Syndicalisme
À Plaine en fête, une terre favorable à l’exposition de revendications
L’événement de rentrée organisé par les Jeunes agriculteurs de la Somme à Faverolles, dans le Santerre, a été l’occasion d’une vitrine pour l’agriculture du département, mais aussi de faire passer quelques messages.
L’événement de rentrée organisé par les Jeunes agriculteurs de la Somme à Faverolles, dans le Santerre, a été l’occasion d’une vitrine pour l’agriculture du département, mais aussi de faire passer quelques messages.
À l’heure où s’ouvrait la 41e édition de Plaine en fête, à Faverolles, sous un soleil de plomb, la France n’avait toujours pas de Premier ministre et l’agriculture française était encore sous la coupe d’un ministre démissionnaire. Une situation que n’a pas manqué de regretter le président des Jeunes agriculteurs de la Somme, Benjamin Bizet, lors de son discours inaugural, dimanche dernier. «L’accompagnement nous manque», a-t-il ainsi déclaré. En écho aux manifestations qui ont émaillé le début de l’année, quelques mois plus tard, force est de constater «qu’on marche encore une fois sur la tête», a dit Benjamin Bizet. Et de demander solennellement «à retrouver un ministre de l’Agriculture de plein exercice pour sortir de la politique politicienne.» Pour le président des JA 80, «il y a urgence», considérant que «les conditions ne sont pas favorables à l’installation» en dépit d’une revalorisation récemment acquise de l’aide régionale à l’installation. Cette aide, a détaillé le président des JA Hauts-de-France, Louis Cauet, a été revalorisée simplement pour tenir compte de la réalité des prix de reprise dans notre région…» Autre regret exprimé par les JA, celui de ne plus compter de formation au métier d’éleveur dans le département, «alors qu’il y a tant de surfaces à valoriser», a souligné Benjamin Bizet.
Penser l’avenir
Si Plaine en fête est l’occasion de partager un certain nombre de revendications, l’événement est aussi le moment de donner une direction pour les prochains mois, à l’image de ce qu’en a fait Denis Bully, président de la FDSEA de la Somme. Partageant le constat que «l’année 2024 ne sera pas regrettée» compte tenu d’une mauvaise moisson, du contexte sanitaire qui touche l’élevage, des conséquences des inondations, etc, Denis Bully a toutefois tenté de se projeter, et avec lui, d’autres composantes de la profession : «L’année est compliquée, mais ce n’est pas une raison pour broyer du noir», a-t-il dit, certain de la capacité de l’agriculture samarienne à se relever «parce qu’elle est organisée, structurée, avec un potentiel agricole et agronomique robuste». Évoquant le sujet des élections aux Chambres d’agriculture, il a d’ores et déjà esquissé un programme – «développement, solidarité, innovation et progrès, durabilité agronomique, économique et sociale de notre métier» font figure de priorité - et une équipe parmi lesquels des responsables des JA : «Avec Benjamin et les Jeunes agriculteurs, j’engagerai la FDSEA pour construire et conduire à la fois le programme de développement que nous voudrons pour le territoire samarien aux prochaines élections à la chambre d’agriculture et la liste des meilleurs profils pour incarner et mener à bien cette mission», a ainsi déclaré Denis Bully.
Importance de l’accompagnement
Qualifiant la Plaine en fête «d’université d’été» du monde agricole à l’image de ce que pratiquent les formations politiques en cette période de l’année, le président du Département, Stéphane Haussoulier, ne s’est pas non plus trompé. Et ce dernier de revenir sur les deux actions «concrètes» de la collectivité pour venir en appui du monde agricole. La première, c’est la participation du Conseil départemental au dernier Salon international de l’agriculture. Quant à la seconde, il s’agit de la politique d’approvisionnement en produits locaux de la restauration collective mise en place par le Département, et pour laquelle Stéphane Haussoulier veut «aller encore plus loin». Côté Chambre d’agriculture, sa présidente Françoise Crété a rappelé «le rôle toujours primordial des Chambres consulaires dans l’accompagnement de leurs ressortissants», alors que se profile (déjà) la campagne pour les prochaines élections aux Chambre d’agriculture.
L’État et son «soutien constant»
Accompagné du secrétaire général de la préfecture de la Somme, Emmanuel Moulard, et du directeur départemental des territoires et de la mer, Xavier Rousset, le préfet Rollon Mouchel-Blaisot a, pour sa part, assuré la profession agricole d’un «soutien constant des services de l’État». Pour le préfet de la Somme, les priorités pour l’agriculture samarienne sont multiples : «l’installation des jeunes agriculteurs, la préservation des terres agricoles, la ressource en eau, l’adaptation au changement climatique, sans oublier l’approvisionnement des restaurations collectives en produits locaux». Saisissant la main tendue, chaque partenaire de l’organisation est revenu sur sa manière de s’inscrire dans ces préoccupations.
Rollon Mouchel-Blaisot : «La terre agricole ne doit pas être une variable d’ajustement»
Vice-président de la Communauté de communes du Grand Roye, Jean-Michel Serres a brossé, lors de l’inauguration de Plaine en fête, le portrait d’un territoire d’abord «rural, avec beaucoup d’agriculteurs», avant de saluer «la très bonne cohabitation qui existe sur ce territoire entre agriculteurs et autres habitants». «Qu’il s’agisse d’élevage ou de méthanisation, tout se passe très bien», a assuré l’élu local. «On ne peut que souhaiter que les choses se passent aussi bien ailleurs qu’ici», a-t-il encore déclaré, avant de conclure son propos sur le chantier du Canal Seine-Nord Europe «qui avance.» Partageant cet enthousiasme, le préfet de la Somme a rappelé auprès de la profession l’une des priorités de son action, à savoir «la protection des terres agricoles» face à de grands chantiers. «Quand il y a de grands projets de territoire, il est normal que l’on soit obligé de consommer du foncier agricole, mais nous avons alors l’obligation de compenser cette consommation.» Cependant, a assuré le représentant de l’État, «nous n'en sommes pas à considérer la terre agricole comme variable d’ajustement. Nous avons jusqu’à présent perdu trop de foncier (…) alors qu’il existe encore trop de friches, d’étalement et de dents creuses. Nous serons ainsi vigilants quant au caractère d’utilité publique des projets pour lesquels on a besoin de foncier», a défendu le préfet de la Somme, pour le coup très écouté par la profession agricole.