque les animaux ne font pas le bon poids à six mois, l’alimentation va être plus poussée pour rattraper le retard pris. Cela augmente le risque d’infecter la mamelle entre six mois et le vêlage. Dans l’élevage, on voit que le pourcentage de primipares saines en début de lactation est meilleur quand les génisses pesaient 200 kg à six mois. Même si les infectées produisent 0,9 kg de plus que les saines, elles sont davantage réformées et, du coup, ont produit beaucoup moins de lait que les saines. Finalement, elles auront produit 3 kg de lait de moins par jour de vie à l’issue de la deuxième lactation. Ce sont donc les saines de plus de 200 kg à six mois qui vont payer les coûts d’élevage des autres génisses élevées.

 

Des tableaux de bord pour piloter la qualité du lait

Tous les efforts réalisés sur l’élevage des génisses portent aujourd’hui leurs fruits. Le différentiel entre le renouvellement apparent et le renouvellement efficace a été réduit à 15 %. Aujourd’hui, les primipares amènent un sang neuf de qualité, ce qui permet de simplifier la technique de traite.

Afin de réduire le nombre de personnes à la traite, ce qui a un coût, le protocole d’hygiène est allégé avec la suppression de la désinfection avant la traite. Après le tirage des premiers jets, les éleveurs nettoient les trayons avec de la paille de bois dont l’effet abrasif les stimule ; ils sont ensuite désinfectés après la traite ainsi que les faisceaux après le passage des vaches à plus de 150 000 cellules. Pour se permettre cela, Samuel et Didier suivent chaque mois avec attention leur tableau de bord indiquant le statut des vaches par rapport au seuil de 100 000 cellules afin de pouvoir réagir en cas de dérive.

Cette expérience montre tout l’intérêt de peser régulièrement ses jeunes animaux, avec de réels gains de productivité, et d’utiliser les données présentes en élevage pour ajuster sa conduite.
 

L’exploitation

• 2 associés, 1 salarié et 2 apprentis
• Un atelier de transformation laitière avec son équipe de salariés
• 145 hectares dont 15 ha de maïs ensilage, 5 ha de maïs grain humide, 105 ha d’herbe, 20 ha de culture de vente
• Un troupeau de 170 laitières : 1/3 de holstein et 2/3 Croisées 3 voies (holstein*rouge Norvégien* jersiaise)
• 2 périodes de vêlages (septembre-octobre et février-mars) pour fournir la transformation en lait toute l’année
• Volonté de limiter le nombre de génisses élevées
• Un roto de traite 24 postes.

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